Deux ans et demi avant Los Angeles...
Vegas.
Tout le monde pense que, dépendant au poker, et ne vivant que la nuit, Vegas doit être ma ville favorite sur cette planète. Or, je déteste Vegas. Profondément.
Pour des raisons pourtant évidentes, qui auraient dû frapper n'importe qui me connaissant un minimum : tout y est faux. Même les arbres. Construire une ville dans le désert, pour appâter les vieilles californiennes en manque de sensation forte, reproduire la Tour Effel, construire jusqu'à l'herbe, sous un soleil de plomb le jour et des lumières artificielles la nuit, comment est-ce qu'on peut croire ne serait-ce qu'une seconde que c'est ma cam ?
J'aime Paris et New-York, moi. J'aime le vrai, le vieux, j'aime ce qui a une histoire et des rues pavées, j'aime ce qui vient de l'âme et que les générations ont fondé, espoirs après espoirs, échecs, mariages et divorces, naissances et morts... Bref. Je ne peux pas encadrer Vegas.
Mais ! - Il y a toujours un mais-, Mais, donc, j'y ai mes entrées. Et pour un joueur compulsif, avoir ses entrées au Caesar's Palace, c'est tout de même à entretenir.
Même si la partie de ce soir m'a légèrement échappé et que j'y ai perdu 30 000 dollars. Boarf, la prochaine n'en sera que plus délectable !
Plus qu'à trouver 30 000 dollars, et on est reparti. La petite vieille devant la machine à sous ? Mmmh, non. Elle ne se trimballe pas avec autant sur elle, à coup sûr.Le faux mafieux qui s'offre des airs d'Al Pacino devant sa table de black Jack ? En général, les types comme lui se baladent avec d'énormes liasses pour bien montrer qu'ils en ont dans le portefeuille. Histoire de compenser autre chose, je suppose. Je monterai bien un plan en me faisant passer pour un des gars de l'hôtel, l'amener à une autre table, mettre son "sac en sécurité", mais...flemme.
Je trouverai demain ; pour l'instant, mon ventre crie "famine" en français, - et quand les français crient famine, en général c'est mauvais, ça finit par couper des têtes-, alors je rejoins mon chez moi temporaire.
C'est un maigre studio, lit une place, fenêtres donnant sur l'Ed Fontain Park, avec une simple gazinière. Je n'y suis que depuis deux semaines, mais la plaque de cuisson à deux à l'heure commence déjà à me fatiguer. Je ne crache pas sur le logement, il est gratuit, mais je vais devoir trouver mieux si je veux continuer à me nourrir correctement.
Les américains sont fous concernant la bouffe. J'ai mis un temps magistral à trouver un magret de canard dans ce coin du pays. L'idée de le griller sur cet engin d'un autre siècle me fait terriblement culpabiliser : je connais une grand-mère qui essaye déjà d'ouvrir le couvercle de son cercueil pour venir m'en coller une.
Mais je lui promets de me refaire une santé financière bientôt, et d'honorer son héritage culinaire dès que possible. L'immeuble aux cinquante étage sent le mauvais produit de nettoyage ; ça aussi, c'est une chose que je déteste ici. Mais là encore, c'est éphémère, alors on arrête de se plaindre Blind, et on voit le bon côté des choses : il faut chaud, t'as un toit sur la tête, un magret qui t'attend, et demain sera un jour plus chanceux pour les cartes.
Fichue pièce que j'ai laissée entre les mains du petit lutin.
L'ascenseur sombre branle légèrement lorsqu'il s'arrête à mon étage ; on dirait qu'il est bourré. Il faudrait dire aux grooms d'arrêter de faire picoler les ascenseurs, c'est mauvais pour leurs ressorts.
Je ris tout seul en tournant la clef dans ma serrure. Et mon gargarisme s'arrête quand je constate qu'elle n'est pas verrouillée.
Intéressant.Je calcule rapidement les probabilités : 20% de chance qu'un mafieux de New-York m'ai retrouvé. 25 que ce soit mon abruti de cousin venu me parler de l'héritage de ma mère. 40 que ce soit un envoyé des chinois pour une partie à planifier aux tables professionnelles, mais la probabilité la plus plus élevée de toutes, qui les bat avec un beau 65% de chances, c'est que ce soit...
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BLIND
RomanceMoïra a été élevée à la Dark Romance. L'amour et les hommes, elle ne les connaît qu'au travers de ses lectures sombres, toujours profondes et souvent teintées d'amoralité. Elles sont son unique refuge pour échapper à la réalité et à la surprotection...