Trois journées entières s'était écoulée, mais l'état de Fatou demeurait toujours aussi instable. Assis dans ce fauteuil inconfortable à côté de son lit d'hôpital, je me sentais impuissant, piégé dans cette angoisse. Le bruit régulier des machines qui surveillaient ses signes vitaux était le seul son qui brisait le silence oppressant de la chambre.
Je la regardais, couchée là, si frêle, si vulnérable, alors qu'elle luttait contre l'ombre qui pesait sur elle. Chaque souffle qu'elle prenait semblait une victoire, mais une victoire fragile, comme si à tout moment, la situation pouvait basculer.
Mon cœur était lourd, tellement lourd. J'avais l'impression qu'il allait exploser sous le poids de la tristesse, de la culpabilité, et de la peur qui me dévorait de l'intérieur. Je n'avais pas dormi, pas mangé. Chaque pensée revenait inlassablement vers elle, vers ce qui s'était passé, vers cette terrible scène que je n'arrivais pas à effacer de mon esprit.
Je ne pouvais m'empêcher de me demander : "Pourquoi n'ai-je pas vu les signes ? Pourquoi n'ai-je pas su la protéger ?" Ce n'était pas seulement de la peur pour elle, c'était aussi la honte. Elle était ici, dans cet état, et une partie de moi ne pouvait s'empêcher de se sentir responsable. J'avais promis de la soutenir, de la protéger. Pourtant, là, à ce moment critique, elle s'était sentie si seule, si désespérée, qu'elle avait pris cette terrible décision.
Je me levai, incapable de rester assis plus longtemps, et me rapprochai du lit. Je pris doucement sa main dans la mienne. Elle était tiède, mais inerte. Aucune réaction. Ses yeux étaient fermés, son visage paisible, presque comme si elle dormait, mais je savais que la vérité était bien plus sombre.
— Fatou, murmurai-je, ma voix brisée par l'émotion. Je t'en prie, accroche-toi. Je suis là... je suis désolé.
Les larmes que j'avais contenues jusque-là menacèrent de couler, mais je les retins. Ce n'était pas le moment de m'effondrer. Elle avait besoin de ma force, de ma présence. Mais combien de temps pourrais-je tenir ainsi ? Combien de temps avant que la tristesse ne m'engloutisse complètement ?
Chaque seconde qui passait était une torture. Les médecins ne disaient pas grand-chose, seulement que son état était "critique mais stable". Ces mots résonnaient en boucle dans ma tête. "Stable", mais à quel prix ? Et pour combien de temps ?
Je ne pouvais rien faire. Je ne pouvais qu'attendre, dans cette chambre aseptisée, où le temps semblait suspendu.
[...]
Le suicide, c'était un mot que j'avais souvent entendu, un concept distant, presque irréel, quelque chose qui appartenait à d'autres histoires, d'autres vies. Jamais je n'aurais pensé que ce spectre puisse frôler mon existence, encore moins qu'il puisse s'emparer d'un être si cher à mon cœur. Et pourtant, ce soir-là, ce spectre s'est matérialisé devant moi, avec une brutalité que je n'oublierai jamais.
Cette image, cette vision qui s'est imprimée dans ma mémoire comme une cicatrice indélébile, refuse de quitter mes pensées. Je la revois, étendue là, fragile et silencieuse, dans un silence si assourdissant qu'il semblait étouffer le monde entier. Une boîte vide à ses côtés, témoin muet de son désespoir. Je me souviens du sol froid sous mes genoux lorsque je me suis précipité vers elle, de ce cri que je n'ai pas pu retenir, un cri qui résonne encore dans mes rêves.
Il y a des choses qu'on ne peut effacer, des choses qui nous hantent, peu importe combien on voudrait fuir. Cette image, celle de l'être que j'aime, suspendue entre deux mondes, entre la vie et l'abîme, est une ombre qui danse sans cesse dans ma tête. Elle s'impose à moi, encore et encore, dans les moments de silence, dans les instants de solitude. Je me surprends à la revoir dans les reflets des miroirs, dans les ombres des murs, comme un écho qui refuse de mourir.
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Scandale
RomanceQuand l'amour et le désir se mêlent à la vie professionnelle, les frontières deviennent floues et les conséquences imprévisibles. Fatou, revenue au Sénégal pour se reconstruire, ne s'attendait pas à ce que son cœur soit pris au piège par Emin, aussi...