A la margelle

Chapitre 30

Un long voyage m’attendait.

Ce soir-là Iris m’aida à préparer mes affaires dans ma chambre. Deux autres infirmiers avaient pris le relais à l’infirmerie, où tout le monde était heureusement vivant.

Après avoir rédigé notre rapport, je dû me rendre au bureau d’un officier afin d’avoir plus d’explications sur cette mission dite à haut risque.
En entrant dans son bureau, il fut d’abord surpris de me voir.
Troublé, il remonta d’une main ses lunettes rectangulaires sur son nez en se raclant la gorge.  Ma presence sembla le perturber, mais l’ombre de ma “punition” semblait elle aussi toujours planer au-dessus de ma tête.
Maudite punition. J’avais enfin réussi à l’oublier alors que c’est quand même à cause de cette histoire que j’étais ici..

Si peu clair toute cette histoire...

Tout comme la mission dans laquelle j’allais être conviée dans les prochaines heures.
A 9h, j’allais embarquer au sein d’un convoi armé jusqu’aux dents, avec à sa tête, le Capitaine Aleksandrov.

La durée était indéterminée, et j’étais encore moins conviée à connaître les détails de cette mission puisque mon seul travail était de soigner les soldats, pas de connaître la stratégie de guerre de mes supérieurs.
Tout ce que je savais néanmoins, c’était que notre itinéraire, en forme de boucle, allait nous emmener dans un premier temps à un petit village dans les reliefs afghan, puis à un deuxième beaucoup plus grand et animé lors du chemin retour,  car se cacherait à l’intérieur des rebelles à neutraliser…
Voilà les seules informations que j’avais eu.
J’étais alors très frustrée et vis bien que le temps n’était pas aux questions, surtout de la part d’une jeune infirmière dans mon genre. Mais tout cela avait sans aucun doute un lien avec l’attaque qu’il y avait eu lieu en ce jour, et sans doute pour cela que j’avais été convoqué aussi précipitamment.

-Hey, ça va aller ok ?
Iris me tire de ma rêverie en déposant une main rassurante sur mon épaule. Je lui souris en réponse. 
Ce n’est pas que j’avais peur de la mission en elle-même, mais plus le fait de ne rien savoir du déroulé exact de cette dernière.
J’en étais privée. Etais- je la seule ?

-C’est le fait de plonger dans l’inconnu qui me fait le plus peur. Avouerai-je d’un ton calme.

- Bienvenue à l'armée ma belle. Ironise t'elle en soupirant. Puis elle continua. Notre travail est ingrat. Notre mission à nous, est de soigner ces chers messieurs. Soudain elle m'assigna un regard plein de malice. Mais peut-être que tu en apprendras plus demain. Tu peux tout à fait demander aux soldats autour de toi… Ou bien au plus sexy des capitaines…! Si tu vois ce que je veux dire; dit elle en me donnant un coup de coude aguicheur.

Je savais exactement de qui elle parlait, et de ce fait je sentais mes joues chauffer...!

-T-tu dis vraiment n’importe quoi Iris …!

-Rooooh aller ! Tu crois que j’ai pas vu ta tête quand il a fait irruption dans l’infirmerie ! T’étais trop chou !

A ces mots, je lui balance mon cousin dans la tête tout en l’intimant de se taire. La seconde d'après, le fou rire nous prend sans que nous puissions nous retenir. Cela se termina en bataille de coussins. Nous faisions un boucan tel que deux filles que je ne connaissais que de vu, entrèrent dans la chambre pour nous demander de faire moins de bruit car tout le monde essayait de dormir.

-Tu vas voir, ça va passer vite normalement.
-T’en as déjà des missions comme ça ?
-nan, jamais; ça craint alors que je suis plus vielle que toi.

On avait fini par s’allonger au milieu de ma chambre. La chaleur etait telle que le laid carrelage de cette dernière semblait si confortable en cet instant. Iris était toujours là, et cela me fit beaucoup de bien.

Je contemplais la lumière jaune de mon plafond tout en faisant défiler à vitesse grand V toutes les questions que j’avais en tête: le capitaine, la mission, MA mission, à mon père…
J’étais partagée entre l’impatience, le stresse, et la peur de l’inconnu.
Je repensais au fait que ma vie avait pris un énorme virage ces derniers temps...tellement de choses s'étaient passées.

Un sentiment d’injustice était né en moi, et j’essayais tant bien que mal de le dompter. J’ai toujours essayer de voir le bon côté des choses, et ce dans n’importe quelle situation.

D’un coup Iris s’assit en tailleur en poussant un cri de rage contrôlé.

-Raaaaa bon sang mais comment ces enfoirés ont pu t’envoyer ici ??? C’est tellement dégueulasse !! Je te jure que si je vois ce Prousto je lui coupe ce qu’il a entres les jambes!!

Je lui avais raconté toute l’histoire. Et j’avais l’impression qu’elle était plus en colère que je ne devrais l’être.

-C’est pas l’idée qui m’a manqué. Mais maintenant que je suis là… j’ai envie de leur prouver que je ne suis pas ce qu’ils médisent…mais je t’avoue qu’avant de rentrer dans l’armée, j’étais loin de m’imaginer que je me retrouverai dans une situation pareille.

-bon sang, quel bande de crevard ces mecs. Promets moi que tu ne feras rien de risquer ! Je veux qu’à ton retour, qu’on se fasse une mega soirée pyjama dans ma chambre. On videra le rayon des snacks du camp des américains, et on passera la soirée à se goinfrer de sneackers en écoutant de la musique!

Je me redresse à mon tour et la regarde en souriant, heureuse de m’être faite une aussi bonne copine :
-Je te le promets.

Au bout de quelques minutes, Iris finit par se diriger vers la porte de sortie afin de rejoindre sa chambre. Mais avant de franchir la porte, elle déclara en ricanant;
-ah et profites-en pour te rapprocher de ton bg de Capitaine !!!
Heureusement pour elle, elle ferma la porte derrière elle avant de se prendre le coussin que je lui avais balancé.

Cette nuit-là, je n’avais pas beaucoup dormi. Entre la chaleur étouffante et le stress qui me donnait la boule au ventre, je n’ai fait que tourner dans tous les sens dans mon lit en me posant mille et une questions.

A quel point la mission allait être dangereuse ?
Combien de temps allait-elle durer ?
Serai-je à la hauteur en cas de situation extrême ?
Verrai-je souvent le Capitaine…?