Après notre long périple dans le désert, notre convoi arrive enfin sain et sauf au camp de Kapissa, une zone stratégique que nous contrôlons.
L'air est lourde, chaude, et les jets de sable que le vent emportent dans ses bourrasques ne rendait en rien le voyage agréable. Seul le beau paysage m'aidait à me conforter dans cette inconfortable posture. J'irai même jusqu'à dire que mon esprit était comme déconnecté de la réalité. Je réalise à mesure de notre avancée, que malgré le retournement de situation, que j'ai quand même du partir de force, faute d'effectif.
J'avais été berné. Peu importait donc je dus partir en guise de punition, mon départ avait sans doute été décidé bien avant ces malheureux événements.
De toute manière on ne peut rien faire face à cette Institution qu'est l'armée. Elle est une véritable société dans la société. Cela a de bons cotés, mais aussi des mauvais... comme dans tous les métiers, il y a de bonnes et de mauvaises personnes...Je n'allais toutefois me laisser abattre. Je me rappelais en effet des paroles de mon amie qui m'encourageait à ne pas me laisser impressionner, et à leur montrer à tous de quoi je suis capable. Je dois garder la tête haute et toujours avoir à l'esprit pourquoi et pour qui je suis là...
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Je suis tirée de ma rêverie lorsque je sens une ombre nous surplomber et le véhicule ralentir de plus en plus la cadence.
Nous étions arrivés.
Tandis que je tourne la tête dans tous les sens pour ne rater aucun détail de mon nouveau lieu de travail, le Capitaine en face de moi est toujours droitement assis, les bras croisés sur son torse bombé et les yeux clos, l'air totalement serein avec toujours ce soupçon de sévérité. Il n'avait pas l'air de dormir, mais seulement d'attendre de mettre pied sur terre comme si c'était une simple routine.
Je me souviens alors du jour où je suis tombée sur son dossier. J'avais pu lire ses rapports médicaux, et à l'armée, sur chaque rapport médical est écrit l'endroit où à eu lieu la blessure, les vaccins et autres protocoles medicaux, et sur ceux que j'avais pu lire le concernant, ils témoignaient du nombre impréssionnant d'OPEX effectuées.
En tout, j'ignore combien il en a fait, car il n'a pas pu être blessé a chacune de ses OPEX, mais à mon avis, il n'a du en rater aucune. Ceci expliquerait donc son calme olympique. Tout ceci n'est qu'une routine pour lui. C'est sa vie. Mais alors je n'imagine pas ce que doit ressentir sa femme lorsqu'elle apprend au téléphone que son mari a été blessé, ou que lui même lui annonce qu'il doit encore une fois partir loin d'elle... s'est-elle habitué à cela...?
Cela ne faisait que rendre le Capitaine encore plus mystérieux, encore plus énigmatique. Et moi je n'avais qu'une envie; celle d'apprendre à le connaitre.
Il fallait dire aussi que les précédant événements entre lui et moi n'avaient fait que renforcer l'envie incontrôlable de le voir et l'attirance étrange que j'avais pour lui...même si j'ignorais. complètement ce qu'il pensait et que j'avais l'impression que ce gars était juste super lunatique.
A ce moment là je suis dans une situation très étrange, d'autant plus que je vais littéralement passer mes journées et mêmes des nuits entières avec lui...
Mais pour le moment je décide de ne pas trop me prendre la tête avec tout ça, et reporte alors mon attention sur ce qui m'entoure.
Le camp est extrêmement bien fait. Fortifié d'immenses murs de béton et de barbelets, lorsque nous arrivons devant les portes blindés où deux tours de contrôle trônent de part et d'autre de celles ci, je me sens tout à coup toute petite.
De l'autre côté des portes, une véritable petite société vit à l'intérieur. On s'active, on court, on porte des caisses lourdes, des sacs de sable, on nettoie. C'est une véritable fourmilière.
