XLIV.

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***Monia BABAS, juillet***



Après la rencontre avec Ashley, j'ai couru raconter la scène à ma mère oubliant même que je n'étais pas sensée aller en boite de nuit. Si elle veut me frapper, qu'elle me frappe mais il fallait qu'elle sache. On a donc décidé d'aller rester souvent aux abords de sa boîte de nuit dans l'espoir de le coincer. Au bout de quelques semaines on l'a revu. Maman a fait une scène en route en le traitant de pédophile devant les gens. Il a rétorqué que j'avais menti que j'étais majeure alors que c'est faux, seize ans c'est toujours être mineure. Quand maman a commencé à bien le secouer, il a crié sur elle devant les gens en disant « quand sa fille mineure découche deux semaines pour aller se faire coucher par un adulte, on ne fait pas de scandale. On se tait et on se fait petit. » On a eu honte mais il fallait garder la face.



Ce jour ses amis ou frères sont venus nous embrouiller et Ashley a réussi à fuir. Depuis cet incident qui s'est passé en février, je n'ai absolument plus de nouvelles. Déjà nous sommes interdites d'accès à la boite de nuit maman et moi, mais je ne pense pas qu'il ira encore là-bas de sitôt. Je n'ai plus aucun moyen de le retrouver, plus aucun.



C'est vraiment difficile. C'est encore plus difficile qu'avant avec deux enfants. Je suis obligée d'utiliser les affaires de Lily-Rose pour Ashley. Un bébé de dix mois se retrouve à porter les couches d'un enfant de deux ans. Et même là, comme Lily-Rose ne porte les couches que la nuit, bah il n'y en a pas beaucoup. Lucas me fait ça dure, pire encore depuis que la petite va chez eux un samedi sur deux. Il a tout diminué. La blanchisserie ne rapporte pas assez et mon dos n'en peut plus. Je ne me suis toujours pas remise de la césarienne.



C'est dure. Je n'arrive plus à supporter. La galère est encore pire qu'avant. Je ne voulais pas garder la grossesse d'Ashley, on m'y a obligé et voila le résultat. C'est quelle vie de souffrance, de misère ? Je n'ai pas signé pour ça. Non, je refuse. Même un chien ne devrait pas vivre dans les conditions dans lesquelles nous vivons.



Aucune aide d'Analia car on s'est chamaillées. Elle voulait une fois de plus me faire la morale alors que j'étais dans mes nerfs. Je lui ai répondu comme je lui ai répondu et elle a dit qu'elle ne dépensera plus le moindre centime pour moi. Genre avant ça elle faisait trop quelque chose ?



J'ai encore essayé de faire chanter Mayite avec l'enfant pour obtenir un peu d'argent, surtout lorsqu'il fallait rembourser l'argent de la tontine. Cette fois Lucas m'a appelée pour me dire que si dans l'heure qui suit Lily-Rose n'était pas chez eux, il se lavait complètement les mains d'elle. Avant j'aurais fait la têtue, mais deux enfants sans père actuellement ? Donc depuis l'enfant passe un week-end chez moi, un week-end chez son père.



Je finis de repasser ma dernière bassine et le dos me fait atrocement mal. En plus j'ai faim. Je répartis les vêtements dans les différents sacs. J'évite de les mélanger pour ne pas me tromper. Ma tâche terminée, je vais me servir à manger ainsi qu'aux enfants. Ça sera notre seul repas de la journée donc on le prend en fin d'après-midi.



Je mange le cœur lourd. Personne ne devrait vivre ainsi, je refuse. Nous ne sommes pas des animaux.



***Mayite NGOYE ADIMANGOYI***



Lucas a eu son bac. Il vient de m'appeler pour me l'annoncer. Je ne peux pas décrire la joie et le soulagement qui m'animent en ce moment. J'appelle maman Lou pour l'informer.



- Félicitations Mayite !


- Merci mais c'est à Lucas qu'il faut le dire.


- Mayite ce que tu as fait à même pas trente ans, il y a des adultes qui n'ont pas réussi à le faire. Encadrer tes petits frères comme tu l'as fait, beaucoup n'y arrivent pas.

MayiteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant