Chapitre 2

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Deborah

Ma première journée de cours avait été harassante. J'avais passé le plus clair de mon temps dans un labo rempli de paillasses et d'étudiants en blouses blanches. Madame Lee, notre professeur de biologie avancée, avait formé les binômes et je m'étais retrouvée avec un certain Sam, un type avec une chevelure d'un roux flamboyant, aussi grand que fin. Le pauvre devait se plier en deux pour travailler sur des tables pas du tout adaptées à sa taille.

J'étais épuisée, et je n'avais qu'une hâte, c'était de rentrer dans ma chambre. Je fis un saut par la cafétéria pour prendre un sandwich à emporter, puis je me dirigeai vers les dortoirs. Une fois la porte de ma chambre fermée à clé, je jetai mon sac sur mon bureau, attrapai mon livre sur la table de chevet et me vautrai dans mon lit. Je lus quelques chapitres du roman que June m'avait prêté. C'était l'histoire d'une fille qui combattait les démons à l'aide de ses pouvoirs de sang mêlée. Il y avait plein de bagarres et des tas d'histoires d'amour et de dieux grecs. J'adorais ça !

Mon estomac gargouilla et je me rappelai mon dîner qui était resté dans ma besace. Je me relevai en maudissant ma cervelle de moineau.

Une fois mon repas englouti, je me dirigeai vers ma petite salle de bain. Je m'arrêtai un instant devant le miroir au-dessus du lavabo. J'avais laissé mes cheveux lâchés toute la journée, sauf au labo où ils étaient obligatoirement attachés, et maintenant on aurait cru que j'avais roulé en décapotable pendant des heures. J'entrepris de les démêler et soupirai face à la quantité de nœuds qui résistaient à ma brosse. Je retirai ensuite mes lunettes et les posai sur le rebord du lavabo. Je balançai mes vêtements dans le panier à linge et pris une douche bien plus longue que nécessaire.

Je ne pouvais m'empêcher de rejouer ma rencontre du déjeuner avec Ethan. Il s'était montré si froid, si distant... Je ne comprenais pas son comportement, bien sûr il y avait eu quelques moments de gêne entre nous depuis... ce qui s'était passé. Mais il ne m'avait jamais traitée avec une telle indifférence. Et puis je pensais sincèrement que nous étions restés amis même après ça. Manifestement je m'étais trompée. Je n'arrivais pas à y voir clair, tout ça n'avait pas le moindre sens. Je devais lui parler, mais pas avant d'avoir réfléchi à ce que j'allais lui dire.

Une fois que je fus plus propre que jamais, je me brossai les dents, enfilai une chemise de nuit qui consistait en un t-shirt over size, et retournai vers mon lit. La pénombre commençait tout juste à envahir la pièce alors j'allumai ma lampe de chevet et repris ma lecture.

– Merde, mes lunettes, marmonnai-je.

Je les avais laissées sur le rebord du lavabo. Je décidai de ne pas me relever. Ce n'étaient que des lunettes de repos. En réalité je n'avais pas vraiment de problèmes de vue, mais j'avais toujours beaucoup lu, depuis toute petite. Alors je portais des lunettes pour soulager mes yeux.

Mon père trouvait que ça me donnait un air intelligent, et comme j'avais toujours rapporté d'excellentes notes il en était très fier. C'était pour cette raison que j'avais commencé à les porter à longueur de temps. Lorsqu'il nous avait abandonnées j'avais continué de le faire. Non seulement par habitude mais parce que j'y voyais une façon de me cacher. Mes montures s'étaient faites de plus en plus imposantes au fil des ans, jusqu'à arriver aujourd'hui à mes énormes lunettes rondes. June trouvait que ça me donnait un certain style. Mais c'était plutôt un rempart entre le monde et moi.

Quoi qu'il en soit, je pouvais m'en passer. Alors je poursuivis la lecture de mon histoire de demis dieux en lutte contre l'Olympe et leurs propres sentiments jusqu'à ce que mes yeux se ferment. Je reposai le livre sur ma table de nuit, éteignis la lumière et me retournai dans mon lit. Et bien entendu je me retrouvai avec les yeux grands ouverts. C'était toujours le même cirque, j'étais crevée, je me mettais au lit, et je me retrouvais incapable de dormir. Je n'avais plus profité d'une bonne nuit de sommeil depuis ces neuf dernières années.

Brand New Dawn - LouderOù les histoires vivent. Découvrez maintenant