Chapitre 18

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Ethan

Allongé sur le sol de ma chambre, j'observai les pâles du ventilateur tourner avec une lenteur pachydermique. Je n'avais aucune idée de l'heure qu'il pouvait être. Le samedi avait laissé place au dimanche, ça je le savais.

Lorsque Luisa m'avait appelé la veille j'avais mis mon téléphone sur silencieux et fermé la porte de ma chambre à clé. Seule la bouteille de tequila que je gardais dans ma commode en cas de réception improvisée m'avait tenu compagnie. Etant donné le niveau de liquide dans la bouteille et l'angle que formait la lumière du soleil sur le plafond, il devait être tard dans l'après-midi.

Je passai une main sur mon menton désormais couvert d'une légère barbe. La même idée fixe me martelait encore et encore le crâne. Tout était foutu. Je l'avais perdue. Définitivement.

La souffrance dans ses yeux, les larmes qui ruisselaient sur ses joues... rien n'aurait pu me préparer à la voir dans cet état. Et j'en étais la cause. Bien entendu je savais parfaitement que je n'avais rien à me reprocher sur ce coup là.

Certes je m'étais retrouvé seul dans ma chambre avec une autre fille à moitié nue quelques minutes plus tôt, mais ça n'avait pas été de mon fait et j'avais escorté la demoiselle en question vers la sortie. Pourtant Deborah n'avait eu aucun mal à croire le contraire parce qu'au fond, ce scénario collait beaucoup mieux à l'image qu'elle se faisait de moi.

Je portai le goulot de la bouteille à mes lèvres et avalai une longue gorgée du mescal salvateur. En définitive elle me voyait comme je voyais moi-même toutes ces femmes qui vivaient dans le quartier de mon enfance. Sacrée ironie quand j'y pensais.

De l'autre côté de la porte, quelqu'un se mit à tambouriner sur le panneau de bois, m'arrachant une grimace. Je décidai de faire le mort, de toute façon je n'étais pas en état de voir qui que ce soit. L'intrus ne se laissa pas impressionner par mon silence et s'acharna sur le battant jusqu'à ce que je décide de me lever en grognant.

Je déverrouillai la porte mais n'eut pas le temps de l'ouvrir que Luisa déboula comme une tornade et me sauta au cou. Je la rattrapai d'un bras, mon autre main toujours fermement agrippée à ma bouteille.

– Heu... Tu m'expliques ? murmurai-je, le nez enfoui dans la masse de ses cheveux bruns.

– Ne me fais plus jamais un coup pareil, souffla-t-elle avant de se détacher de moi.

Elle m'observa un instant et ses yeux tombèrent sur ma nouvelle meilleure amie : la tequila. Elle fronça les sourcils et reprit son inspection.

– Quel coup est-ce que je t'ai fait au juste ? l'interrogeai-je.

Ce n'était pas dans ses habitudes de s'inquiéter, ça c'était le boulot de June. Luisa était plutôt insouciante et ne se faisait jamais de cheveux blancs pour rien ni personne.

– Tu n'es pas venu au Bacchus hier soir.

– Non, c'est vrai. Mais ce n'est pas la première fois que je change mes plans au dernier moment. Tu me connais ma belle, je suis imprévisible, lançai-je avec un clin d'œil.

Ça ne la fit pas rire. Elle semblait de plus en plus remontée contre moi.

– Sauf que d'habitude tu préviens, ou au moins tu restes joignable ! J'ai essayé de t'appeler des dizaines de fois, je t'ai cherché sur tout le campus, même ici !

Je fronçai les sourcils. Je n'avais pas bougé de ma chambre pourtant.

– Tu es venue ici ?

– C'est un bien grand mot. Je suis passée dans la nuit, j'ai frappé à ta porte mais tu ne répondais pas. J'ai pensé que tu n'étais pas là mais manifestement je me suis trompée.

Brand New Dawn - LouderOù les histoires vivent. Découvrez maintenant