Le Serpent et l'Ordure [Gally]

22. Serpent et ordure

Lorsque le soleil tomba, le ciel offrit à Hedy un spectacle magnifique qu'elle n'avait jamais vu, car il était réel et si accueillant. Les couleurs roses vives s'étendaient de partout, et étaient la base d'un violet pâle. Il y avait donc une lueur rosâtre sur tout le paysage autour de la jeune femme, ce qui lui donnait un sentiment d'être dans un nouveau monde, qu'elle devait aller découvrir.

Peu à peu, les dernières couleurs disparurent dans les cieux et seuls les lumières de la ville devant elle s'allumèrent. Il fut bientôt nuit noire, et chacun commença à se coucher. Mais Hedy ne pouvait pas aller dormir, elle en était terrifiée : elle ne s'imaginait pas plonger dans les bras de Morphée tant que Gally resterait ici. Elle attendit alors qu'il ronfle, en le fixant, en le surveillant. Hedy se demandait quelle partie de son corps elle pourrait trancher, pour le détruire, comme la proie qu'il était à ses yeux. Lorsqu'il poussa son premier ronflement, elle s'installa sur son matelas. Hedy fixa le plafond, le cerveau brûlant, et soupira. Elle tenta alors ensuite de s'endormir, mais ce fut une tache ardue. Elle ne pouvait pas s'empêcher de réfléchir. Mais la fatigue prit bientôt le dessus sur cette peur de s'endormir, et elle ferma ses yeux.

Lorsque le soleil lui brûla ses yeux, Hedy se réveilla dans un sursaut brutal et une grande peur s'empara d'elle. Elle se releva et dressa ses poings devant elle, pour se défendre et attaquer. Elle fixa la couchette de Gally, définitivement vide, et mordit ses lèvres, prise de panique.

- Oh mon dieu..où est cette enflure ? s'époumona la jeune femme
- Derrière toi, serpent.

Il lui fit une balayette et elle chuta par terre, en le foudroyant du regard.

- Ordure, l'insulta t elle, en tirant sur sa cheville.

Ils faillirent se battre avant de se rappeler qu'ils n'en avaient pas le droit.

Hedy se releva et se dirigea, avec un regard noir pour Gally, vers le feu de camp : là bas, des membres du groupe mangeaient un petit déjeuner. Elle les rejoint et tenta d'entamer une discussion avec eux. Ils n'étaient pas des plus sympathiques : leur sujet de discussion se limitait à la souffrance qu'ils avaient envie de faire vivre au WICKED. Malgré tout, une fille, installée plus loin, paraissait assez ouvert à une discussion normale, alors Hedy se dirigea vers elle. La jeune femme tenta de discuter avec elle mais cette dernière paraissait totalement bourrée.

Dépitée, Hedy se rendit bien compte que la seule personne qui semblait cohérente dans ses propos autour d'elle, c'était Gally. Mais c'était hors de question de lui parler. D'un air alors boudeur, elle plongea dans ses pensées, retrouvant alors ses livres habituels.

Le lendemain, le chef, Lawrence, leur donna un uniforme pour les missions à venir et une arme, que Hedy ne parvenait pas à nommer. Gally ne posant pas de question, elle leva son regard de ces affaires avant de le poser sur le chef.

- Désolée, mais je ne sais pas comment me servir de cette arme, déclara t elle, les sourcils froncés.

Son interlocuteur hocha la tête, se tourna vers Gally et demanda :

- Et tu sais t'en servir, toi, non ?
- Hum, la seule fois où je l'ai fais, je n'étais pas moi, et ça n'y ressemblait pas vraiment. Alors...non, répondit il, rougissant.

Lawrence sourit, comme s'il connaissait déjà la réponse, et appela un autre jeune homme.

- Apprends leur les bases, ordonna t il de sa voix mielleuse.

Sur ces mots, il les laissa, avec l'inconnu. Le regard méfiant, Hedy l'interrogea aussitôt :

- T'es qui ?
- Oh, moi ?
- Ne m'oblige pas à répondre que c'est ta grand mère.
- Je ne t'oblige pas alors, rétorqua t il avec un sourire amical.
- Tant mieux. Donc ? répondit Hedy.
- Je m'appelle James, et toi ?
- Hedy, se présenta la jeune femme, en tendant sa main.

Il la serra, et la lâcha au bout de quelques secondes. Non sans mal, il se détacha son regard de la jeune femme lorsque Gally donna son identité.

- James, répéta t il en serrant sa main.

Après les présentations vint l'entraînement : James leur montra comment se servir des armes, et ils s'entraînèrent alors sur des cibles. C'est ce qu'ils firent durant des jours et des jours, et alors qu'ils venaient de finir une journée de tir, Lawrence arriva et leur demanda de tirer sur des cibles de plus en plus petites. Tout deux y arrivèrent et le chef décida que leur entraînement était fini.

Alors qu'ils lavaient leurs armes, Gally siffla :

- Je pensais pas qu'un jour un mec serait intéressé par toi. J'ai l'impression d'être devenu un fantôme.
- Qu'est ce que ça peut te faire ?
- Ça me fait rien, je trouve ça hilarant qu'une laideur comme toi puisse plaire.

Elle lui jeta un regard noir.

- Tu peux parler avec ton nez en patate.
- Hedy, t'as quel âge ?
- Tu as commencé, rétorqua t elle, récoltant alors un soupir.