A notre arrivée des têtes se tournent, dans notre direction. Je regarde tout ce qu'il se trouve autour de moi.Lorsque nous nous arrêtons enfin sur une grande place en terre, je sens tout à coup les effets du voyage prendre mon corps. Je me sens sale, j'ai dû sable et de la terre partout et je colle à cause de la transpiration.
Mais l'heure de la détente n'est pas encore arrivée car nous devons à présent tout décharger.Cela nous prend environ une trentaine de minutes. A la fin, je récupère mon propre sac et nous nous réunissons près des camions dont la chaleur émane encore des moteurs fraîchement coupés.
L'heure des explications a sonné, et tous les ordres du moment vont nous être donné ainsi que la répartition des chambres. Un chef nous explique tout, en hurlant presque pour que tout le monde puisse l'entendre. A ses cotés se tient le Capitaine qui comme nous, attendait que l'homme est terminé.
Une fois chose faite, on nous donne quartier libre pour la journée car nos chefs voient bien que notre voyage haute en adrénaline, nous a tous tous bien fatigué.
Je m'éloigne alors du Capitaine qui avant de prendre un chemin opposé au mien, fait mine de m'ignorer alors qu'il m'a très bien, avant de me tourner le dos...!Je comprends décidément rien à ce mec...! Pensai-je à bout, et en ne pensant qu'à une chose : prendre une douche froide.
Je me dirige donc avec mon gros sac à dos et mon sac sous le bras vers le bâtiment B6, qui est celui des femmes, et le seul dédié.
En longeant les bâtisses, je remarque que ces derrières sont vielles et abîmées. En même temps, pas facile d'entretenir quoi que ce soit au milieu du désert. Le sable et la terre sèche abîment les murs qui ne sont pas fait pour durer dans le temps. Le camp est fait pour être abandonné en cas d'attaques.
La seule chose à défendre ici sont les fortifications, les armes, les munitions et notre peau.En entrant dans le bâtiment fait tout en longueur, je foule un sol de gros carreaux gris et longe des murs en béton sans artifice.
Je signe un papier de mon nom et la date d'entrée, puis une chambre m'est attribuée.
Je suis à la chambre numéro 24.Pressée de prendre une douche bien fraîche et de déposer mes sacs, je trace dans le couloir sans même regarder si d'autres femmes se trouvent là. J'arrive devant la porte de ma nouvelle chambre, et remarque en y passant la tête que je suis seule. Nous ne devons pas être beaucoup de femmes en même temps... pensai-je.
L'équipement est rustique, sans artifice, le stricte minimum.Elle est équipée d'un lit simple, avec au bout un grand coffre en bois, d'une table de chevet avec une lampe, d'une grande armoire avec un bureau et une chaise, et à droite de l'entrée se trouve une petite salle de bain avec toilettes. Une fenêtre à gros volet en fer donne sur le bâtiment voisin.
Après avoir déposé mes affaires, je soupire de plaisir lorsque je sens l'eau fraîche de la douche me décrasser de toute la saleté accumulée en seulement quelques heures.
De la même manière que je sens mon esprit s'apaiser, et effacer petit à petit le stresse du voyage qui ne faisait que croître en moi. En même temps, je range le Capitaine Aleksandrov dans un tiroir de ma tête, car je ne veux surtout pas me retrouver dans une histoire au milieu du désert, qu'on m'accuse encore une fois de vouloir voler un homme marié de sa femme alors que c'est complètement faux.Mon attirance pour lui, je dois à tout prix l'étouffer, la faire disparaître à jamais. Il n'a fait que m'aider car il est sans aucun doute quelqu'un de bien, voilà tout.
Je vais donc faire comme lui, l'ignorer et surtout, tout faire pour ne pas être un boulet ambulant et le décevoir.
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A la margelle
عاطفيةAnne, une jeune infirmière fraîchement diplômée de 22 ans, intègre pour la première fois son régiment de l'armée de terre, situé dans le sud de la France. Les étoiles pleins les yeux et motivée comme jamais, elle fait peu à peu face à la réalité de...