Chapitre 25

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Plusieurs jours ont passé depuis ce chaos insensé, et la vie commence à reprendre son cours, avec ses hauts et ses bas. Fatou est enfin sortie de l'hôpital. Ses yeux, bien que marqués par des jours difficiles, brillent d'une lumière renouvelée, comme si chaque instant loin de l'obscurité était une victoire. Emin ne peut s'empêcher de sourire en la voyant, cette force tranquille qui résiste malgré tout. Chaque moment qu'il passe à ses côtés est un cadeau qu'il n'a jamais vraiment apprécié auparavant.

Amélie, de son côté, essaie de se remettre peu à peu. Les souvenirs des événements tragiques l'assaillent, mais elle tente de reprendre le contrôle de sa vie. Les convocations aux autorités sont un fardeau qui pèse lourd sur ses épaules, mais elle avance, déterminée à affronter cette réalité qui la hante. Elle cherche le soutien de ceux qui l'entourent, et Emin, bien que préoccupé par son propre univers, fait de son mieux pour l'épauler, conscient qu'ils sont tous liés par ce passé sombre.

La perte d'Aissatou reste présente, comme une ombre qui ne peut être ignorée. Son enterrement, hier au cimetière de Yoff, a été un moment de recueillement, où chacun a pris conscience des répercussions de leurs choix. Les visages, marqués par la tristesse, reflètent le poids de la culpabilité et des regrets.

📍Fatou Samira Faye📍

Je suis sortie de l'hôpital il y a quelques jours, et même si mon corps est là, présent et tangible, mon esprit est encore ailleurs, suspendu entre l'inquiétude et l'effroi. La lumière du jour semble plus crue, chaque rayon une lame qui me transperce, me rappelant les épreuves que j'ai traversées. Je marche dans la rue, et l'impression que tous les regards se posent sur moi me ronge. Je sens leurs yeux scruter ma chair, évaluer ma valeur, comme s'ils avaient accès à tous mes secrets, à mes blessures. Les rires des passants, jadis apaisants, me paraissent désormais moqueurs, des échos d'un jugement inévitable qui résonne dans mon esprit tourmenté.

Je ne sais pas si je m'en sortirai. Chaque pas que je fais sur ce trottoir, une multitude de souvenirs me submergent, m'enveloppant dans un manteau de honte. J'ai toujours été une personne sensible, réceptive aux émotions des autres. Mais cette fois-ci, la honte me pèse comme une chape de plomb. Voir ma vie intime étalée sur la toile, une exposition publique de ma vulnérabilité, était la dernière chose à laquelle je m'attendais. Chaque post, chaque commentaire, chaque regard complice autour de moi me rappelle cette humiliation. Je me sens dénudée, comme si tous mes défauts étaient mis en lumière, agrandis, déformés par le prisme de la critique.

Et puis il y a Aissatou. Tout me porte à croire que c'était son œuvre .Elle n'est plus là, mais sa présence se fait encore sentir dans chaque recoin de mon esprit. Son échec, son choix de jouer à un jeu dangereux, m'auraient peut-être rendue triste si je n'avais pas été si furieuse. Elle a cherché à me détruire, et au final, c'est elle qui a payé le prix fort. Sa mort est un paradoxe qui ne fait qu'intensifier ma colère. Je devrais ressentir de la compassion, mais à quoi bon ? Elle n'a pas hésité à me blesser, à vouloir anéantir mon bonheur.

Le monde continue de tourner, et moi, je me débats dans ce tourbillon d'émotions contradictoires. Les jours passent, et je me sens piégée dans un souvenir amer, une cicatrice qui ne veut pas guérir. Je me demande souvent si je vais m'en sortir. Peut-être que je suis trop vulnérable, trop encline à la honte. Mais je ne peux pas me permettre de céder à cette pensée. Je dois me battre.

La vérité, c'est que je me sens isolée, et chaque interaction me rappelle à quel point ma vie a changé. Je ne peux pas effacer ce qui s'est passé, mais je veux trouver un moyen d'avancer. Je ne veux pas que cette période sombre devienne ma réalité définitive. Il est temps de reconstruire, de retrouver ma voix, même si elle tremble encore. Aissatou a fait le choix de la destruction, mais je choisis la vie.

ScandaleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant