10. Hysteria

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Steve faisait les cent pas dans la salle de bain. Il ne s'était pas encore changé. Les gouttes d'eau ruisselaient le long de sa nuque jusqu'à ses vêtements trempés. La chair de poule provoquée par le froid et l'humidité était le cadet de ses soucis.

Madame Connors. Il devait penser à Madame Connors, sa vieille prof de littérature. Ses cheveux gris, son air mauvais, son parfum de renfermé ... En littérature, Eddie était tout au fond de la salle, dans le rang à côté de lui, contre le mur. Eddie et ses cheveux bouclés, Eddie et son sourire mutin, Eddie et son parfum enivrant ... Eddie, Eddie, Eddie.

Steve gémit en passant ses mains sur son visage. Toutes ses pensées le ramenaient à Eddie Munson, qu'il avait abandonné dans la piscine. Il était parti précipitamment, marmonnant qu'il avait froid. Mais la température n'avait rien à voir là-dedans. Il baissa les yeux sur son entre-jambe et laissa échapper un ricanement désabusé.

S'il avait fui la piscine, c'était surtout pour que Munson ne remarque pas son érection. Il était ridicule. Bon sang, son corps ne pouvait-il pas réagir autrement que comme un adolescent prépubère ? Il pensait avoir dépassé ce stade depuis longtemps.

Steve tourna le robinet de la douche avant de s'engouffrer sous l'eau glacée. De toute manière, ses vêtements étaient déjà trempés. Il laissa le froid l'envahir. Peut-être qu'ainsi, il parviendrait à penser à autre chose. Ou bien à attraper une pneumonie.

Après quelques minutes à trembler sans aucun changement, il renonça. Il n'allait pas mourir d'hypothermie à cause d'une érection bon sang. Steve enleva ses vêtements avant de les jeter dans la vasque, depuis la cabine. Il tourna le robinet vers l'eau chaude et laissa son corps se réchauffer.

La sensation de la peau nue d'Eddie sous ses doigts. Cette chaleur, cette douceur ... Il en voulait plus. Tellement plus. Il voulait Eddie. Complètement. En entier. Steve fixa le carrelage de la douche.

- Et puis merde, marmonna-t-il.

Il n'arriverait pas à le sortir de sa tête. Et il ne pouvait pas vivre indéfiniment dans sa salle de bain. Il enroula une main autour son érection et siffla entre ses dents. La seconde se posa sur le mur face à lui. Steve ferma les yeux et laissa son esprit exploser. Il sentait le biceps ferme d'Eddie. Il imagina ses doigts remonter le long de son épaule pour attraper sa nuque et l'attirer à lui. Il voulait l'embrasser avec fougue, passer sa main dans ses cheveux.

Steve laissa échapper un soupir brûlant.

Il s'imagina plaquer Eddie contre le mur de la piscine, dans un baiser passionné. Ses mains exploreraient son corps. Eddie glisserait les siennes le long de son ventre jusqu'à sa ceinture. Il la dénouerait, en glisserait une dans son pantalon, empoignerait son érection. La respiration de Steve se fit plus haletante.

Il attraperait les fesses d'Eddie pour le maintenir contre lui. Il mordrait, lécherait, embrasserait chaque centimètre de sa peau. Il laisserait traîner sa langue le long de son cou, le gratifiant de léger coups de dents, qui lui tireraient des petites exclamations. Il débouclerait lui aussi avec hâte sa ceinture, les mains tremblantes.

Les doigts d'Eddie avaient remplacé les siens.

Il saisirait la bosse dure entre ses doigts. Eddie entamerait des va-et-vient, attentif au moindre souffle, à la moindre réaction de son amant. Il irait plus vite. Ses gestes se feraient plus profonds, plus sensuels. Ils gémiraient. Eddie gémirait contre lui.

Quelques mouvements de plus et Steve sentit la vague de plaisir exploser. Ses jambes cédèrent, il se laissa choir contre le mur, enfouissant son visage contre son bras. Il se mordit la joue pour ne pas faire de bruit. Il cligna plusieurs fois des yeux pour chasser les étoiles qui lui brouillaient la vue. Steve tenta vainement de calmer sa respiration haletante.

Nothing Else MatterOù les histoires vivent. Découvrez maintenant