Ces horribles nuits s'étaient prolongées tout le reste de la semaine. Mes cauchemars ne se développaient pas, je ne voyais rien de plus, rien de moins. Toujours le même groupe. Toujours la même voix qui s'acharnait à crier mon nom dans sa souffrance.
Je vous assure que ça me perturbait. J'avais du mal à manger et la fatigue de mes nuits agitées se ressentait dans les muscles de mes jambes. Je risquais les malaises à la sortie du cours de sport et Roméo passait chaque fois après les journées de lycée pour s'assurer que je mangeais quelque chose. Un vrai carnage.
Quand le weekend arriva enfin, je sentis un vrai soulagement. J'allais avoir du temps pour me reposer et me reconcentrer sur les devoirs que je devais rendre la semaine qui suivait.
Le samedi matin j'étais levée à six heures, ce qui ne me ressemblait vraiment pas. Vous savez les adolescents aiment passer du temps à dormir et moi j'étais vraiment forte à ça. Mais cette nuit-là il avait encore frappé et je ne souhaitais pas me rendormir. Il revenait, encore et encore, sans relâche. Il me hantait l'esprit la journée, je me posais mille et une questions sur l'entêtement qu'il avait à réapparaître chaque nuit.
Ce samedi j'étais donc descendue préparer le déjeuner à ma famille espérant me vider l'esprit pour quelques minutes. Je trouvais toujours un réconfort dans ma famille et mes proches. Ils avaient cet aura puissant de sécurité que je ressentais à chaque repas que l'on partageait. Le salon était vide et le silence régnait, seul le craquement des murs raisonnait dans la pièce. Une fois dans la cuisine j'attrapai un verre dans le buffet et le remplis d'eau. Le liquide glacé glissait dans ma gorge et apaisait mes peurs.
L'odeur des pancakes dorés se répandait jusqu'en haut de la cage d'escaliers, là où mes parents dormaient encore paisiblement. Gabi était chez un ami, Jack, qui vivait au bout de la rue chez une vielle femme pleine de rides mais adorable. Je me souvins que lorsque j'avais 5 ans, elle m'emmenait et me ramenait de l'école et je goûtais aux cookies qu'elle préparait pour moi.
Il était encore tôt quand maman apparut dans l'encadrement de la porte. Elle avait les cheveux décoiffés et de petits yeux mais je la trouvais encore belle. Ma mère se nommait Elisabeth Allen, elle n'a jamais voulu se marier avec mon père, Marc Stewart. Son nom était donc différent, mais leur amour était pur et éternel. Comme si la vie les avait destinés à vivre l'un près de l'autre pour le restant de leurs jours.
« -Depuis quand ma fille est une lève-tôt et une si bonne cuisinière ? s'était-elle exclamée en regardant le contenant de ma poêle.
-Je n'arrivais plus à dormir alors je me suis dit que ça vous ferait plaisir.
-Je t'ai entendue descendre effectivement. Ça sent très bon. »
Elle plaça un baiser sur ma joue et s'installa devant l'une des assiettes disposées sur la table. Je versai les pancakes dans un plat et le posai au centre de la table en bois. Ma mère se jeta dessus et je souris à la vue de cet élan.
Peu après, les pantoufles de mon père descendirent les marches. Comme un enfant, il se frotta les yeux et sans une once d'élégance bailla tel un ours. Ma mère et moi avions rigolé et mon père nous avait suivies. Tout l'air de la maison était parfumé à l'amour que l'on se portait les uns aux autres, et ce matin également par l'odeur des pancakes. Ça n'échappa pas à mon père qui s'assit et se servit pour commencer à manger. Le repas disparaissait bien rapidement et j'étais fière de les voir se régaler. Nous avions débarrassé la table ensemble et ma mère s'était chargée de faire la vaisselle.
Une fois mon dessin animé préféré, Bob l'Eponge, terminé, je montai à l'étage pour me vêtir. Je n'étais pas d'un style original, bien l'inverse, j'étais plus simpliste mais je restais élégante, féminine. Thaïs avait de nombreuse fois essayé de me relooker, plus rebelle - moins coincée - mais elle n'était jamais parvenue à ses fins. Je n'essayais pas forcément de me mettre en valeur, j'étais ce genre de fille discrète avant que la bande de footballeur ne traîne avec moi. Il était clair que ma discrétion était terminée.
C'était donc avec un chemisier crème et un slim noir que j'étais ressortie de la salle de bain. Je sentais bon, le parfum que venait de m'offrir David état d'une senteur exquise. Je ne savais pas pourquoi il me l'avait offert. Il prétextait un anniversaire oublié mais je n'y croyais pas beaucoup. Félix ou encore William n'y avaient pas pensé et ça ne m'avait pas vraiment gênée, surtout que le cadeau de David était arrivé deux mois après. Peu convaincant.
La matinée s'était déroulée normalement. J'étais restée sur mon lit à lire le nouveau numéro de "Star 2000" en écoutant la voix envoutante d'Ed Sheeran. Ce magazine n'était pas vraiment plus intelligent que les autres, il me suivait juste depuis ma tendre enfance et je n'avais pas arrêté l'abonnement. Il se racontait mille et une choses fausses et ridicules mais je m'enivrai de ces idioties.
Ce ne fut que lorsque la porte du rez-de-chaussée avait claqué et que la voix de mon frère m'était parvenue aux oreilles que j'étais descendue. Il revenait chargé en plat de gâteaux délicieux que nous avions mis de côté pour le dessert. Il sauta à mon cou, enroulant ses jambes autour de mon bassin. Il était adorable.
« -Anaïs tu sens trop bon ! dit-il en reniflant mon parfum. »
Je le serrai un peu plus fort puis le reposai tout en lui souriant. Il me rendit mon sourire avant de sauter sur le canapé. Il regardait un film de voiture avec mon père et je partis rejoindre ma mère en cuisine pour l'aider à préparer le repas.
« -Comment s'est passée ta semaine de cours ?
-Plutôt bien maman, j'ai obtenu un A en littérature lundi dernier.
-C'est formidable ma chérie, tu nous rends si fière ton père et moi. C'est vrai. Tes résultats ont toujours été excellent et ton attitude exemplaire. Tu ne pouvais pas nous combler d'avantage.
-Oh maman, dis-je avant de la serrer dans mes bras si fort que j'eus peur de lui avoir coupé la circulation respiratoire. »
Je me décollai ensuite d'elle et elle m'observa attentivement.
« -Et tu as un petit copain ? demanda-t-elle un sourire au coin de ses lèvres.
-Maman ! Non je n'en ai pas.
-Tu me le dirais, n'est-ce pas chérie ?
-Bien sûr que non voyons !
-M'en voilà choquée ! ajouta-t-elle en riant pendant que mes joues prirent une teinte rosée. Va installer les couverts ça va être prêt. »
***
Le repas était rythmé par les blagues de papa et le rire enfantin de Gabi. Une ambiance familiale qui avait réussi à me faire oublier mes cauchemars le temps d'une matinée. Mais quand on attaqua le plat central, pour je ne sus quelle raison, mes pensées me rappelèrent à la charge toutes les images de mes mauvais rêves. J'en plissai les yeux, en secouai la tête pour m'en débarrasser mais rien à faire.
C'est à ce moment-là qu'un détail particulier attira mon attention, des yeux d'un vert flamboyant appartenaient à ce garçon traîné au sol. Un vert émeraude, envoutant, magnifique. C'était tout ce que j'avais de lui, une paire d'iris.
« -Tu n'as pas trouvé ça drôle Naïs ? me questionna mon petit frère me sortant de mes pensées.
-Je n'ai pas écouté, excusez-moi.
-Tout va bien ? s'inquiéta ma mère. Tu es toute pâle.
-Je vais me reposer un peu dans ma chambre, excuse pour l'assiette gaspillée je n'ai pas beaucoup mangé.
-Ce n'est rien ne t'en fais pas. »
Je m'étais réfugiée sous ma couette avec la peur de m'endormir. Je savais qu'ils m'attendaient pour commencer à marcher. Je ne voulais pas aller avec eux, je ne voulais pas qu'ils m'ignorent. Je ne souhaitais pas les accompagner pour voir ce garçon se faire tabasser.
Pourquoi était-ce moi la victime de ces affreuses images ?
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Bonjour ! Voila le 3 ème chapitre. Merci à ceux et celles qui suivent notre fiction vous êtes formidable ! Surtout vous pouvez partager. 😉
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A bientôt. - Noemie
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Crazy for love
FanfictionFolie : N.F. Trouble de l'esprit, dérèglement mental. La folie est une notion extrêmement polysémique. Elle désigne le plus souvent des comportements jugés et qualifiés d'anormaux. La folie peut être passagère ou chronique, latente ou foudroyant...