XIX.

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Premier décembre depuis le départ de maman. Si ça ne tenait qu'à moi, je n'aurais rien fait. Je n'ai pas le cœur à festoyer avec tout ce que je traverse. Mais il y a les autres, donc pour Noël je fais un petit repas entre nous. Je préfère commencer mes courses dès novembre pour esquiver les pénuries et hausses de prix. La semaine avant Noël j'achète simplement les bûches et encore plus de chocolat.

- Mayite ?

- Oui. Je suis au balcon.

Maurice suit la voix jusqu'à moi.

- Tu commences déjà à nettoyer ? Bref, mon patron m'a donné de la boisson. Du vin rouge et un mousseux.

- C'est gentil. Oui, je commence déjà à nettoyer pour ne pas me retrouver débordée.

- Ça te dérange si ma sœur se joint à nous.

- Non. Mais je ne pense pas que les garçons soient ok avec.

- Pourquoi ?

- Ce repas c'est principalement pour Lucas. Et il l'a dit, si ça ne tenait qu'à lui, ce premier Noël sans maman, on serait resté à trois dans notre maison.

- Donc même moi il ne me veut pas ? Après tu vas dire que tes frères n'ont rien contre moi. Que j'exagère.

- Maurice il vient de perdre sa mère, sa maison et beaucoup de ses habitudes. Noël était important pour maman, on avait toujours un repas entre nous avant la messe. Le plus important est que tu sois là.

- Et si j'ai envie d'être aussi avec ma famille ? Ma mère, mon frère et ma sœur.

- Tu peux y aller alors.

- C'est ce que tu me dis ?

- Maurice ce repas je ne voulais pas le faire, tu n'as pas non plus émis le désir d'en faire un. C'était l'idée de Lucas. Le nouvel an on peut aller chez tes parents non ?

- Comme c'est Lucas qui commande ici.

Je préfère ne pas rentrer dans ce genre de gamineries.

- Je ne suis pas chez moi n'est-ce pas ? Je dois demander à un enfant la permission d'inviter mes proches. Moi qui contribue aux charges je dois avoir l'aval de quelqu'un qui ne paie même pas le cube de cent francs.

Je continue de nettoyer ma poule en silence. S'il se compare à Lucas, je ne sais pas ce que je dois lui dire. Un grand papa de vingt-sept ans face à un bébé de douze ans. Je veut l'ignorer mais il me fait tellement de bruit dans les oreilles que

- Ok ! Va donc à la San ajouter une poule entière, une dinde, une bûche, une...

- Pour faire quoi ?

- Tes parents ne vont ni boire ni manger ? Ou bien tu vois que la nourriture la est assez ?

Il se tait et je retrouve la paix. J'apprête tout pour demain en cuisine pendant que les garçons montent et décorent le sapin. Puis on s'assoit devant un film de Noël jusqu'à l'heure du sommeil.

Le jour suivant c'est tout le monde en cuisine. Un vrai travail d'équipe. Je fais la pâte à crêpes, Raphaël fait frire, et Lucas tartine. Ensuite on fait les gâteaux et je les libère. J'ai prévu une poule dans son jus, une dinde farcie et des feuilles de manioc. En entrée, des crabes farcies, des toasts de saumon fumé, des huîtres et du foie gras. Lucas m'ayant contaminé l'envie de faire la fête, je dresse et décore la table aux couleurs de la nativité.

MayiteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant