9 - ENCORE ET ENCORE

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Revoir ma mère avec le sourire, le même sourire qui m'a aidé à grandir durant des années, me faisait chaud au cœur. Mais la réalité me faisait revenir à la raison sans cesse, je ne pouvais pas rester. Rester, c'était la mettre en danger. Non pas parce que je suis sous les ordres de quelqu'un, mais simplement parce que la plupart des gens qu'on nous a demandé de buter n'étaient pas les personnes les moins connues de la région, voire même du pays. Je ne voulais pas la mêler à tout ça, je voulais qu'elle soit en sécurité. Passer le moins de temps possible à la maison, pour en passer le plus possible dans la rue. C'était ma seule solution à l'heure actuelle des choses.

— Dis-moi tout.
Tu ne me croiras jamais !
— C'est sûr que si tu ne me dis rien, je ne pourrais pas te croire, rigolais-je alors que Allison s'empressait de me raconter toutes leurs aventures à Dallas.

Elle me racontait toutes sortes d'histoires qui n'avaient ni queue ni tête, et d'autres complètement folles.

Je te jure, Sarah a embrassé une poubelle en pensant que c'était nous tellement qu'elle était arrachée.
— Ça ne me surprend même pas venant d'elle, mais tu reste la pire.
Alors là non.
— Il me semble qu'un jour tu avais tellement bu, que tu voulais réellement coucher avec ton mec de l'époque.
Comme tout le monde, non ?
— Oui, mais tu voulais le faire à l'envers ou je sais plus comment. En tout cas la position était infaisable, et surtout tu essayais de le faire devant tout le monde.
C'est vraiment arrivé ça ?
— Je te promets que oui, rigolais-je encore plus en l'entendant rouspéter comme une vieille personne.

On était restés trois bonnes heures au téléphone, ça me faisait vraiment du bien de parler avec elle. Je me confiais énormément à ma mère, mais j'avais toujours cette constante impression de la dégoûter de mes propos. Elle m'avait beaucoup aidé concernant Max, lui en avoir parlé m'avait fait un bien fou. Je sais que ça ne le fera pas revenir, mais j'avais besoin de dire tout ce que j'avais sur le cœur, le concernant, à quelqu'un. Elle ne me rejetait pas pour autant, au contraire, elle voulait m'aider plus qu'autre chose. Mais en faisant ça, elle se mettait inconsciemment en danger. Et c'était impensable pour moi de la laisser se mettre en danger comme ça. Je devais prendre pour elle, c'était mon devoir de la protéger.

— Arrête de faire ça, tu vas finir par te tuer, me lança un homme en me voyant me défoncer au sport.

Je m'étais inscrit à la salle de sport la plus proche de la maison, je ne voulais pas me promener en ville. Les séances s'enchaînaient, tout comme les poids que je soulevais sans difficultés.

— Regarde, si tu continues, me dit-il plus sérieusement en appuyant légèrement sur une des veines de mon cou qui me faisait horriblement mal.
— Putain, grognais-je en me relevant.
— Alors arrête d'y aller aussi fort.
— C'est bon j'ai compris.
— Je peux t'aider si tu veux, même si je doute que tu acceptes, dit-il en me regardant de haut.
— En fait, je veux bien.
— Parfait, dans ce cas demain même heure.
— Ça me va.

Comme convenu, je prenais les conseils de l'homme très au sérieux. Il surveillait chacun de mes mouvements pour s'assurer que je ne risquais rien. Je le voyais trois fois par semaine, ce qui me laissait le temps de rester le plus longtemps possible avec ma mère. Et le temps restant, je le passais à traîner dans la rue. Au cas où quelqu'un voudrait bien de moi à nouveau.

Ça devait faire pas loin de quatre mois que j'étais de retour à la maison, et je passais ma soirée à errer dans les anciennes rues que je fréquentais à l'époque. Les autres clochards étaient toujours présents, et je les fuyais comme la peste. Si jamais ils me voyaient, ils n'hésiteraient pas à me tuer pour être parti. J'avais attendu que la rue se vide pour pouvoir y passer, mon coin n'avait pas bougé. Tout ce que j'y avais laissé y était encore. Et aussi étonnant que ça puisse paraître, des habitants de la rue me saluaient quand j'y passais. Il y en a même certains qui m'invitaient chez eux comme ils avaient l'habitude de le faire quand j'étais à la rue. Sur toutes les familles qui m'avaient accueilli, seulement une avait subi les menaces de l'autre psychopathe. À cause de moi, ils sont morts. J'ai causé la mort de trois âmes innocentes, tout ça parce que j'ai accepté de suivre le gamin. Quel con j'ai été.

𝗧𝗛𝗘 𝗕𝗢𝗬 𝗪𝗛𝗢 𝗛𝗜𝗗 𝗕𝗘𝗛𝗜𝗡𝗗 𝗧𝗛𝗘 𝗗𝗘𝗩𝗜𝗟Où les histoires vivent. Découvrez maintenant