𝐂𝐎𝐄𝐔𝐑 𝐍𝐔𝐈𝐒𝐈𝐁𝐋𝐄

𝟏𝟎 : 𝐋'𝐈𝐍𝐒𝐏𝐈𝐑𝐀𝐓𝐈𝐎𝐍

O S C A R

J'ai finalisé la maquette de mon son accompagné des voix enregistrées d'Olga. C'est une sorte de storytelling, d'un couple qui s'aime. La meuf ne fait que de le repousser parce qu'elle ne lui fait plus confiance et on le comprend à travers des échanges téléphoniques au début du son et dans une sorte d'interlude et à la fin. Le refrain, c'est un échange entre elle et moi.

Je suis plutôt fier de l'effet que procure le son, il ambiance malgré l'aspect dramatique de la situation.

Je ne sais pas tellement ce que peuvent en penser les personnes qui me suivent alors je l'ai fait écouter aux gars et ils étaient plutôt contents, ils se sont ambiancés. Le son a été validé.

Je n'ai pas de nouvelles d'Olga, elle est sûrement encore chez ses parents. Aux dernières nouvelles, je me suis fait clasher par son père et ça me fait bien rire. Les figures paternelles ne m'aiment définitivement pas. Mais ça m'est égal, je ne veux plaire à personne. Si tu ne m'apprécies pas, je ne te demande pas de m'aimer.

Je regarde les textes sur mon téléphone que j'ai gratté quand j'étais à Nice inspirée par la présence d'Olga dans ma chambre d'Hôtel. Ses courbes et nos deux corps sous les draps. Mais c'est le genre de petit texte que je veux poser sans trop me prendre la tête mais c'est aussi le genre d'extraits que les gens adorent et demandent toujours de les avoir sur les plateformes.

J'ai sorti un petit album il y a quelques mois et les retours ont été bons. J'ai pris de l'audience, j'ai même pu faire quelques interviews, passer à la radio et profiter à fond de ce moment précis.

J'ai été égoïste, j'ai profité avec mes amis, des femmes et en faisant la fête. Tout en prenant soin de ma petite sœur et de ma mère malgré les menaces de mon père. J'aime me dire qu'il n'est pas sincère quand il me dit que je ne suis plus son fils. Il est juste déçu de moi. Oscar, le fils prodige à l'école qui un jour a décidé de tout envoyer en l'air pour des histoires de rap et de drogue qui a fini au tribunal à mes dix huit ans. J'ai eu de la prison avec sursis et mon père ne voulait plus que je rentre. Il avait vidé ma chambre sous les regards tristes de ma sœur et ma mère.

Je me suis alors réfugiée chez ma grand-mère. Elle m'a accueilli et même si elle me sermonnait à sa façon, elle était la femme la plus remarquable que je connaisse. Je l'aimais vraiment.

Un jour le rap a marché pour moi pile aux moments où elle est décédée comme ça... Ce n'était pas prévu, une sorte d'épreuve que la vie voulait mettre sur mon chemin. Immature et con, j'ai pris le premier vol pour partir au Canada tourné un clip de merde et faire la fête.

Elle a été enterrée et je n'ai pas su être là. Mon père m'a traité de tous les noms, elle m'avait accueilli et je n'étais même pas là pour un dernier au revoir. Mais je crois que je n'avais pas besoin de ça pour lui dire adieu. De toute manière, je me sentais incapable d'assister à un enterrement.

Avec du recul, je regrette.

J'y repense depuis qu'Olga m'a fait des lasagnes. Mamie m'en faisait aussi. J'avoue que ça ne me fait pas du bien car même si je réussis artistiquement, au niveau personnel je me sens comme une merde.

Je crois que je suis en train de trop penser et ce n'est jamais bon. Je pose alors mon téléphone contre ma bouteille d'eau posée sur la table de mixage pour me filmer. Je lance une prod et je décide de faire un petit freestyle sur le texte que j'ai écrit ce week-end pour le mettre en story.

O L G A