Seize

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L'aéroport accueillait un grand nombre de touristes, la plupart était d'origine asiatique et nous demandait parfois de les prendre en photo. C'était l'une des choses qui nous avaient occupés durant la longue attente avant le départ. L'avion avait énormément de retard, peut-être trois heures. Mon téléphone m'avait déjà lâchée et je ne savais pas quoi faire. Félix et Thaïs se charriaient et se lançaient des défis puérils, comme à leur habitude. Luca dormait sur ces sièges inconfortables, il en prenait trois à lui tout seul et gênait la plupart des personnes présentes autour avec ses ronflements. Roméo et Éline parlaient dans un coin et étrangement je m'imaginais les voir tous les deux. Ils seraient vraiment adorables. Quand à David et moi nous cherchions inlassablement une occupation. Mon compagnon eut l'amabilité de me prêter un de ses écouteurs afin que je ne fasse pas connaissance avec la solitude.

Contre toute attente, les chansons qui défilaient n'étaient pas toutes du rap américain dur et rapide. Une bonne partie de celles-ci étaient douces et sortaient de films d'amour. Au début, je l'avais charrié sur ça. Puis, par la suite, je me satisfaisais de trouver ce genre de morceaux. On prenait le temps de faire de petits débats sur des musiques qu'il n'appréciait plus autant qu'avant et qu'au contraire j'adorais. Je ne supportais plus de rester inactive alors je pris l'initiative de me balader dans le grand bâtiment. Les vitres étaient en verre, laissant une vision sur la piste d'atterrissage des avions. Même s'ils se trouvaient tout près, les murs ne laissaient passer aucun son. Tout n'était que calme et ennui. Je continuai ma visite passant devant une dizaine de restaurants et une quinzaine de cafés. Les odeurs me retournaient l'estomac et me donnaient envie de vomir. Je ne pouvais pas rester enfermée dans ces locaux dont la chaleur était devenue étouffante, les hommes traînaient sur leurs téléphone, les femmes tentaient de calmer les jeunes enfants qui, tout comme moi, n'en pouvaient plus. J'étais comme une petite fille qu'on ne pouvait apaiser. Je souhaitais juste monter dans cet avion, m'envoler pour enfin retrouver ma maison, Gabi, et mes parents.

Ce fut les mains moites et le visage rempli de sueur que j'entrai dans les toilettes pour femmes. Je formai une coupe à l'aide de mes mains et la remplis avant de les passer sur mon visage. Je massai mes tempes pour essayer de faire fuir ce mal de crâne mais ça n'arrangea rien. Je posai mon bassin contre les lavabos blanc et respirai longuement, inspirant et expirant le maximum d'air possible. Les portes s'ouvrirent sur une Thaïs rayonnante. Elle n'avait pas l'air de trouver le temps long. A l'inverse, elle semblait s'occuper convenablement. En voyant mon visage pâle elle fronça les sourcils et me prit dans ses bras. Je crus d'abord à un rêve, n'ayant pas réellement l'habitude d'un tel contact avec elle, avant de poser ma tête sur son épaule. Elle semblait lourde, mon crâne appuyait fortement sur son omoplate. De ses mains douces elle vint caresser mon dos, m'aidant à me détendre pleinement. Et je compris.

La seule chose qui me manquait pour que je sois bien, même dans cet aéroport rempli de monde, c'était de la douceur, de la tendresse et de l'affection à mon égard. Thaïs sut me donner tout ça inconsciemment, sans que j'ai besoin de le lui demander.

***

« -J'ai bien cru que jamais ils nous laisseraient rentrer, soupira Luca en calant sa tête sur mon épaule.

-Et moi dont ! Ça m'a rendue malade. Mais bon je te rappelle que tu as dormi alors tu n'es pas le plus à plaindre. »

Il rit un peu avant de fermer les yeux. Il ne mit pas longtemps à s'endormir et, à cet instant, je l'enviais. Je l'enviais de pouvoir fermer les yeux sereinement alors que moi il me fallait mettre de côté toutes mes craintes pour finalement me réveiller le front plein de sueur.

Énervée, je détournai le regard pour le poser sur l'extérieur, à travers le petit hublot. Nous n'avions toujours pas décollé et j'appréhendais les sensations. Je les avais déjà subies à l'aller et j'avais dû prendre sur moi pour ne pas crier de peur. Ça me fichait la trouille. L'appareil se mit à rouler lentement, prenant toujours plus de vitesse avant de quitter le sol. Mes doigts agrippèrent les accoudoirs très fortement, comme si ma vie en dépendait, le temps qu'il se stabilise enfin.

Soulagée, j'admirai le paysage de Washington devenir de plus en plus petit, il ne restait à présent qu'un souvenir dans mon esprit. N'ayant plus de batterie, je me mis à imiter mon voisin de vol, mon crâne reposait contre les parois de l'avion et les vibrations qui créaient du son me bercèrent. Je trouvai le sommeil en oubliant que mes siestes étaient mouvementées.

***

Une main sur me secouait l'épaule. Dans un sursaut, je sortis de la route de campagne pour croiser les yeux de David. Il était penché vers moi le regard encore plus inquiet que d'habitude. Sa main balayait les cheveux qui collaient à mon front vers l'arrière. Son souffle arrivait sur mon visage, emmenant avec lui l'odeur fruitée de son haleine. Exotique, des fruits exotiques. D'un mouvement de tête vers la droite, je remarquai l'absence de Luca à mes côtés et en observant un peu mieux, je vis qu'il avait pris la place de David. Celui-ci toujours au-dessus de moi semblait m'observer très précieusement. Il avait réussi à calmer ma respiration saccadée et mon cœur qui battait à tout rompre dans ma poitrine. Enfin du moins il ne battait plus ainsi à cause de la peur.

Finalement, après qu'une hôtesse lui ait demandé de s'asseoir suite à une zone de turbulence, il prit le siège près de moi et attacha sa ceinture. Voyant que je ne réagissais pas, il saisit les deux liens de la mienne et les assembla. Alors que ses mains frôlaient le tissu de mon tee-shirt, ses yeux s'ancrèrent dans les miens.

« -Je n'aime pas te voir apeurée ainsi, tu sais ? Je ressens une douleur au creux du ventre à chacune des larmes qui roulent sur tes joues, c'est douloureux. »

Je ne savais pas quoi répondre, cela ressemblait vaguement à une déclaration mais ma tête n'analysait pas tout. Je ne fis que grimacer et poser ma tête contre son épaule. Il soupira avant d'ajouter la sienne par-dessus.

« -Oh Anaïs ! Maintenant que j'y pense le dernier Hunger Games passe au cinéma ce week-end. J'aimerais beaucoup que tu ... viennes avec moi.

-Serait-ce un rancard, Mr Keller ?

-Non, non ! Enfin si, que si tu veux. Je ... comprendrai si tu ne souhaites pas ...

-David ! David ! Je plaisantais. Je serais ravie de t'accompagner au cinéma. »

Un petit rire sortit d'entre mes lèvres. La rougeur au niveau de ses joues n'était que rarement présente et j'adorais la voir apparaître. Elle me dévoilait un David craintif et sensible. Il releva la tête pour me regarder en embrassant ma joue. Puisque je riais toujours il me mit un coup de coude dans le bras, ce qui ne fit qu'intensifier mon rire. Ça faisait du bien de s'amuser même si je n'osais pas lui dire que mon cauchemar s'était éclairé.

Le vol était long, vraiment très long, bien trop long. Mes jambes me faisaient mal à force de les laisser pliées. L'avion perdit de l'altitude afin d'atterrir sur le sol de mon village d'enfance. Ça faisait du bien d'être chez soi. Je secouai le corps de mon compagnon, c'était fou comme il ressemblait à un enfant quand il venait de se réveiller. Il se frotta les yeux et bailla avant d'attraper son sac à dos et le mien sur l'étagère au-dessus. Notre groupe quitta l'aéroport, laissant derrière nous des jours de bonheur passés tous ensembles.

Sur le parking m'attendait Gabi, la mine joyeuse. Une fois que je fus dans son champ de vision, il s'élança vers moi, criant mon prénom, un sourire béat au bout des lèvres. Je l'attrapai au creux de mes bras, le serrant aussi fort que je pouvais. Il fit de même et des tonnes de questions vinrent m'assaillir. Il fallait que je lui raconte tout pour qu'il ait l'impression d'y être allé.

Soulagée d'être de nouveau dans un endroit que je connaissais, je pris mes parents dans mes bras. Je me rendis compte qu'ils m'avaient vraiment manqué. D'un signe de la main, je saluai mes amis et grimpai dans la voiture afin de pouvoir, enfin, rentrer chez moi.


***

Salut à toutes et peut à tous, on ne sait jamais, voici le chapitre 16 de notre fiction. On espère que l'histoire vous plait toujours autant nous on est contente de l'avoir reprise en tout cas. On essaie de s'avancer assez pour pouvoir publier sans avoir à trop écrire, parce que la rentrée de Septembre sera mouvementée pour Élise et moi. 

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A bientôt

Elise et Noémie 

Crazy for loveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant