C'était une de ces jolies et charmantes filles, comme par erreur du destin, dans une famille d'employés. Elle n'avait pas de dot, pas d'espérances, aucun moyen d'être connue, comprise, aimée, épousée par un homme riche et distingué ; et elle se laissa marier à un petit commis du ministère de l'instruction publique.
Elle fut simple, ne pouvant être parée, mais malheureuse comme une déclassée ; car les femmes n'ont point de caste ni de race, leur beauté, leur grâce et leur charme leur servant de naissance et de famille. Leur finesse native, leur instinct d'élégance, leur souplesse d'esprit sont leur seule hiérarchie, et font des filles du peuple les égales des plus grandes dames.
[...]
-Peux-tu me prêter cela, rien que cela ?
-Mais oui certainement.
Elle sauta au cou de son amie, l'embrassa avec emportement puis s'enfuit avec son trésor.
Je refermai le nouveau livre que Mr Gree nous avait demandé d'étudier : « La Parure » de Maupassant. Un auteur français très agréable à lire. Le temps devenait plus frais, j'avais recouvert mon corps d'une couverture. La vue de notre balcon n'avait rien de remarquable, on ne voyait que le toit d'autres immeubles délabrés qui se trouvaient plus loin. Je me sentais tellement petite par rapport aux nombreux buildings qui nous surpassaient.
La nuit était quelque peu avancée et je profitais du silence que présentaient les rues de la capitale. Ce n'était pas fréquent ce silence, et je comptais bien en profiter. Le plastique vert du transat sur lequel j'étais allongée refroidissait à chaque nouvelle minute mais ça n'empêcha pas mes yeux de se fermer, me plongeant dans cet univers qui m'était malheureusement connu à présent.
Il avait frappé fort ce soir, comme la foudre sur le toit d'un immeuble. Je ne retenais plus le cri qui s'évadait de ma bouche. Je n'évaluais pas les conséquences de mon inattention. Thaïs, Eline et la troupe de la chambre voisine était penchée au-dessus de moi, le visage fatigué et inquiet. Je ne souhaitais en aucun cas m'expliquer. Je refermais les yeux, poussant un juron. Contre toute attente, quelqu'un me souleva et me porta. La couette chaude colla fermement contre mon corps. On me déposa sur mon lit, m'embrassa le front plusieurs fois et j'entendis une voix que je reconnaîtrais parmi toutes : David.
« -Je peux rester un peu ? murmura-t-il. »
Je n'entendis aucune réponse de qui ce soit, juste le lit des filles grincer. La couette s'ouvrit et la chaleur de son corps envahit le mien. Je ne réussis pas à empêcher les frissons de parcourir mon échine. Il le remarqua et rit discrètement.
« -Tu peux arrêter de faire semblant, elles se sont rendormies. »
Je ne bougeai pas, essayant de le berner encore un peu.
« -Dois-je te faire remarquer que tu souris ? ajouta-t-il. »
Il ne me restait plus qu'à ouvrir les yeux. Ce que je fis. Je n'avais pas remarqué qu'il était si près. Son nez pouvait frotter le mien s'il bougeait la tête. Son souffle faisait voler les quelques mèches présentes sur mon visage.
« -Tu vas réussir à te rendormir ? »
Je secouai la tête vivement, il était hors de question que je referme les yeux. Il avait été beaucoup trop violent. Il fronça les sourcils mais ne dit rien et je le remerciais pour ça.
« -Alors suis-moi. »
Ce fut en pantoufle et tee-shirt trop large recouvert d'une veste que nous avions quitté l'hôtel. Je ne savais pas où nous allions, mais je lui faisais confiance. Les rues étaient définitivement désertes, nous isolant, créant une bulle autour de nous.
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Crazy for love
FanfictionFolie : N.F. Trouble de l'esprit, dérèglement mental. La folie est une notion extrêmement polysémique. Elle désigne le plus souvent des comportements jugés et qualifiés d'anormaux. La folie peut être passagère ou chronique, latente ou foudroyant...