Vingt-quatre

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Je n'avais pas réussi à lui dire non, ni quand il avait brisé la vitre d'une des voitures de mon quartier, ni quand il en avait ouvert la portière, et encore moins quand il avait réussi à la faire démarrer. Dans ma liste des choses que jamais je n'avais pensé réaliser, voler une voiture pourrait se trouver à la première place.

Seulement mon amour pour David m'avait rendue totalement aveugle et ce ne fut qu'une fois accoudée à la vitre de cette voiture, le vent de la nuit bousculant mes cheveux, que la culpabilité me prit. Qu'est-ce que je faisais ? Il conduisait silencieusement, tapotant des doigts le volant sous la nervosité. Je ne savais même pas ce qu'il avait en tête.

« -Où allons-nous David ? Que me fais-tu découvrir aujourd'hui ?

-C'est une surprise, je sais que tu aimeras. C'est un peu loin du coup je me disais que tu ... enfin on pourrait discuter de ce qui s'est passé.

-Que t'est-t-il arrivé David ? Je ne t'ai jamais vu aussi impulsif, j'ai eu ...

-Peur. Je sais. Si tu savais à quel point je m'en veux. J'ai vu comment te regardait ce type et mon sang n'a fait qu'un tour, je n'ai pas réussi à me contrôler. Je t'aime Anaïs, je n'avais jamais ressenti ce que je ressens pour toi auparavant. J'ai été jaloux. J'en suis désolé. »

Sa voix, sereine au début de sa tirade, se brisa. Je détachai mon regard du paysage afin de m'attarder sur ses yeux. Des larmes menaçaient de couler. Il renifla bruyamment et essuya rapidement ses yeux avant qu'ils ne débordent.

« -Ça ne se reproduira plus, ajouta-t-il. Je te le promets. »

Le silence prit possession de la voiture. Pour la première fois depuis que je connaissais David, ce silence était gênant. Je reportai donc mon attention sur le paysage. Nous sortions de la ville.

« -Tu aimes l'adrénaline ? me demanda David. »

Je fus surprise par sa question avant de me rendre compte que je ne savais pas quoi répondre. Aimais-je l'adrénaline ? Je n'en savais rien, je n'avais jamais rien fait d'assez fou pour en ressentir les effets il me semble. Je me souvins alors de ce soir à Washington où David m'avait emmenée au sommet d'un immeuble. Ce que j'avais ressenti en haut de l'édifice, sur le fil de la mort, était indescriptible. Etait-ce ça, l'adrénaline ?

« -Je suppose, finis-je par répondre. »

David esquissa un de ses sourires en coin dont il avait le secret.

« -Alors accroche-toi. »

Je n'eus pas le temps de dire quoi que ce soit, il écrasa la pédale d'accélérateur et la voiture prit de la vitesse. J'étais plaquée contre le dossier de mon siège. Je voulus crier mais aucun son ne franchit la barrière de mes lèvres, j'étais beaucoup trop apeurée. Il était complètement fou ! Il voulait nous tuer ou quoi ? David appuya sur un bouton et le toit de la voiture se rétracta – car bien évidemment, monsieur avait volé une décapotable. Je sentis alors le vent fouetter mon visage. David accéléra de plus belle.

Peu à peu, je me calmais. Ma peur s'évanouissait pour laisser place à autre chose. Mais quoi ? Je n'en savais rien. Puis, j'ignorais pourquoi, je me mis à rire. Je me décontractai et me décollai même de mon siège. C'est alors que me vint une idée saugrenue. Je détachai ma ceinture et me levai. Je dépassais ainsi le pare-brise et la sensation dans mon ventre augmenta. Mes mains, qui étaient crispées sur le pare-brise, se détendirent. Je décidai alors de lâcher prise et d'écarter les bras. Et je me mis à crier. Crier aussi fort que je pouvais. Comme si ma vie en dépendait.

David, assis à mes côtés, hurla également. J'ignorais à quelle vitesse nous roulions mais une chose était sûre, nous allions vite. Très vite. Je jetai un rapide coup d'œil au tableau de bord. 190km/h. C'était juste insensé ! Mais j'aimais ça. Tout ce que je souhaitais en ce moment, c'était que le temps se fige. Mais on a rarement ce qu'on veut dans la vie. Des bâtiments apparurent et David fut obligé de ralentir afin de retrouver une vitesse normale.

Crazy for loveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant