Épilogue

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Je m'installe toute affamée dans le restaurant sénégalais. Je n'ai pas eu le temps de préparer mon déjeuner la veille et me retrouve à faire quelque chose que je défends aux membres de ma famille de faire : manger dehors.



La serveuse s'approche avec un calepin et un stylo. Je sais déjà ce que je veux, un poulet Yassa accompagné d'un coca bien frais (un soda une fois l'année ça ne tue pas). Elle s'en va et à ce moment je lève la tête et balaie la salle du regard. Non loin, un homme me fixe le sourire aux lèvres. En le voyant, je souris aussi. Il se lève et vient vers moi.



- Bonjour.


- Bonjour Calvin. Comment tu vas ?



Je me lève avec entrain pour lui faire la bise. Son visage n'a pas bougé depuis le temps.



- Je vais bien. Et toi ?


- On ne se plaint pas. Si tu es seul viens manger avec moi.


- Avec plaisir.



On s'assoit et immédiatement il me bombarde de questions.



- Dis-moi tout, combien d'enfant ?


- Trois. Deux garçons et une fille. Et toi ?


- Deux filles. Toujours avec Amos papa méchant ?



J'éclate de rire.



- Respecte mon mari Monsieur.


- Ah je n'ai pas oublié. « Je ne partage pas ma paternité » c'est ce jour que j'ai compris que l'histoire-là serait compliquée.



Je repense à la scène et me mets à rire. La jeunesse c'est quelque chose vraiment.



- Ma femme est une fane inconditionnée des pâtisseries de Lucas, je l'ai même déjà rencontré une ou deux fois.


- Il ne m'a rien dit.


- Et comment va l'autre, ton deuxième frère ?



Les gens se rappellent rarement de Raphaël tellement c'est une personne effacée.



- Raphaël va bien. Il est rentré et a rejoint le cabinet de Ryan.



Je lui sors une carte de Raphaël et une autre de Ryan.



- Publicité gratuite, il me taquine.


- C'est ce qui nourrit mes enfants, je rigole. Comment vont tes activités ?


- Ecoute, en ce moment je suis sur un gros projet. Je n'en dis pas plus parce que je suis superstitieux mais sinon ça va, les affaires se portent bien. Et toi ? Tu es sûrement dans le cabinet de ton mari ?


- Oh que non ! Mon mari je l'aime de tout mon être, mais on a partagé la même école de la maternelle au bac ainsi que les deux années de Master. C'est bon quoi !



On rigole pendant que nos plats nous sont servis.



- Donc tu es toujours dans le même cabinet ?


- Non, je suis maintenant DAF chez la dame aux civils (Société d'Eau et d'Energie du Gabon).


- Ça va, il fait admiratif.



On discute tout le long du repas, j'avais oublié combien c'était un plaisir de discuter avec lui. On se remémore des souvenirs qui nous paraissent lointain. A la fin chacun prend sa route mais il promet partager les cartes de visites du cabinet autour de lui.



Je retourne au travail m'enfermer dans mon bureau pour une petite sieste. Il m'est impossible de faire l'aller-retour jusqu'à la maison alors j'ai un petit matelas gonflable que j'utilise pour me reposer quelques minutes. Je ne dors pas forcément, parfois je suis juste allongée les yeux fermés.

MayiteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant