Nous sommes en juin, il fait de moins en moins chaud. C'est le début de notre période hivernale lol. Les apprenants sont maintenant en vacances, c'est la saison durant laquelle on vend le plus de billet.
Je reçois justement un client qui veut trois billets pour la Turquie. Je lui donne les prix et il me demande de valider. Je ne le regarde que lorsque c'est nécessaire.
- Votre nom ?
- Vous allez me le demander à chaque fois ?
Je lève la tête et le regarde. C'est vrai qu'il vient souvent pour faire des mandats et prendre des billets, mais je n'ai jamais retenu son nom.
- Maurice NJEKO
- Merci. Je peux avoir les documents de voyage ou les noms ?
Il me donne les passeports et je fais les billets. Le Monsieur paie avec trente mille en surplus que je lui rends.
- C'est pour vous.
- Merci.
- Je pourrais au moins avoir votre prénom ?
- Mayite.
- Joli et original. Je peux tenter ma chance en demandant le numéro de téléphone ? Pas forcément pour vous draguer. C'est surtout à des fins professionnelles.
- Je vais vous donner le numéro de l'agence alors, je réponds en souriant.
Il s'en va et je continue ma journée. Entre deux clients, j'envoie mon CV à plusieurs entreprises au Gabon et à l'étranger. J'ai étudié quelque chose de bien précis et c'est dans ça que je veux exercer.
A 17h je sors des locaux de l'agence pour aller à la recherche d'un taxi. Je marche le long du trottoir lorsqu'une voiture klaxonne derrière moi. Je m'arrête et la voiture fait pareil à mon niveau. Je reconnais le Maurice NJEKO que j'ai reçu un peu plus tôt.
- Je vous avance ?
- Merci.
Je m'installe dans sa voiture et il démarre.
- Vous allez où ?
- A Acaé.
- Ça marche. C'est avant la zone d'embouteillage. J'ai une heure tout juste pour aller rendre la voiture.
- Ah ! Elle n'est pas à vous ?
- Non. Je suis chauffeur en journée et étudiant le soir.
- Je vois. Vous étudiez quoi ?
- Logistique et transport maritime. J'ai obtenu ma licence il y a cinq ans mais les aléas de la vie ont fait que ce n'est que maintenant que je puisse reprendre mes études.
- Je trouve ça très courageux. Beaucoup aurait baisser les bras.
On discute énormément de tout le trajet jusqu'à la maison. Je ne suis pas très sociable, bien au contraire je suis une huître. Mais il y a des gens comme ça, tu les rencontres et le courant passe immédiatement.
Maurice me dépose chez moi et me demande à nouveau mon numéro de téléphone. Je le lui donne de bon cœur juste avant de descendre de sa voiture. Mes deux pestes de petits frères me chargent à peine j'entre dans la maison. C'est toujours Raphaël qui emmène le désordre.
Maman rentre peu après et nous trouve dans notre ambiance. Toutes les deux passons ensuite en cuisine pour le dîner du soir et le repas du jour suivant des deux vacanciers.
