20. Light My Fire

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Eddie en avait assez. Assez de Steve, assez qu'il l'esquive constamment, assez de se retrouver encore seul. Alors qu'il trouvait de nouveau la maison vide à son retour et un mot d'excuse sur la table, il avait attrapé ses clés et sa veste puis il avait claqué la porte des Harrington.

Sur la route, il avait ruminé les paroles d'Harrington. Eddie était bien là lorsqu'il avait appelé Henderson. Il lui avait fait signe de garder le silence, il n'avait pas envie de lui parler. Ce qu'il s'était passé entre eux n'était « rien d'important ». La colère avait pris le dessus.

Il se trouvait donc là, dans le salon de Mickael Jefferson – son père l'avait appelé ainsi en référence au footballeur américain, se vantait-il au lycée -, adossé contre le mur, à regarder la foule. Mike l'avait salué chaleureusement, il était content qu'il soit là.

Il avait ravalé un sourire amer. Avec Eddie « The Freak », il y avait toujours de quoi se défoncer. Il n'avait pas tort. Eddie n'avait pas mis cinq minutes pour dégainer un joint et l'un de ses sachets d'herbe.

Il devait bien l'avouer, la perspective d'une soirée bien arrosée n'était pas sa seule motivation. Enfin, ce n'était pas suffisant pour s'infliger la bande de hockeyeurs et leurs supportrices. Steve avait annoncé à Dustin, qu'il y allait.

Son mot disait qu'il ne devait donc pas l'attendre. Tout en lui souhaitant une bonne soirée. Quelle putain d'hypocrisie. Avec un peu de chance, il n'aura pas changé d'avis et Eddie pourrait peut-être le confronter cette fois-ci, s'il ne décidait pas de sauter par une fenêtre pour le fuir.

Après une heure - peut-être deux ou trois, il avait perdu la notion du temps – et plusieurs verres, à danser avec un fantôme plutôt jolie, Harrington était dans son champ de vision. Il était accoudé à l'îlot central de la cuisine, en pleine conversation avec Robin et une fille qui lui tournait le dos - Nancy ? -. Buckley semblait en difficulté, affublée d'une robe a froufrou. Harrington portait une tenue de mafieux. S'il n'était pas aussi furieux, il serait content de voir que son influence déteignait sur les goûts cinématographiques de son partenaire.

Il continua à danser, malgré son irrépressible envie de le plaquer contre un mur et lui casser la gueule. Ou l'embrasser. Il ne savait plus trop. L'alcool et les joints embuaient son esprit. Il sera sûrement malade le lendemain matin.

Alors il continuait de danser lascivement, ses mains sur les hanches de Debby. Elle était plutôt mignonne dans son genre. Avec ses cheveux bruns volumineux et son parfum à la pêche. On dirait Harrington en fille. Malgré la distraction qu'elle lui offrait, son regard ne quittait pas le petit groupe.

Buckley s'énervait contre son ami, qui avala d'une traite son verre avant de se prendre la tête entre les mains. La fille devant lui gesticulait, partageant visiblement l'avis de Robin sur un sujet qui lui échappait. Robin qui resta bouche-bée quand elle aperçut Eddie dans la foule.

Elle donna un coup de coude à son ami et lui dit quelque chose. Harrington releva la tête et ses yeux se posèrent sur lui. Il pâlit soudainement. Il sembla vouloir répondre à Robin avant de se raviser. Il détourna le regard et poussa son amie pour passer. Il fuyait. Encore une fois.

Eddie sentait son sang bouillir. Robin lui adressa un regard désolé et partit à la poursuite de son meilleur ami. Il se retint de ricaner de dépit. Il abandonna Debby au milieu de la piste sans qu'elle n'ait le temps de protester et sortit. Il avait l'impression d'étouffer.

L'air frais le heurta de plein fouet. Il y avait moins de monde dehors. Hormis quelques personnes trop saoules qui vomissaient ou décuvaient dans un coin, et quelques hockeyeurs torchés qui riaient fort, personne d'assez sobre pour venir l'emmerder.

Nothing Else MatterOù les histoires vivent. Découvrez maintenant