28 - ALYSSA

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J'ai mal. En permanence, depuis des jours. Rien ne peut me consoler, rien ne peut me faire oublier à quel point j'ai mal.

Ma mère se détache de moi, je croise le regard peiné de mon père et je n'ai même plus la force de pleurer.

Zack nous a quitté il y a une semaine et c'est toujours trop difficile à concevoir. Je n'arrive plus à discerner la réalité de mes cauchemars et j'en viens à espérer que le passage où Zack meurt fait partie de mes nombreux cauchemars dans lequel je le vois sans vie dans ce lit d'hôpital.

Tout me ramène à lui, les lieux, les odeurs, les musiques, ses amis... Tout me ramène au temps où je pouvais me consoler dans son sourire. Je l'entends encore rire dans ma tête, je vois encore ses yeux scintiller de bonheur alors qu'il me parle de Samuel.

J'ai beau être entourée, son décès me fait me sentir plus seule que jamais. Le temps s'est arrêté et les jours se sont mis à s'écouler de façon étrange. Mon meilleur ami, le garçon le plus gentil et sincère que je n'ai jamais connu, est mort quelques heures après avoir passé la soirée avec nous. Juste comme ça, en un claquement de doigt. La veille il était là et le lendemain, on m'apprend qu'il ne sera plus jamais là.

— Je pense que ça va bientôt commencer, annonce ma mère.

Je regarde les portes de l'église et toutes les personnes rassemblées devant. Je ne reconnais aucun visage sinon ceux de mes amis regroupés pas loin de l'entrée.

— Je vous retrouverai, dis-je simplement avant d'avancer en direction de Kimberly et les autres.

Alex se lève en me voyant arriver et me prend silencieusement dans ses bras. Je crois qu'en fait le pire dans la mort de Zack, c'est que ça fait une semaine que je n'ai pas vu Alex rire. Voir une personne toujours joviale et de bonne humeur être complètement anéantie, ça a toujours le don de vous ramener à la réalité. Ça nous rappelle que le monde est sacrément moche au point d'arriver à faire perdre leur joie de vivre à ceux qui l'ont naturellement.

Quand il me relâche, il essuie discrètement ses yeux et ses cernes me prouvent que lui non plus ne dort pas beaucoup ces temps-ci. En fait, à bien nous regarder, je ne crois pas que l'un de nous parvienne à trouver le sommeil.

Je m'assois à côté de Kimberly et pose ma tête sur son épaule en fixant tous les gens qui se sont réunis aujourd'hui. Il y a beaucoup de monde et quelque part ça ne m'étonne pas, on devait être nombreux à l'aimer.

C'est une journée ordinaire, il fait même plutôt beau pour un début de mois de février mais c'est aussi l'une de ces journées qui restera à jamais gravée dans ma mémoire bien que je préférerai l'oublier. Je ne pensais pas qu'une simple date pouvait se transformer en un jour difficile à affronter pour le restant de sa vie.

— Il ne vient pas ?

Hope vient de poser la question à Stan et je sais déjà de qui elle parle parce que je me suis posée la même question dès l'instant où je suis arrivée. Stan me regarde hésitant et ne semble pas savoir quoi répondre.

Je ne sais pas si Aaron viendra parce qu'Aaron ne m'a pas adressé plus de dix mots en une semaine alors que nous passons nos journées ensemble. Il n'a jamais eu l'air aussi absent et ça commence même à m'inquiéter. Il ne mange pas, ne dort pas, ne pleure pas, ne parle pas, il ne fait rien. Il reste assis sur son canapé les yeux dans le vide, parfois il allume la télé parfois il la regarde même lorsqu'elle est éteinte. Quand je pleure la nuit, il se contente de me serrer dans ses bras sans jamais rien dire, c'est à peine s'il me regarde. J'en viens à penser que cette fois, il ne s'en remettra pas. Je suis là pour lui mais je suis face à quelqu'un qui n'est pas là mentalement, je ne sais pas quoi faire pour l'aider.

Tome 3 : LOVE MEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant