Chapitre 32

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Le lendemain, nous voilà déjà reparti sur les routes sinueuses et abîmées en terre Afghane.

La soirée de la veille s'était achevée sous un lourd silence.
Le capitaine était resté à mes côtés quelques minutes avant de quitter notre réunion autour du feu pour rejoindre sa tente.
Il m'avait laissé là, l'esprit confus et le cœur battant à la chamade, mais aussi extrêmement frustrée.

Pourquoi nos entrevues se terminaient-elles toujours ainsi?

Pourquoi a-t-il l'air de me haïr comme ça ?? Pensai-je une fois dans mon sac de couchage.

La nuit avait été longue.
Le voyage, le village, les enfants, la guerre, les bruits de la nuit dans l'haridité, tout défilaient dans ma tête, m'empêchant de trouver le sommeil.

J'avais finalement passé le temps en discutant avec Mélissa par texto, où elle m'apprit qu'elle avait rompu avec Florian. Je voulus être sûr alors qu'elle aille bien, en savoir plus, mais elle n'avait pas l'air de vouloir en parler plus que ça, puisque que rapidement, elle changea de sujet pour dériver sur le Capitaine.

D'humeur molle et épuisée, je finis par avouer à mon amie à quel point le Capitaine me faisait de l'effet, et sa réaction me fit aussi rire que rougir.
Mon amie me fit alors réaliser, après m'avoir tirer les vers du nez avec des centaines de questions, digne d'une pro des cœurs, comme il était devenu inutile de le nier.
Le Capitaine me plaisait, cela était devenu indéniable.
Mélissa avait l'air heureuse pour moi que cela m'arrive enfin, puisqu'en effet... ce fut la première fois de ma vie que cela m'arrivait...

Toutefois, je ne pus m'empecher de me trouver ridicule.
On ne s'est presque jamais parlé, et les seules fois que c'est arrivé, ce n'était pas pour les meilleures raisons.
Mon amie m'intima de prendre les devants, d'avoir du courage et d'aller lui parler.

Mais du courage à quoi...? A le draguer... ?

Mon dieu, cette pensée m'embarrassa, car cela n'était pas mon genre et puis...je ne savais surtout pas faire, encore moins au milieu du désert Afghan, dans le flanc d'une montagne, où peut surgir de n'importe où des talibans.

Face à mon "manque d'audace", et à avec le si peu d'informations que j'avais sur lui, Mélissa m'incita à lui dire si oui ou non ce "cher Conrad" était marié ! Sauf que je n'en avais aucune certitude! Même si la magnifique femme que j'avais vu chez lui avait l'air particulièrement proche de lui...
À final, c'est l'esprit encore plus embrouillé que je finis par m'endormir, en me remémorant le jour où je me suis retrouvée seule avec lui sous cet abri un jour de pluie...



-Vous, vous montez avec moi.
-H-hein?
- dépêchez vous, je ne me répéterai pas.

C'est aussi étonné que moi, qu'Adrien me regarde quitter le véhicule dans lequel on venait de s'installer, sous les ordres du Capitaine, qui venait d'apparaître dans l'encadrement de la porte, avec toujours un air aussi glacial.

Je le suis alors sans plus tarder, ne comprenant alors toujours pas pourquoi est ce que j'étais conviée à monter à bord des véhicules des plus hauts gradés de ce convoi.

J'étais la seule infirmière de ce camion, où siegaient alors en face de moi deux lieutenants ainsi qu'un adjudant, et le Capitaine... assis lui juste à coté de moi, les bras croisés sur le torse, les yeux fermés, comme s'il se forçait à rester de marbre.

Tandis que l'homme de mes pensées restait silencieux, les trois autres hommes me saluent lorsque je m'installe, avec l'air tout aussi étonné que moi de me voir ici.
Cela aurait donc été la volonté même du Capitaine ? Me veut t'il sous sa surveillance à ce point ?

Sachant que je n'aurai probablement pas de réponse, je reste assise sagement, à regarder par la fenêtre le paysage défiler, tandis qu'intérieurement, je me concentre pour que mes genoux ne puissent pas, ne serait-ce frôler ceux de l'homme virile  et puissant qui se tenait juste à côté de moi, l'air impassible, à qui je ne pouvais m'empêcher de jeter des regards discrets.
De même que je ne faisais que repenser à la conversation que j'avais eu la veille avec Mélissa, qui me poussait à me rapprocher de lui... disons que là j'étais servie, car j'allais passer le trajet entier à ses côté, dans un camion qui ne fait que trembler dans tous les sens jusqu'à notre prochaine destination.

D'ailleurs, en écoutant ce qui se disait dans l'habitacle, j'appris que celle-ci se trouvait plus loin que la précédente, de sorte que nous comptions rejoindre avant la tomber de la nuit, le domaine d'une grande famille paysanne qui vivait aux abords de notre point d'arrivée : une manière de mieux appréhender la "jungle" que nous nous apprêtions à explorer.
Après avoir réaffirmer notre alliance avec le village précédent, il était temps de passer à l'étape supérieur, disaient ils, destinée à dénicher le nœud rebelle qui se cachait toujours ici, et depuis trop longtemps, quelques part dans les montagnes, qu'ils ont l'avantage de mieux connaître que nous.
Et dans ces montagnes est nichée une cité du nom de Bazarak, abritant en son sein des hommes dangereux, qui nous nuisent férocement, mais surtout aux habitants de la région.

Cette mission de dernières minutes, qui était en fait prévu depuis un moment, mais qui a demandé à être déclenchée un peu plus tôt que prévu, avait pour but de neutraliser ce groupe rebelle, niché depuis trop longtemps dans cette cité.

Il était venu l'heure pour eux de disparaître, et apparemment, une aide américaine allait même intervenir, à ce que j'ai pu comprendre...car interdite face à toutes ces révélations, épuisée par l'absence de sommeil, et les secousses du camion, je finis malgré moi par tomber dans un profond sommeil, blottis contre quelque chose de si confortable, enveloppée dans une senteur de menthol et d'huile d'armement...

A la margelleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant