Chapitre 13

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Anne avait couru un moment sans vraiment savoir où elle allait. Essoufflée et le visage rougit par les larmes qu'elle avait versé et qui continuaient à dévaler sur ses joues, elle arriva au bout d'un moment devant l'immense porte en bois de l'ancienne petite chapelle du régiment, située bien à l'écart, à l'entrée d'une forêt d'arbres secs et résineux.

Appartenant il y a des siècles de cela aux templiers, cette ancienne chapelle appartenait désormais au régiment qui mariait ses soldats en son sein à une époque revolu, car la Chapelle semblait avoir été complètement oublié...
La fraîcheur qui se dégageait de la bâtisse lorsqu'elle ouvrit la porte, contrastait agréablement avec la chaleur étouffante de l'extérieur.
Anne courut alors se réfugier à l'intérieur du lieu saint, lieu qui représentait pour elle un véritable échappatoire lorsque les casseroles de sa vie étaient trop lourdes à porter.

Agenouillée devant l'autel délabré sur les vielles marches en pierre, elle éclata en sanglot de plus belle, les mains jointes, suppliant le Seigneur de lui donner la force dont elle avait besoin.
Elle se mit à s'excuser, à supplier son pauvre père de l'aider, à jurer qu'elle n'était coupable de rien dans cette histoire.
L'odeur du vieil encens encore imprégné dans la pierre s'immiscaient dans ses poumons, ce qui apaisa quelques instants son coeur meurtri.
Ses larmes séchées, Anne révéla enfin la tête pour observer silencieusement les vitraux, éclairés par les chauds rayons du soleil, lui offrant alors un cocon tamisé et chaleureux dont elle se délecta.

Le cœur et l'esprit désormais apaisés, la jeune femme réfléchissait à présent. Elle réfléchissait à un moyen de prouver son innocence, à un moyen d'effacer à jamais cette tâche d'encre qui s'avérait extrêmement difficile à retirer et qui venait de tâcher une partie importante de sa carrière. Sinon les conséquences pouvaient sérieusement être embêtantes.
De toute évidence, même si cette mission s'avérait dangereuse, elle était aussi l'occasion de prouver à tous sa valeur et par conséquent, de faire réaliser par ses actes son innocence.

Oui, c'est comme ça que je dois prendre les choses - pensa t'elle.
Ce n'était pas le risque de mourir qui lui faisait peur, mais la peur de mourir sans avoir prouver à tous son innocence et que tous voient sa morte comme étant le résultat d'un karma bien mérité.
Un destin funeste, oui, mais idiot, non, et pour rien ? Non plus.

C'est revigorée, qu'Anne se releva enfin. Ses jambes lui faisaient peu mal, elle s'étira avant de se tourner vers la sortie, quand soudain elle sursauta de peur.

-"Vous ici ?!" Murmura t'elle, d'une voix à peine audible à l'homme qui venait d'apparaître en face d'elle à l'entrée de la chapelle.

Terriblement gênée à l'idée qu'il puisse l'avoir entendu parler et pleurer la figée sur place. Elle resta planté là, paralysée, au milieu de cette chapelle qu'elle croyait oubliée de tous.
L'homme paraissait tout aussi surpris qu'elle de la voir ici. Lui qui venait quelque fois, n'avait jusqu'à present jamais vu personne.

Il avait assisté à quasiment toute la scène, mais fut tellement hapé par cette détresse attendrissante, par cette femme éclairée par les vitraux divins de cet endroit qui semblait comme hors du temps, qu'il n'avait rien dit. Il se sentit tout à coup très bête. Cela ne lui ressemblait pas.

Elle ressemblait à un ange, perdu. Un être innocent, une biche apeurée par la lumière agressive des fards d'une voiture.

Anne se décida tout à coup a briser le silence en marchant tout droit vers la sortie, d'une démarche qui se voulait assurée. Mais quand elle arrive au niveau du Capitaine, ce dernier lui saisit brusquement le bras. Sa main visiblement beaucoup trop large comparée à son bras, Anne se sentit comme prise en étau par cet homme qui le dépassait de bien deux têtes.
Son coeur battait à mille à l'heure. Que voulait il ?
Ses yeux verts se posèrent enfin sur les siens, quand il déclara :

- Veuillez vous préparer comme il se doit pour la mission. Je ne veux pas de boulet dans mon groupe.

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