18. Comfortably Numb

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Quelques jours passèrent, tranquillement, doucement. Leur conversation sur le parking n'avait rien changé entre eux. Leurs habitudes quotidiennes, leurs attentions, leurs flirts ... Rien.

Ils n'allaient pas reparler de ce qu'il s'était passé le soir du concert. Aucun d'eux n'avait abordé le sujet. Ce qui ne semblait définitivement pas être au programme. Ils continuaient comme si ce qu'avait dit Eddie n'avait jamais eu lieu.

Eddie rentra du travail jeudi soir. Il posa ses affaires dans l'entrée. Un grognement lui échappa lorsqu'il passa son sac en bandoulière par-dessus sa tête. Il en aurait pour au moins deux semaines avant que sa côte ne soit complètement remise. Les cartons de disques et vinyles étaient plus lourds qu'ils n'y paraissaient.

Comme d'habitude, Steve l'accueillit avec le repas. Il se sentait coupable d'en faire si peu en comparaison. Lorsqu'il abordait le sujet avec lui, son colocataire se lançait dans de grandes tirades où il lui expliquait la nécessité de se reposer, de se ménager pour guérir ... Il finissait toujours par céder à face à ce joli minois si sérieux.

Mais Eddie était définitivement troublé : Harrington apportait un soin particulier à palier tous ses besoins. Peut-être plus qu'avant. Chaque mouvement, chaque demande, chaque parole devenaient un prétexte pour le toucher, l'effleurer, se rapprocher de lui. Assis sur le canapé, il y prêta davantage attention, pour être sûr qu'il ne prenait pas ses fantasmes pour la réalité.

Il ne bougea pas lorsque Steve colla son épaule à la sienne. Ni quand sa main s'installa contre sa cuisse.

Ce qui rendait Eddie fébrile. Il en voulait plus.

Après avoir fini de manger leur part de lasagnes – la mention de son engouement pour ce plat n'était visiblement pas tombée dans l'oreille d'un sourd -, ils montèrent chacun dans leurs chambres. Il referma la porte, songeur. Qu'est-ce qu'il lui prenait ? Il avait pris une décision. Il ne voulait pas être utilisé. Pourtant, il ne pouvait s'empêcher d'en désirer plus. Ses bonnes résolutions s'évaporaient bien trop facilement, son corps hurlait à chaque contact, et encore plus lorsqu'il était rompu.

Les flirts d'Harrington ne laissaient aucun répit à son cœur meurtri.

Ses yeux se posèrent sur sa table de nuit où trônait la pommade. Et après tout, pourquoi ne pas pousser plus loin ? Il se sentit d'humeur joueuse. Si Harrington flirtait, il ne pouvait pas l'en empêcher. Il attrapa le tube et parcouru les quelques mètres qui séparaient leurs chambres. Il frappa et la porte s'ouvrit. Harrington dans un short de sport et un débardeur, une vision exquise dont il ne se lasserait jamais.

- Je vais avoir besoin de ton aide, Harrington.

Eddie brandit le baume, en tapotant son flanc.

- Il faut que je remette de la pommade, pour ... Toutes ces conneries, dit-il en désignant son corps d'un geste de la main.

Le chemin se fit dans l'esprit de Steve. Il était si expressif. S'en était mignon. Avant de le connaitre, il pensait que c'était une tactique pour attendrir les filles. Il se trompait.

- Oh. Bien sûr. Tu veux ...

Il lui fit signe d'entrer. Eddie s'appuya contre le mur.

- Ma chambre ? Je serai plus à l'aise pour m'y déshabiller.

Grands dieux. A voir la jolie teinte de ses joues, il saisissait bien évidemment le double sens que pouvaient avoir ses paroles.

Eddie n'avait absolument pas besoin d'aide. Il mettait de la pommade seul tous les jours. Mais poussé par l'audace de ses flirts, il avait envie de lui renvoyer la balle. Il lui offrit une révérence, l'invitant à pénétrer dans sa chambre.

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