Chapitre 9

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Deborah

Après des adieux encore une fois déchirants avec ma mère et mes sœurs, j'étais de retour sur le campus. Elles en faisaient vraiment des caisses, nous n'étions séparées que de quelques dizaines de kilomètres pourtant chaque fois c'était le même scénario larmoyant. Pour ne rien arranger j'étais en retard en cours et je détestais me presser le matin.

J'attrapai ma besace et en jetai l'anse sur mon épaule. Je levai les bras pour remonter mes cheveux en une queue de cheval haute et me pris les pieds dans la paire de bottines que j'avais laissée trainer la veille. Je jurai dans mes dents et me rattrapai à la bibliothèque. La journée ne commençait vraiment pas sous les meilleurs auspices.

Je fonçai vers le labo et parvins à éviter de me prendre les portes battantes du bâtiment des sciences en pleine tête. Le bruit de mes semelles martelant le carrelage résonnait contre les murs du couloir tandis que mes cheveux balayaient l'air derrière moi.

Lorsque je me postai devant ma table de travail j'étais essoufflée, échevelée et agacée mais au moins j'étais à l'heure et même légèrement en avance. Je lâchai mon sac au pied de la paillasse et reportai mon attention sur la table devant moi. Un gobelet de carton brun trônait au milieu des carreaux blancs. Je haussai un sourcil, ça ne me ressemblait pas de laisser trainer des déchets sur mon espace de travail, surtout pas avant un week-end prolongé.

J'enroulai mes doigts autour du gobelet et les écartai aussitôt en laissant échapper un glapissement ridicule. Il était chaud. Je fronçai les sourcils et le soulevai pour en porter l'ouverture à mon nez. Le liquide sentait... le latte au caramel. Mon préféré. Je baissai les yeux sur le bureau à la recherche d'un indice sur la provenance de ce café miraculeux. Je n'eus pas à chercher longtemps, il avait été déposé sur une serviette en papier blanche qui se fondait dans le revêtement de la table, sur laquelle était écrit au stylo noir « Je ne laisse pas tomber ». Ethan. Je ne pus retenir un petit gloussement.

Une ombre s'abattit sur la paillasse et je relevai les yeux. Mon regard se posa sur une épaisse chevelure d'un roux flamboyant. Je souris à mon ami et partenaire de recherches.

– Sam ! Tu as passé un bon Thanksgiving ?

– Pas trop mauvais, me répondit-il en fronçant les sourcils sur la serviette en papier qui trainait toujours sur mon bureau.

Je m'empressai de l'attraper et la maintins serrée au creux de mon poing. Les sourcils de Sam se froncèrent un peu plus. Depuis le soir d'Halloween je faisais mon possible pour ne pas lui faire de peine, et j'avais l'intuition que s'il découvrait la petite attention d'Ethan, tous mes efforts seraient réduits à néant.

Il s'installa lentement à sa place et je l'imitai. Je pris une gorgée de la boisson salvatrice et fermai les yeux lorsque les arômes doux du caramel se mélangèrent à ceux plus riches du café sur ma langue. C'était un pur délice et j'en savourai chaque centilitre.

Une fois le gobelet vidé, ce qui ne prit pas beaucoup de temps, j'envoyai discrètement un message à Ethan en prenant soin de cacher mon téléphone sous la table. Je ne savais pas vraiment quoi lui dire alors je me contentais d'un « Merci ». A peine quelques secondes plus tard, mon portable vibra contre ma cuisse et je m'empressai de le consulter. « Avec plaisir, trésor ». Un sourire irrépressible étira lentement mes lèvres.

Sam toussota et je fis glisser mon téléphone dans mon sac avant de me tourner vers lui.

Le reste de la journée fut assez monotone, j'avançai dans mes recherches en sédimentologie et Sam me transmit enfin ses notes de paléoocéanographie. J'allais avoir du pain sur la planche pour le reste de la semaine, mais c'était plutôt une bonne chose, tout compte fait. Ça me tiendrait occupée.

Brand New Dawn - LouderOù les histoires vivent. Découvrez maintenant