Chapitre 25

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Deborah

Le bar que j'avais choisi présentait deux avantages : il était suffisamment loin du campus pour que je ne croise aucune connaissance proche ou lointaine ; et on y servait de délicieuses vodka martini.

J'avais 22 ans depuis environ vingt minutes. Je pris une longue gorgée de mon cocktail que je sirotais seule au bar. C'était devenu mon rituel depuis que je m'étais installée sur le campus. Ils n'étaient pas très regardants sur les pièces d'identité que leurs clients pouvaient présenter ici alors je n'avais jamais eu beaucoup de mal à me faire servir un verre.

J'agitai nonchalamment le pic en plastique qui permettait de remuer la boisson, raclant le fond du verre et faisant tinter les glaçons.

La situation pouvait paraître triste d'un œil extérieur, mais je préférais fêter mon anniversaire seule. Je n'aimais pas vraiment être célébrée et j'avais toujours trouvé ça un peu triste. J'avais compris très jeune que plus on avançait en âge, plus la vie se compliquait et plus les problèmes s'accumulaient. Alors je ne voyais pas vraiment l'intérêt de se réjouir. J'avais un an de plus et je tentais de chasser ce poids de mes épaules à grand coup de vapeurs d'alcool.

J'étais tellement absorbée par mes pensées que je ne remarquai pas l'homme qui venait de s'assoir à côté de moi au bar.

– Salut Deb, murmura une voix que je connaissais.

Je relevai les yeux pour découvrir la chevelure flamboyante de... Sam ? J'eus un mouvement de recul et il leva les mains en signe d'apaisement.

– Attends, n'aies pas peur ! Je voulais juste... Enfin je crois que je te dois des excuses.

Je fronçai les sourcils, sur mes gardes. Sam était trop imprévisible et il m'avait prouvé par le passé que je n'étais pas très douée pour juger de la bonté des gens.

– Comment tu as su que j'étais ici ? l'interrogeai-je.

C'était la première question qui m'était venue, aussi stupide fut-elle.

– Je ne le savais pas, je suis venu boire un verre avec une fille. Elle est juste là, ajouta-t-il en me désignant une jolie blonde assise seule à une table.

Je haussai les sourcils, c'était étonnant, en plein rencard, d'abandonner une fille pour aller en saluer une autre.

– Tu devrais peut-être aller la rejoindre.

– Dans une minute.

Sa voix comme son regard s'étaient durcis. Un frisson d'appréhension remonta le long de ma colonne vertébrale, comme si une main glacée était venue caresser mon épine dorsale. Un avertissement de mon instinct qui se mettait en alerte.

– Ça aurait pu être nous tu sais ? poursuivit-il. J'aurais tellement préféré que tu sois à sa place. Regarde-la... Elle est jolie, certes, mais ce n'est rien comparé à toi ! ricana-t-il. On a tellement en commun Deb, si seulement tu pouvais ouvrir les yeux et oublier ce connard qui te sers de garde du corps !

C'en était trop. J'en avais entendu bien plus que ce que j'aurais voulu. Je me levai brusquement de mon tabouret mais il me prit de vitesse en se levant en même temps que moi. J'entrai en collision avec son corps sec et son odeur douceâtre m'agressa les sens. Je grimaçai tandis qu'il saisissait mon bras entre ses doigts osseux.

– Où tu vas comme ça ? susurra-t-il.

Je fixai ses doigts autour de mon biceps avec insistance, comme si je pouvais les brûler par ma seule volonté.

– Lâche-moi, grondai-je. Tout de suite.

Il ricana de sa voix aigüe, attirant l'attention du barman. C'était un petit gabarit, brun à la peau mate, mais je savais d'expérience que les gens qui travaillaient dans les bars étaient habitués à gérer ce genre de situations. Je lui adressai un regard suppliant et il sembla comprendre. Il se dirigeait déjà vers nous.

Brand New Dawn - LouderOù les histoires vivent. Découvrez maintenant