𝟒 : 𝐏𝐀𝐒 𝐂𝐎𝐌𝐌𝐄 𝐄𝐋𝐋𝐄𝐒

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O L G A

Si je devais d'écrire l'arrière-boutique de ma tante, ce serait un univers féerique ; les fleurs sentent si bons, sont si colorées. Ce sont des bonnes amies qui ne portent aucun jugement sur nous. J'adore cet endroit.

Ma tante prépare des compositions, les doigts dans le terreau alors que de me côté, je suis assise sur ma chaise en relisant des fiches de révisions préparées tout le long de mon semestre.

Ce soir, je revois Oscar pour l'aider à enregistrer des voix mais je ne sais vraiment ce qu'il souhaite. Cela ressemble à une excuse pour me revoir et je n'arrive pas à considérer le fait qu'il soit sérieux. En revanche, j'ai envie de le revoir donc j'ai honteusement accepté par rapport à Sonia. Elle m'assure qu'elle s'en fiche de lui et qu'il n'y a rien mais je me sens tout de même comme une traite.
L'envie de m'amuser sans m'aventurer dans une relation sérieuse me tente mais je ne sais pas réellement si ça me conviendrait.

— À quoi tu penses Olga ? demande ma tante.

Mordillant mon crayon et le regard dans le vide, il est clair que je n'indique pas une grande concentration. Je me redresse et soupire en pressant la main sur mon visage.

— Je...

Elle pose ses ustensiles et se tourne vers moi en appuyant sa hanche contre le plan de travail. Je sais que je peux tout lui dire, elle a toujours été à l'écoute et sympathique mais comment former ce que je veux dire sans passer pour une désespérée ?

— Tu sais je t'ai parlé de ce rappeur qui aimerait enregistrer ma voix pour son projet...

— À mon avis, ce n'est pas la seule chose qu'il aimerait, glousse-t-elle.

Je rigole nerveusement et frotte mes mains moites sur mon jean.

— Bah justement... Je crois que moi aussi j'aimerais autre chose, je déclare. Sans que ça soit sérieux ! Et je ne sais pas pourquoi... J'ai l'impression que...

— Olga Bellamy. Tu as peur de quoi ? De l'avis des gens ? Tu t'envoies en l'air avec qui tu veux, avec autant de personnes que tu souhaites. L'essentiel, c'est que tu te protèges.

J'acquiesce sagement. Ce sont les mots que j'ai besoin d'entendre, comprendre que je ne fais rien de mal. Peu importe ce que les autres membres de ma famille pensent. Je les ai entendu toute mon enfance critiquer ma tante car elle n'avait pas d'homme, ce n'est pas faute d'avoir essayé. Ils ne sont jamais restés très longtemps dans sa vie. Nos proches en faisaient tout un plat et j'ai grandi dans l'idée que ce n'était pas bien de finir seule. Mais après mon premier amour du lycée, j'ai vite compris que ce n'était pas si simple de trouver quelqu'un. Les débuts d'années à la fac ont été mouvementé entre deux garçons avec qui j'ai longtemps flirté mais ça n'a jamais abouti parce qu'ils cherchaient quelqu'un pendant un temps éphémère juste assez pour pouvoir avoir des relations sexuelles sans culpabiliser d'être un énorme coureur de jupons tous les soirs.

— Mais un conseil Olga...

Elle s'approche de moi et s'accroupit pour être à mon niveau.

— Ne te perds pas dans ça. Je sais qu'on peut se sentir aimée et invincible lorsqu'en un regard on arrive à avoir l'homme qui nous fait envie... Mais c'est un plaisir éphémère qui finira par te perdre.

— Tata, je sais... Même ce que je te raconte... Il se passera sûrement rien mais s'il se passe quelque chose, je crois que j'accepterai parce que j'en ai envie.

Elle se redresse et embrasse mon front.

— Alors amuse toi. Mais fais-toi toujours respecter, ne te laisse jamais marcher dessus par un homme. Interdit, me menace-t-elle.

𝐂𝐎𝐄𝐔𝐑 𝐍𝐔𝐈𝐒𝐈𝐁𝐋𝐄Où les histoires vivent. Découvrez maintenant