XII.

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Les trois mois que je m'étais donné sont arrivés à échéance. Je n'ai toujours pas reçu de réponse convaincante en France et aucune au Gabon. Je ne peux pas éternellement vivre chez les gens quoi qu'ils soient très gentils, alors j'ai pris la décision de rentrer. J'attends que maman me prenne un billet aller simple. En attendant, je fais déjà le tri dans mes affaires et j'envoie une partie au Gabon.

Je pouvais rester, accepter des petits boulots, mais la vérité est que je ne veux plus rester ici. Peut-être que je fais une erreur, mais actuellement c'est ce que je veux. Je ne vois plus l'intérêt de rester ici.

Concernant Ryan, il vient ici tous les jours. Au début je l'ignorais et il se contentait de discuter avec le couple, mais aujourd'hui la colère est passée. On se parle comme deux personnes civilisées même si je n'ai plus rien à lui dire.

Je disais tantôt que la colère est passée, la déception aussi, la douleur non. Je suis toujours en train de digérer notre rupture mais une chose est sûre, Ryan et Mayite c'est terminé. Maman Lou m'a appelée quand elle a su, elle m'a dit que la relation qu'on a toutes les deux ne dépend pas de celle que j'ai avec Ryan. Je l'appelle et passe chez elle comme et quand je veux. De mon côté c'est clair. Par contre Ryan ne veut pas le dire autour de lui. Il parle toujours de moi comme étant « sa femme ».

Je me rends au secours populaire faire don de mes doudounes et manteaux ainsi que tout vêtement en similicuir, incompatible au climat du Gabon. Les manteaux en fourrure je les revends pour me prendre des vêtements et accessoires pour le boulot ou stage. C'est ainsi que j'occupe mes journées avant d'aller au boulot. Je suis réceptionniste dans un cabinet d'avocats.

Dans l'après-midi maman envoie le billet et un mandat. Elle veut que je lui fasse des achats et que je me prenne des affaires pour le boulot. Je rentre totalement épuisée. Ryan et moi nous rencontrons devant le portail. Sans mot, j'ouvre et on entre. Anaïs et Jacob ne sont pas là, ça tombe bien je voulais discuter avec Ryan seul à seul.

- Je t'écoute.

- Je rentre au Gabon. Dans trois semaines.

- Oh ! il fait surpris.

- On a acheté un terrain ensemble qui t'appartient à soixante pour cent. Comment on fait ? On vend ? Tu me rembourses ? Ou on divise ?

- Je ne sais pas Mayite. Ce terrain je m'en fiche. Qu'en est-il de nous ? Ça fait trois mois que tu es partie.

- Ryan il n'y a plus de nous et ce bien avant même que cette histoire avec cette fille n'éclate. Aujourd'hui je te parle sans colère, entre nous c'est voué à l'échec. On n'a pas la même vision, les mêmes attentes de la vie.

- Ça n'a jamais empêché deux personnes qui s'aiment de vivre ensemble Mayite.

- A condition d'accepter de faire des concessions dans l'intérêt du couple. A condition que l'un ne tire pas l'autre vers le bas, ne le retarde pas.

- Tu ne trouves pas que tu y vas un peu trop fort ? On n'a que vingt-trois ans Mayite. Vouloir profiter fait de moi un boulet ? On a toute la vie pour investir, pour penser à demain.

- Non Ryan. Moi je n'ai pas toute la vie. La force et les opportunités qu'on a aujourd'hui, on ne les aura peut-être plus demain.

- Je vais changer chérie.

- J'ai déjà trop entendu ça Ryan. Trop.

- Mais ça a toujours été sincère. Sauf que cette fois, j'y mettrai encore plus de volonté.

MayiteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant