13.Does Your Mother Know

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Robin poussa Steve sur le lit. Il la laissa faire tandis qu'elle ouvrait à la volée les portes de son placard. Après avoir réalisé un minutieux examen des tenues qu'il avait préparées, elle grommela que tout était « trop basique, trop simple ».

- Eddie t'a invité à son concert. C'est le moment de lui en mettre plein la vue.

Il avait désespérément tenté de la convaincre, mais aucun vêtement ne semblait trouver grâce à ses yeux. Avec les filles, il avait l'habitude. Il s'habillait bien, il draguait, et tout se déroulait bien. Avec Munson, c'était différent. Il n'avait pas envie d'être juste « bien ». Il ne voulait pas se contenter du numéro de charmeur qu'il avait pu offrir à n'importe quelle jolie fille. Il voulait l'impressionner.

Robin se planta devant lui et agita plusieurs vêtements.

- C'est le moment des essayages, Cendrillon.

Elle l'ignora lorsqu'il grogna en levant les yeux au ciel. « Cendrillon », qu'est-ce qu'elle n'allait pas inventer. Il attrapa la pile et s'enferma dans la salle de bain. Il n'était pas Cendrillon. Ç'avait d'ailleurs été l'inverse jusqu'ici. Steve était le roi. Jusqu'à Nancy, jusqu'à Eddie. Il ressortit quelques minutes plus tard.

- Qu'est-ce que tu en dis ? Plutôt pas mal, non ?

Il fit mine de défiler, prenant des poses caricaturales, comme dans les magazines. Son amie rit en secouant la tête avant de le renvoyer dans la salle de bain essayer la seconde tenue. Puis la troisième. Qui provoqua l'hilarité de son amie. Steve grogna qu'elle se moquait de lui - sans pour autant arrêter.

Le petit jeu dura plus d'une demi-heure. Robin valida enfin : un t-shirt d'un groupe de rock qu'elle était allée voler dans les affaires d'Eddie, un jean et son blouson en cuir. Elle ne cessait de jeter des coups d'œil à l'horloge.

- Ce n'est pas ... trop simple ? demanda-t-il en s'observant dans le miroir.

- Ça l'est. Plus pour longtemps.

Elle descendit en trombe, l'abandonnant, indécis. La sonnette d'entrée retentit et il entendit Robin ouvrir. Les deux voix échangèrent tandis qu'elles montaient les escaliers. Steve le sentait mal. Son amie réapparut dans l'encadrement de la porte, fière d'elle.

- Comme mes nombreux dons sont malheureusement limités dans ce domaine, j'ai fait appel à des professionnelles.

Elle laissa la place à ses deux invitées.

- Je rêve.

Max et El pénétrèrent les lieux. Max, qui s'appuyait sur sa béquille – nécessaire suite aux séquelles laissées par Vecna –, se laissa choir lourdement sur le lit en grognant. Monter les escaliers était toujours une épreuve. La seconde déposa un sac à dos à côté d'elle. Elle en sortit une trousse de laquelle elle tira des pinceaux, fards à paupières et autres cosmétiques que Steve avait déjà aperçu chez Nancy mais dont il ne retenait pas le nom.

- Cache ta joie, mordit Max.

- Des professionnelles ? Je n'ai jamais vu Max maquillée une seule fois.

Sa cadette lui asséna un coup de béquille dans le tibia, lui arrachant un cri.

- Ce n'est pas parce que je n'aime pas ça, que je ne sais pas me maquiller.

Elle se releva et lui ordonna de prendre place sur le lit. Il abdiqua rapidement. El lui apporta la chaise de bureau où elle s'installa. Elle s'arma d'un crayon noir dont elle approcha dangereusement la mine vers son œil. Steve eu un mouvement de recul, levant la main pour protéger son visage. Maxine écarta sa main d'une tape.

- Si tu bouges, je te crève un œil, c'est clair ?

- Très rassurant, vraiment.

- Si tu veux être parfait ce soir, laisses Max te maquiller, Dingus.

Il soupira et ferma docilement les yeux en guise d'acceptation.

- Robin, s'il arrive quoi que ce soit à mon visage, je te jure que je me vengerai.

Il l'entendit souffler « dramatique » avant qu'elle ne mette de la musique. Elle échangea avec Max quant au maquillage. Une fois le choix arrêté, il sentit le crayon effleurer sa paupière et se concentra pour ne pas sursauter violemment, l'avertissement flottant toujours dans son esprit.

- Remercie ma mère. C'est son idée de m'apprendre les « trucs de filles », comme elle dit, grommela-t-elle en se concentrant.

Steve se focalisa sur la musique pour se détendre. Robin lisait dans ses pensées. ABBA calmait ses nerfs. Il fit de son mieux pour tenir en place, ne tapotant le rythme que du bout des doigts. Il sentait les gestes fluides et attentifs de Max.

- Ouvre.

Il obéit et battit des cils. Il était gêné par la lourdeur du khôl. Robin et El l'examinèrent.

- Max, tu es géniale.

- J'ai essayé de faire léger. Pour que ça ne te gêne pas. Je dois juste mettre le crayon sur le bas de ta paupière et ça sera fini.

Steve recula instinctivement quand elle approcha la pointe de sa paupière. Elle se pinça l'arête du nez. Il sentait venir les remontrances qui lui coupèrent toute envie de bouger. Mieux valait finalement perdre un œil ou combattre un Démogorgon qu'affronter la colère de Max. Il fit de son mieux pour ne pas bouger quand la pointe froide glissa sur le bas de sa paupière tirée. Ça piquait. Une fois la torture appliquée, Maxine recula pour l'inspecter, satisfaite.

Elle lui indiqua le miroir pendant qu'elle rangeait son matériel. Steve cligna des yeux, peu habitué à la sensation. Il avait envie de gratter son œil. Mais il ne voulait pas que cette furie rousse l'achève. Il s'observa dans la glace. Elle avait vraiment fait du bon travail. C'était différent, il n'était pas habitué. Il était plutôt pas mal.

- Ça te va bien.

Il remercia Max en saisissant sa bombe de laque pour terminer sa coiffure, laissant les filles discuter entre elles. Il était concentré sur la mise en pli de sa mèche du devant quand il sentit un regard insistant.

- Depuis quand tu aimes Eddie ?

Steve s'étouffa en respirant la laque. Tous les yeux étaient tournés vers El, assise sur le tapis. Elle l'observait d'un air insondable.

- Tu as regardé dans ma tête ? demanda-t-il.

Ils en avaient déjà parlé. La bande avait fixé des règles quant à ses pouvoirs. Comprenant le fait de ne fouiller l'esprit des autres qu'en cas d'extrême urgence. Elle secoua la tête d'un air outré.

- Je ne dois pas regarder. C'est dans les règles.

Max pivota sur la chaise en riant.

- Steve, il n'y a pas besoin de pouvoirs. Ça crève les yeux.

Steve s'assit sur le lit, abattu. Était-il si transparent ? Tout le monde était au courant ? Max remarqua le changement d'humeur de son babysitteur. Elle se balança une fois encore sur la chaise.

- Ne t'inquiète pas, les garçons sont trop stupides pour remarquer quoi que ce soit.

- Pas plus loin que le bout de leur nez, surenchérit El.

Elles se regardèrent, complices. Elles réussirent à lui tirer un sourire qui se transforma rapidement en éclats de rires. Leur hilarité calmée, il leur proposa de préparer un chocolat chaud, accompagné de gâteaux. Elles avaient mérité qu'il les gâte.


***

Does Your Mother Know - ABBA

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