Anne s'était retrouvée dans un tourbillon infernal. Du jour au lendemain elle s'était retrouvée seule, sans que personne ne veuille écouter sa version.
Ils préférèrent se conforter dans ces stupides rumeurs qui les amusaient bien.
Mais depuis lors, Prousto se fit discret car il avait sûrement peur de qu'un retour de flamme se produise contre lui.
Après la violente dispute qui avait éclaté entre Anne et Linda et Alice, une ambiance de mort planait dans l'infirmerie. Rien de bon n'avait découlé de cette dispute, si ce n'est qu'elle savait parfaitement qu'elles étaient en parti responsable de ces rumeurs...La jeune femme en avait profité pour vider son sac, pour dire tout ce qu'elle avait gardé depuis des semaines. Alice et Linda furent ainsi tellement piquées dans leur fierté, que cela avait déclenché une soif de vengeance qu'Anne était loin de se douter.De ce fait, une semaine après cet évènement, un homme débarqua en fin d'après-midi en trombe dans l'infirmerie, ordonnant à Anne de se rendre immédiatement dans le bureau du Chef de corps. La pauvre eut des sueurs froides, car elle savait que cela n'allait rien annoncer de bon.
Arrivée devant l'imposante porte du bureau de l'homme le plus important de ce régiment, Anne prit une grande respiration avant de toquer sur le bois.- Entrez, lui avait-on froidement dit.
En entrant, la première chose qu'elle remarqua, était qu'elle n'allait pas s'entretenir seule avec lui, car à sa plus grande surprise, le Capitaine Alexsandrov était là, sur le côté près de la fenêtre, les bras croisés contre son torse, le regard plus glacial que la normal posé sur elle.
Son coeur se mit à battre à tout rompre.
"Lui ici ? Mais pourquoi...? Est-il au courant des rumeurs et les croit il...?"
Des dizaines de questions tournèrent dans sa téte, interieurement complètement déstabilisée par la présence de cet homme dont elle cherchait tous les jours le regard... Puis elle déporta sa vue sur l'homme imposant et charismatique, assis à son bureau. Elle ne savait pas qui elle devait le plus craindre entres les deux.L'homme, d'environ 50 ans ne bougeait pas et semblait avoir attendu patiemment la venue de la jeune infirmière qui tentait malgré elle de rester la plus neutre possible.
Elle n'avait aucune idée de pourquoi elle était là, et attendait donc sans bouger, droite comme un pique.Enfin le Chef de corps déclara froidement et d'une voix grave, cassée:
- Savez-vous pourquoi vous êtes ici Mademoiselle Laporte ?
- Non, répondit simplement Anne.
En se fiant à la voix de l'homme, en colère, elle savait que sa présence ici n'envisagait rien de bon...-Votre situation est préoccupante Mademoiselle Laporte. Très préoccupante...
Anne sentit son corps trembler. Elle resta cependant silencieuse, attendant qu'il poursuive.
- A peine arrivée, vous séduisez un homme de renommé marié. Ceci est une chose. Mais bafouer votre travail en est une autre...
- Bafouer mon travail ? Osa prononcer Anne.
- Silence !! Vous savez très bien de quoi je parle ! C'est tout simplement honteux, même gravissime ce que vous avez fait ! S'emporta tout à coup le bonheur aux pauvres cheveux sur le crâne et dont les rides rendaient son visage encore plus dur à regarder. L'atmosphère devint lourde.
Le corps de la jeune femme n'était à présent qu'une feuille tremblante. Elle crut sentir son cœur exploser dans sa poitrine. Comment osait il ? Elle sentit au même moment les yeux du Capitaine peser sur elle.
Elle fit semblant de ne pas le remarquer et fixa un point invisible derrière son interlocuteur afin de prétendre de le regarder en face.Malgré le tourbillon d'angoisse qui la chamboulait, elle voulait garder la tête haute.
Elle était si mal.
La présence du Capitaine la rendait si honteuse qu'elle aurait aimé disparaître. Que lui reprochait-on de si grave...? Et pourquoi ces rumeurs...?
VOUS LISEZ
A la margelle
RomanceAnne, une jeune infirmière fraîchement diplômée de 22 ans, intègre pour la première fois son régiment de l'armée de terre, situé dans le sud de la France. Les étoiles pleins les yeux et motivée comme jamais, elle fait peu à peu face à la réalité de...