7. Routine

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Chaque heure qui passait était une nouvelle bataille, et les soldats qu'étaient Hedy et Gally ne prenaient jamais de repos. Ils se détruisaient tout doucement, en étant le plus vil possible l'un envers l'autre.

Mais parfois, il s'avérait que le Labyrinthe en lui même participait à la guerre. En effet, un des coureurs fut mordu par ceux qu'ils avaient désormais appelés les Griffeurs. Il devint alors totalement fou et les Blocards prirent la douloureuse décision de le bannir dans le Labyrinthe. Ils ne le revirent jamais et ne retrouvèrent même jamais son corps, ou ce qu'il aurait pu en rester.

Cependant, cet événement causa un grand deuil dans tout le groupe. Chacun comprit que la vie était fragile ici, malgré les apparences.

Bien évidemment, Minho proposa à Hedy de revenir courir dans le Labyrinthe, après avoir demandé aux autres. Mais ceux ci ne voulaient même plus s'en approcher. Hedy accepta, après réflexion. Sa vie valait moins que la liberté, à ses yeux.

Dès le lendemain matin, avec joie, la jeune fille se leva et prit des provisions avant de se diriger avec Minho dans leur prison. Les discussions étaient les mêmes qu'il y a quelques mois, comme s'ils n'avaient jamais arrêté de travailler ensemble. La dernière fois qu'ils avaient été aussi proches, c'était avant que les Blocards deviennent plus nombreux. Avant qu'Hedy soit obligée de jouer un rôle, de s'endurcir.

Évidemment, Hedy savait que son rôle de Coureuse n'était qu'un rôle de remplacement. Sa place n'était pas ici, à courir toute la journée. Mais elle préférait risquer ses jours plutôt que risquer ceux de Alby. Ce dernier s'énervait de la voir partir tous les matins alors qu'il tenait tant à elle. Cependant, la jeune femme ne lui laissait pas le choix et ne comptait pas le faire.

Comme prévisible, Gally ne pouvait s'empêcher de commenter tout cela, même si au fond de lui il était très heureux de ne plus avoir à la supporter tous les jours. Hedy connaissait également ce bonheur de ne pas voir sa tête amochée et son nez en pomme de terre, c'était même son sujet de conversation favori auprès de Minho qui s'amusait à la railler.

Durant toutes ces journées à découvrir le Labyrinthe, Hedy constatait que son ami ne semblait plus aussi déterminé qu'avant. Faire tous les jours un trajet différent pour au final le même résultat était un quotidien décourageant.

- Tu penses qu'il y a une sortie ? s'enquit t elle, un midi, alors qu'ils s'arrêtaient pour tenter de cartographier le placement des murs

Il la dévisagea.

- J'espère, répondit il, avec cette lueur éteinte dans les yeux. Et toi ?

Hedy examina le mur au dessus d'elle, en admirant les lierres.

- Je perd espoir.

Minho ne répondit pas.

- Si on grimpait tout là haut tu penses qu'on verrait quelque chose ? l'interrogea t elle
- Tu as bien vu ce qui est arrivé à Newt, rétorqua le jeune garçon
- Newt ne voulait pas grimper, il voulait sauter, répliqua Hedy
- Écoute, essaye, mais si tu tombes et qu'il commence à faire nuit, ne compte pas sur moi pour venir te chercher, trancha Minho.

Elle rumina quelques secondes dans sa barbe, agacée, mais finit par repartir en disant que de toute manière, le lierre n'était pas assez solide pour supporter son poids.

Ils reprirent ensuite leur course, dans une atmosphère tendue, remplie de réflexion et de doute. Minho faisait attention à sa camarade, bien qu'il ne semblait même pas le remarquer, mais elle appréciait. Cela la touchait de le voir mettre sa main devant elle lorsque, dans l'ombre, quelque chose bougeait.

Chaque mois qui passait, un nouveau arrivait et c'était la même routine : lui expliquer, le placer, découvrir son prénom. Hedy se sentait angoissé et prisonnière. Elle avait un véritable besoin de partir.

Le Serpent et l'Ordure [Gally]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant