À l'arrivée de midi, seuls quelques chevaux ont retrouvé leurs propriétaires. Le brouillard, toujours aussi dense, complique les recherches. Après cette pendaison ratée, le croque-mort argumente plusieurs théories afin de déterminer le coupable de l'évasion de Parson, en présence du Maire et du pseudo juge, sans toutefois réussir à le démasquer. Le pasteur, ulcéré par l'outrage profané le matin même, ne manque pas de renchérir sur cet acte ignoble.— Je vous ordonne de remettre ces cercueils en place et ce sans délai ! Quelle honte !
— Ah, mais, mes gars vont s'en charger. Allez-y, je reclouerai les couvercles au cimetière, envoie l'homme aux bretelles.
— Non, maintenant !
— Sans façon, j'ai besoin de mes outils : tenailles, marteau et nouveaux clous. Et ça, c'est de la pratique, pas des élucubrations spirituelles ! C'est sur le chemin en plus.
Désespéré par le signe rotatif de l'index de l'énergumène, à hauteur de la tempe, le religieux exécute un signe de la croix et sort. Le binôme en question, bien éméché, s'extrait avec difficulté de ses tabourets accolés au bar, puis rejoint les tables où trônent les deux défunts. Le chariot, toujours présent, accueille avec violence le premier mort. Ce manque de tact dénote l'état des transporteurs, qui ne manquent pas d'en rire. Ni une, ni deux, le second ne tarde pas à rejoindre son acolyte. S'ensuivent les deux couvercles qui finissent rangés entre les deux cercueils, sur la tranche. Tous les protagonistes sortent alors et ils sont tout de suite attirés par un léger bruit de sabots. S'avançant un peu plus, deux silhouettes floutées de cavaliers se dessinent dans ce brouillard à couper au couteau. Fait notoire, l'un d'entre-eux a passé l'arme à gauche, plié par le ventre sur une jument à robe noire. Ses membres pendent de part et d'autre de la selle. Rodgers, interloqué, se frotte le visage et s'approche du probable responsable de cet état de fait. Il reconnaît alors le chapeau jaune kaki, ainsi que l'insigne du shérif, c'est Murdock, en chair et en os. Maintenant à proximité de lui, l'élu ne peut retenir sa satisfaction.
— Magnifique, Murdock ! Je suppose que c'est l'ami évoqué par Parson, celui qui pouvait témoigner des soi-disant deux tirs simultanés ? Bravo !
Rodgers applaudit et l'instant reste en suspend, comme figé dans le temps. Puis le cliquetis du réarmement du barillet par le chien se traduit par un geste vif et précis. En résulte, à la grande surprise de l'élu, le positionnement du canon du revolver sur sa tête. Le cœur glacé d'effroi et le souffle coupé net, ce dernier se met à trembler de peur. Tandis que les autres commencent de dégainer à leur tour, un autre homme, à pied, les fige sur place avec son fusil braqué sur eux.
— Ne bougez pas, c'est un grand conseil.
Au son de cette voix, le croque-mort ne peut s'empêcher de faire claquer ses bretelles, puis monte dans les tours, les bras en l'air.
— Putain de négro de mes deux ! Je te croyais parti depuis perpète !
— N'ayant pas de nouvelles de mon ami, Joe, ici présent, je suis retourné ici. De plus, Jenny voulait savoir si son frère était revenu. Joe m'a tout expliqué en chemin jusqu'ici, et vice-versa.
Forcé de constater que la mise en scène ne manque pas de réussite, car le voilà pris au piège. Dans l'impossibilité de s'enfuir, le Maire soupire fort des narines.
— Où est ma ami ? S'il a été pendu, je te exécute sans une problème, pourriture. J'ai dans le sacoche ici, plusieurs documents vous mentionnant. Des ordres d'exécutions de propriétaires en le faveur de Jacko. Murdock vous servait d'intermédiaire, d'homme à tout faire pour le sale besogne. Un carte aussi, avec une tracé ferroviaire et des lieux où voler des chevaux dressés et le armes qui vont avec.
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Cow-boy Jenny, Les Larmes De Washita, Tome 1 (En Réécriture)
Fiction HistoriqueSuite à un terrible drame à la ferme familiale, Jenny Parson voit son monde s'effondrer. Toutefois, l'aide inespérée d'un mystérieux Afro-Américain, va lui offrir l'opportunité unique de changer son destin si tragique. Dans le flou concernant le ret...