Vingt-cinq

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« -Laissez-moi dormir, marmonnai-je contre mon oreiller alors qu'une main insistante me secouait l'épaule inlassablement.

-Anaïs Stewart lève-toi de ce lit maintenant si tu ne veux pas que je descende chercher ton père. Ce ne sera pas le même, tu le sais aussi bien que moi. Et dépêche-toi de te préparer, tu vas être en retard. »

Ma mère quitta ma chambre en prenant grand soin d'allumer la lumière en partant, me brûlant les yeux alors que je ne les avais pas encore ouverts. Plus jamais je ne fais le mur, je me promis en me frottant le visage engourdit par la fatigue. Je cherchai à tâtons ma paire de lunettes sur la table de chevet près de mon lit. Ne les retrouvant pas, je me redressai soudainement et regardai le meuble avant de me souvenir de leur chute vertigineuse du haut de la roue. Quelle soirée parfaite ! Un sourire de bien être pris place sur mes lèvres et en un soupir je retombai au creux de ma couette. Les souvenirs de la veille s'écoulaient dans ma tête et je ne pus que me sentir bien. David avait cette capacité de me rendre tellement heureuse qu'égoïstement je priais pour qu'il reste avec moi jusqu'à que je ne sois plus qu'une vieille peau aigrie et moche.

Des pas plus pressés dans les marches me firent prendre conscience que le temps passait bien vite ce matin et que je n'aurais pas le temps de déjeuner avant de partir si je ne me bougeais pas un peu. Je me levai rapidement, attrapai un pantalon noir, une paire de bretelles marrons et une chemise rayée, des sous-vêtements et m'enfuis dans la salle de bain avant que mon père ne me rappelles à l'ordre.

Mes parents étaient du genre à accepter beaucoup de choses de notre part, ils m'autorisaient à sortir m'amuser avec la bande ou que Thaïs vienne passer la nuit ici. Ils acceptaient beaucoup de choses certes, mais pas que l'on fasse d'impasse sur notre scolarité. J'aimais beaucoup leur philosophie à ce sujet, ils pensaient tous deux que si nous nous donnions les moyens nous pourrions faire ce que nous voulions par la suite, nous épanouir dans notre métier comme le faisait mon père et ne pas laisser quelqu'un choisir pour nous. Alors, depuis toute petite je me dépassai dans chaque matière pour leur bonheur et pour le mien, j'aimais ça, travailler, apprendre des choses et pouvoir les transmettre.

Je passai sous le jet d'eau rapidement et fis en sorte d'être prête à l'heure malgré ma panne de réveil et mon moment de rêvasserie post soirée parfaite. Je me brossai les dents puis enfilai les affaires choisies préalablement avant de coiffer mes cheveux. Ma vue n'était pas des plus nettes sans mes verres, mais je ne m'en sortais pas trop mal. Je sortis.

En bas des marches, mon sac à la main, je fis face à mon père les sourcils froncés par l'impatience.

« -Il me semble que ce n'est pas la première fois ces temps-ci que tu ne te lèves pas à temps. Tu sais que l'école c'est important, Naïs, alors fais attention à être à l'heure, je ne voudrais pas avoir à te punir.

-Pardon papa.

- Dépêche-toi, Roméo est sur le perron »

Je hochai la tête et la baissai ensuite. J'encaissai ses remontrances en sachant qu'il fallait que je me reprenne un peu. Il m'accorda un sourire et avant de sortir je me retournai :

« -Attends, est-ce que tu viens de dire que Roméo était devant la maison ?

-Il a été plus rapide que toi ce matin, me taquina-t-il en pinçant ma joue.

-Wow, rendez-moi mon meilleur ami ! Bonne journée papa.

-A ce soir, chérie. »

Roméo avait sur le bout de son nez une paire de lunettes de soleil et une chemise à carreaux autour de la taille. Son jean délavé et son t-shirt noir concordaient parfaitement avec les accessoires et rendaient sa tenue parfaite pour lui. Il fixait la route les mains dans les poches et se retourna quand il entendit la porte se fermer. Il s'approcha à petits pas et me prit dans ses bras.

Crazy for loveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant