Sept

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La partie de rugby de la veille se rejouait dans ma tête et ma perte de connaissance également. Je ne savais pas vraiment sur quoi je m'étais écroulée mais cela m'avait causé une jolie bosse au milieu du front. Quand je m'étais réveillée dans cette même salle d'infirmerie - que je n'avais jamais vu autant qu'en deux semaines - j'avais eu cet affreux mal de crâne. Il fallait absolument que mes cauchemars cessent si je ne voulais pas terminer à l'hôpital. Roméo tenait ma main et je l'entendais jurer de devoir veiller sur moi encore plus qu'avant et je m'en voulais de lui avoir fait subir ça ces dernier temps. Il était vraiment la personne à qui je pouvais tout dire, absolument tout.

Quand je m'étais éveillée le lendemain, Chuck sonnait depuis une bonne quinzaine de minutes m'avertissant de l'arrivée de beaucoup de messages. La tête lourde comme un obus et les yeux plissés je l'attrapai, tâtant le sol près de mon lit à la recherche de l'appareil en question. Une fois trouvé, je le montai à la hauteur de mes yeux et le déverrouillai. Des sms de toute la bande m'attendaient en un ou plusieurs exemplaires. Tous s'inquiétaient de mon état, de manière plus ou moins folle. Par exemple Roméo m'avait envoyé 23 messages, tous de la même forme. Des « Tu vas mieux ? » ou des « Je t'en prie Anaïs réponds tu vois bien que je me fais un sang d'encre ». Alors parce j'avais encore un cœur et un minimum de raison je leur répondis à tous.

Une bonne vingtaine de minutes après je m'étais levée. Mes jambes me faisaient mal, sûrement le rugby d'hier pensai-je. J'avais dormi énormément et pourtant ça ne rattrapait pas la fatigue que j'accumulais depuis des semaines. Je traînais les pieds comme un zombie jusqu'à la salle de bain, souhaitant me passer de l'eau sur le visage. Vu l'heure à laquelle je m'étais réveillée, il ne me servait à rien de me dépêcher pour aller en cours. Ce qui ne me plaisait parce que Mr Gree avait prévu de nous rendre les dissertes de l'autre fois.

Une fois devant le miroir, je levai la tête vers celui-ci et vis deux yeux verts émeraude me fixer. Je sursautai, étalant de l'eau partout autour du bac à eau. Ils me fixaient avec tant de haine que je poussai un cri de stupeur et ma mère affolée entra dans la pièce.

« - Chérie tu vas bien ?

- Oui, oui désolée maman. Je n'avais juste pas ... pas vu la bosse sur mon front. Elle est immense.

- Ne me fais plus de telle peur, Anaïs, j'ai cru que tu allais tomber de nouveau.

-Non ne t'en fais pas maman, je vais bien ce matin. »

Un terrible mensonge. Je sentais mes jambes trembler, ne pouvant supporter le poids de cette fatigue. Je m'assis sur le tapis blanc qui recouvrait le carrelage de même couleur. Je faisais ça quand j'étais petite, et je jouais avec Priska, mon petit chien. Celui-ci nous avait quittés l'an passé.

« -Très bien, tu dois faire quelque chose aujourd'hui ?

- Je dois voir un ami pour notre exposé de biologie cet après-midi. Je serai de retour dans le début de soirée normalement.

- Prends le temps de manger quelque chose avant de partir.

- Oui maman, je ferai ça. »

Après un dernier regard de sa part elle me laissa seule. Je regardai une dernière fois la vitre réfléchissante et me rassurai de voir que ce n'était que mon imagination. Je retirai mes vêtements et allumai l'eau. Je profitai de l'entre deux pour souffler au moins dix fois. Il me fallait de l'aide, c'était incontournable.

J'aimais affreusement l'eau qui coulait le long de mon corps, j'avais l'impression que tout en moi se détendait presque instantanément. Une délivrance pour moi et ma raison qui commençait à s'enfuir. Je coupai l'eau et prit le temps de me faire jolie, je ne voulais pas recevoir des remarques de la part des autres. Encore moins de David. Pour une raison qui m'était encore inconnue ce garçon prenait le temps de me regarder et de rire avec moi. Pas que les autres ne le faisaient pas, mais pas de la même manière. C'était aussi différent de Roméo, mais j'aimais ça. Intérieurement je raffolais de l'intention qu'il me portait. Je me sentais spéciale.

Crazy for loveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant