Viking de feu et de sang - T2 🔞 (terminé)

Chapitre 29

Quelques jours plus tôt, peu après l'attaque des Anglais, le médecin personnel d'Edward, le seigneur des terres assaillies, avait été surpris par le fait que malgré le coup pris à la tête, Erma était encore en vie. Après avoir nettoyé ses plaies, il accepta qu'elle soit transportée jusqu'au navire : en premier lieu, parce que son seigneur pouvait se débarrasser de ses invités gênants. En second lieu, rien ne garantissait qu'elle survive avec ou sans transport. Et quand bien même elle survivrait, il ignorait tout des séquelles qu'elle en garderait, au final, le sort de la Danoise ne l'intéressait guère.

Sur le bateau, Botilde avait veillé Erma durant deux jours, puis la guerrière s'était réveillée, comme si elle était sortie d'un long sommeil. Au début, sa mémoire avait été affectée, mais chaque jour qui passait lui rendait un peu de sa vie d'avant. En revanche, l'affreuse balafre qui lui barrait la joue, lui rappellerait à jamais le jour de la mort d'Haldor.

En ce qui concerne Eirik, sa blessure la plus sérieuse s'était infectée et il lui était douloureux de respirer, heureusement, la flotte approchait des terres d'Aslak. Eirik en était soulagé car un début de fièvre le faisait voir la même silhouette noire qu'avant son départ. Ce spectre se tenait debout à la proue.

Encapuchonné, Eirik ne pouvait pas voir son visage, mais cet être éthéré tendait un bras en direction de son foyer. Comme à chaque fois qu'il le voyait un sentiment de malaise lui vrillait l'estomac et là, il éprouvait l'urgence à rentrer au bercail. D'ailleurs, pour tenter de rentrer plus vite, il ramait avec les autres malgré la douleur.

Quant à Aslak, peu convaincu par le mensonge d'Eirik, affirmant qu'il était en mesure de voyager, le jarl avait accepté qu'ils quittent leur halte salutaire bien avant l'aube, car il s'inquiétait pour lui et les autres blessés. Ils avaient navigué à la faveur de la lune, mais enfin, le soleil étirait doucement ses rayons tout en sortant lentement de la paisible mer. Aslak en éprouvait joie et soulagement, car il ramenait ses guerriers à leurs familles et avec eux de quoi tenir tout l'hiver.

Quand ils accostèrent, une légère brise s'était levée et accentuait le roulis des vagues couvrant les voix des équipages qui prenaient leur temps, s'attendant à voir les familles et leurs proches accourir pour leur souhaiter la bienvenue et les aider à tout ramener au village.

Étonné par l'absence de guetteur sur la côte, Aslak eut le sentiment que le bruit des vagues masquait un son familier :

— On est attaqués ! gronda-t-il en dégainant sa lame.

Aslak et ses hommes abandonnèrent leurs bateaux pour rejoindre le village, la rage au ventre.

Les habitants qui tenaient bon face au nombre d'assaillants, furent harangués par le sentiment d'une victoire imminente, en apercevant les renforts.

À l'instar d'Aslak, Erma, Botilde et Eirik, tous les membres de l'équipage s'associèrent pour massacrer leurs ennemis, venus en force chez eux.

Dans la maison d'Adi, Hakon prit Aliénor par le bras pour l'aider à marcher :

— Eldrid m'a envoyé vous chercher, expliqua-t-il.

— Allons-y ! clama-t-elle en s'étalant plus qu'en essuyant le sang du revers de la main.

À l'extérieur, Hakon dut jouer de la lame pour la guider jusqu'à la maison où étaient les deux femmes enceintes.

Germund qui protégeait la porte, regarda Hakon et écarquilla les yeux en voyant Aliénor. Hakon leva les sourcils et haussa les épaules en guise de réponse silencieuse « pas de question ! ».