17. The Sound of Silence

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La porte de la salle de bain s'ouvrit à la volée, lui tirant un sursaut.

- Bordel, Harrington.

Eddie Munson, les cheveux en bataille, le maquillage maculant ses joues, à peine couvert. Il avait encore oublié sa veste. Il allait attraper froid. Alors que cette pensée traversait l'esprit de Steve, Munson dégaina le talkie-walkie et enclencha le bouton.

- Les gars, je l'ai trouvé. Il est à la maison.

Des voix grésillantes répondirent rapidement. Il reconnut Robin et Nancy, puis les enfants. Pourquoi les enfants avaient-ils leur talkie à cette heure-ci ?

- Je vais m'occuper de lui, c'est bon. Rentrez vous reposer.

Après les réponses positives des autres, il rangea l'antenne, coupant la communication. Steve le regardait faire, silencieusement. Eddie posa l'appareil sur le bord du lavabo et se laissa glisser le long du mur, à côté de lui. Il poussa un lourd soupir, pencha la tête pour mieux l'observer.

- Tu nous as foutu la trouille, Harrington. Steve baissa la tête. Fuir n'avait pas été la meilleure idée qu'il avait eue. C'était même complètement stupide.

- Quand on est sorti et que ta voiture avait disparu, on t'a cherché partout.

Il leur avait fait perdre leur temps à agir comme un crétin. Il se contenta de fixer le carrelage, attendant que l'orage se déchaîne. Il attendait les reproches.

- Désolé.

Aucune réponse. Juste le silence. Il devait lui en vouloir. Il s'en voulait. Il avait laissé entrevoir à Eddie une face violente qu'il s'efforçait de museler et d'enfouir. Cela l'avait sûrement amené à réfléchir quant à leur amitié. Le visage d'Eddie envahit soudainement son champ de vision.

- Désolé ? répéta-t-il.

Steve était habitué. Il allait encaisser les critiques, entendre qu'il était irréfléchi, inconscient et impulsif, qu'il avait de la chance de s'en sortir avec si peu de blessures ... L'éclat de rire le fit sursauter, coupant court aux reproches qui tournaient dans son esprit.

- Mec, c'était trop métal !

Steve releva la tête pour constater l'expression enjouée de son ami.

- La manière dont tu as mis Lars K.O., c'était dingue ! Il était perdu. Eddie se calma, se contentant de sourire lorsqu'il vit son air déboussolé.

- Merci. De m'avoir défendu.

Les questions de Steve s'égaraient dans sa gorge. Pourquoi était-il reconnaissant ? Il s'était battu. N'importe qui le lui aurait reproché. Son père, Nancy, ses amis ... Il en avait l'habitude. Il l'observait sans comprendre. Eddie se déplaça pour s'installer face à lui. Il fouilla dans le placard pour en sortir une trousse de secours et saisit le désinfectant qu'il versa sur une compresse. Lorsqu'il s'approcha de lui, Steve recula légèrement.

- Le grand Harrington, tueur de monstres et sauveur de Freak, aurait-il peur que ça pique ?

Il arrêta instantanément de bouger. Eddie pressa doucement la gaze sur sa pommette pour nettoyer le sang. Il s'abandonna à ses mains expertes et délicates. Une multitude d'interrogations le taraudait. Il commençait à avoir mal au crâne, à force de réfléchir. Ou était-ce plutôt le contrecoup d'une bagarre ?

Après avoir désinfecté son visage, Eddie s'attaqua à ses phalanges abîmées. Il les nettoya avec une compresse imbibée d'eau et de savon, répétant les mêmes gestes que pour son visage. Au bout de plusieurs minutes, Steve rompit le silence.

- Pourquoi tu me remercies ?

- Je te l'ai dit. Tu m'as défendu.

- C'est mal de se battre.

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