Le trajet jusqu'à la maison des Harrington avait été plus rapide qu'il ne s'y attendait. Il était putain de terrifié. Il avait fui le rejet, et maintenant, il se tenait devant la porte, le cœur battant. Il ne sonna qu'une seule fois. Avec un peu de chance, Steve n'était pas chez lui.
Manqué. La porte s'ouvrit après quelques secondes. Steve se tenait dans l'encadrement de la porte. Ses cheveux n'étaient pas coiffés. Son pantalon lui tombait négligemment sur les hanches. Il observait celui qui venait déranger son samedi soir. Eddie leva les mains devant lui en signe de reddition.
- Je viens en paix. Je ne veux pas me disputer avec toi, Harrington.
Steve le jaugea un instant en silence. Il attendit patiemment. Il comprenait que son ami refuse de lui parler. Il soupira et tourna les talons, laissant la porte d'entrée ouverte. Une invitation. Qu'il s'empressa de saisir. Il entra avant d'accrocher son manteau comme à son habitude. C'était étrange, ce sentiment d'être un étranger pour qui tout était pourtant si familier.
Il pénétra dans le salon où il retrouva Steve, enfoncé dans le canapé, comme s'il n'en avait jamais bougé. Il fixait un point invisible, face à lui. Il remarqua le verre presque vide dans sa main, et la bouteille entamée sur le guéridon. Nancy l'avait prévenu. Harrington se réfugiait facilement dans ce qui lui permettait de déconnecter. Ce n'était pas lui qui allait le lui reprocher.
Eddie déplaça le fauteuil en face du canapé. Une fois installé, il croisa les mains, jouant nerveusement avec ses bagues. Il était mal à l'aise. Il observa Steve. Il avait l'air usé, las. Des larges cernes soulignaient ses yeux bruns fatigués. Il était beau. Ses sentiments ne lui laissaient aucun répit. Il se souciait réellement de Steve. Dormait-il correctement ? Mangeait-il sainement ? Est-ce qu'il accepterait de l'écouter ?
- Je ...
Les yeux de Steve se posèrent sur lui. Il déglutit. Il était capable de jouer devant un public, de servir des tirades démentes aux vieilles bigotes d'Hawkins, d'affronter des monstres sortis des Enfers. Mais il perdait ses moyens devant lui. Il soupira. Il ne savait pas vraiment par où commencer. Tous les mots qu'il avait répétés avec Buckley lui échappaient. Il gratta nerveusement l'une de ses bagues. Il devait se lancer.
- Je veux juste discuter. J'ai agi comme un con et ...
Le bruit du verre posé sur le guéridon le fit presque sursauter tant il était tendu. Il regarda Harrington se lever et disparaitre dans la cuisine. Son cœur battait à tout rompre. Steve ne le supportait plus au point de changer de pièce ? Le poids écrasant sur sa poitrine s'intensifia. Eddie se força à rester calme. Il ne devait pas céder à l'angoisse pour l'instant.
Si Steve voulait sortir de sa vie, il respecterait son choix. Quoi qu'il se passe, il accepterait, comme il l'avait toujours fait. Eddie s'était toujours résigné.
Alors qu'il se torturait l'esprit, Harrington revint d'un pas traînant et se laissa de nouveau choir sur le canapé. Eddie observait silencieusement le moindre de ses mouvements. Son ami leva la bouteille en signe de victoire.
- Je savais bien que mon vieux en cachait quelque part.
Il la tendit à Eddie qui s'en saisit, déstabilisé. C'était une offre de paix, à sa manière. Il dévissa le bouchon et sentit le contenu avant d'en boire une gorgée. Il lui fallait du courage et l'alcool aidait - bien qu'il n'en soit pas fier. Il la rendit ensuite à son ami qui l'imita.
- Ton père ne va pas te tuer si on prend dans sa réserve ?
- Mon vieux n'est jamais là. Il est tellement présent qu'il ne sait même plus où il range les trucs dans cette maison. Ça m'étonnerait qu'il se souvienne de cette bouteille.
VOUS LISEZ
Nothing Else Matter
FanficHawkins, 1987. La bande profite de la tranquillité pour se reposer et surmonter ses traumatismes. Juste vivre calmement. Sauf Steve, dont l'esprit s'emballe à cause d'Eddie Munson. Evidemment : Spoils de TOUTES les saisons L'univers appartient aux f...