11. Impossible

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Un autre drame survint quelques jours plus tard : le collègue Coureur de Minho, Ben, avait été piqué par les Griffeurs, en plein jour cette fois ci.

Il avait d'abord surgi d'entre les bois alors que Thomas était parti chercher du fumier pour Newt, qui s'occupait des plants de tomate -et oui, c'était désormais sa tâche, Chuck n'étant plus considéré comme le nouveau à ce jour. Il l'avait attaqué et Thomas s'en était sorti en utilisant un quelconque moyen.

Il l'avait ensuite dit à Newt, et peu à peu tout le monde avait fini au courant. Hedy se rappelait du regard qu'avait lancé Alby sur Ben, une œillade brisée, couché au sol, le tee shirt relevé et laissant apparaître sa morsure violette et inquiétante.

- On va appliquer un bannissement.

Hedy savait que c'était la procédure, que c'était inéluctable, mais cela brisait toujours le cœur. Ben fut enfermé et une fois que tous furent prêts, les jeunes hommes poussèrent avec des bâtons l'infecté dans le labyrinthe, au moment où les portes se fermaient. Chuck, au loin, regardait sans un mot, le visage triste, et Thomas de même, mais Hedy avait conscience qu'elle n'irait pas les voir. La jeune femme prit une dernière inspiration, pour se soulager de cette douleur, et au même moment, elle eut la chance de voir Gally passer devant Thomas. Il lui lança le regard le plus noir qu'elle ait pu voir de toute sa vie, et cela la troubla. Certes, avec Gally, ils étaient dans une profonde antipathie et une répulsion, mais ce coup d'œil qu'il jeta au nouveau ce jour la poussa à s'inquiéter.

C'était comme voir, depuis sa tranchée, que son ennemi s'affairait. On ne savait pas ce qu'il faisait, mais quelque chose de mauvais se préparait. L'ennemi se mouvait, grandissait, et, Hedy, dans ses tranchées, ne comprenait pas quoi faire, et quoi en penser. Elle aurait aimé contrer cette attaque, mais elle se sentait paralysée. Sans doute découvrait elle enfin cette souffrance de l'impuissance.

La grande guerre avait détruit, mais elle n'en était qu'à son début. Et tout semblait indiquer qu'un grand changement allait se produire et que ce conflit allait bientôt éclater, et tout briser sur son passage.

L'explosion de la bataille eut lieu un beau jour. Ben étant mort, il fallait quelqu'un pour le remplacer, et ce quelqu'un ce fut Alby. Cette fois ci, Hedy n'avait pas la force de lui refuser cette place, alors elle lui laissa. Minho et lui partirent alors à l'aube et c'est sans se soucier de rien du tout que tout le monde commença sa journée. Hedy se dirigea vers la nouvelle cabane qu'ils construisaient, avec les autres Bâtisseurs, et commença à travailler le bois. Peu à peu, la journée passa : ils travaillaient en discutant de choses et d'autres.

Mais quand arriva bientôt le coucher de soleil, Minho et Alby n'étaient pas là. Tous les Blocards se joignirent à la porte dont ils étaient partis, et les attendirent. Hedy était une vraie puce, elle sautait partout d'angoisse : ses deux amis étaient là bas, dans cet enfer, et elle ne pouvait pas aller les chercher. Elle lançait des regards suppliants à Newt, qui, lui, se contentait de secouer la tête négativement. "Pitié, laissez moi partir", semblait elle vouloir dire.

Lorsqu'elle les vu, comme tous les autres, c'était après que les portes aient commencés à se fermer, alors qu'ils étaient toujours dans le Labyrinthe. Elle eut une expression entre l'impuissance et la peur, et du se retenir de ne pas fondre vers eux pour les aider. Newt lui apprit plus tard qu'elle avait hurlé, hurlé si fort qu'il avait cru que sa gorge allait se détruire, mais elle ne s'en rappelait pas. Ce dont elle se souvenait en revanche, c'était cette terreur de les perdre qui l'avait paralysé. Figée, elle avait vu Thomas courir vers eux, et les portes qui se fermaient.

- Impossible

Fut le premier mot qu'elle prononça, avant de se laisser attirer par ces murs qui emprisonnaient ses amis. Elle avait tordu, cassé ses ongles dessus, elle avait tout fait pour essayer de les ouvrir, se libérer ses amis. Mais Hedy ne pouvait plus rien faire.

Chuck, Newt, Frypan et étonnement Gally furent ceux qui restèrent le plus longtemps avec elle. Mais quand les trois premiers partirent, elle se sentait irradiée de mauvaises ondes.

- Ça sert à rien de rester là, tu sais, lui glissa le Maton des Bâtisseurs

Hedy mît quelques secondes à répondre.

- Je te répond la même chose.

Elle était fatiguée, elle n'en pouvait plus. Si on lui avait proposé ce soir là de se battre contre lui, elle aurait dit non. Hedy leva les yeux vers le jeune homme.

- Si tu as un truc à me dire, fais le, Gally.

Ce dernier la détailla.

- Va dormir, Hedy. Ça vaut mieux.
- Depuis quand tu t'occupes de moi ?
- Écoute, ils ne vont probablement pas revenir.

La jeune femme fronça les sourcils et se leva. Avant de partir, elle répondit :

- Merci, ordure. Comme si j'étais pas au courant que c'était peut être la dernière fois que je voyais mes amis.

Elle s'éloigna, le cœur brisé d'avoir eu à dire ces mots.

Le Serpent et l'Ordure [Gally]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant