Chapitre 23

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Ethan

Je détestais les cimetières, je détestais les enterrements et je détestais les églises. Il y régnait toujours un froid glacial, même en plein été. Mais pour June j'aurais pu y passer toutes mes vacances.

Elle n'avait pas voulu s'installer à l'avant de l'église ni croiser qui que ce soit alors nous nous étions faufilés à l'intérieur avant le début de la cérémonie. Sa famille n'était pas très étendue et à part une ou deux vieilles tantes qu'elle n'avait jamais vues de sa vie, l'église n'était pas très remplie. Nous nous étions installés au fond de la bâtisse et suivions la cérémonie silencieusement. J'étais assis près du mur, June entre Chase et moi et Deb et Luisa partageaient l'espace qui restait au bout du banc inconfortable.

Une fois les rappels aux évangiles d'usage effectués, le prêtre releva le nez de son espèce de pupitre en bois clair et parcourut la maigre assemblée du regard.

– Je laisse maintenant la parole à Stanley, le bien aimé mari d'Alyssa, déclara-t-il.

June se crispa à côté de moi et ses poings se serrèrent sur ses genoux. Chase posa sa grande main sur la cuisse de mon amie dans un geste apaisant qui sembla faire son effet. Je savais combien ça lui coûtait, lui-même ne rêvait que de casser la gueule de Stan. Mais pour June il se contenait.

Stanley Pederson, aussi connu sous le nom de « pire salopard de l'univers », se leva et prit place derrière le pupitre. Il était pitoyable dans le rôle de veuf éploré et je doutais que quiconque dans l'église puisse croire à son numéro.

– Alyssa était une femme merveilleuse, une mère formidable et une épouse exceptionnelle, commença-t-il d'une voix faussement tremblante.

Ce mec me donnait envie de gerber. Il releva les yeux du morceau de papier sur lequel il avait probablement griffonné son discours mensonger et bourré de faux semblants. Lorsque ses yeux se posèrent sur June, son expression se tordit en une grimace presque effrayante. Elle ne se démonta pas pour autant, soutenant son regard impitoyable comme une vraie guerrière. Chase, quant à lui, semblait réfléchir à un moyen de tuer à distance et sans contact avec la victime.

La suite de l'éloge funèbre de Stanley fut aussi navrante que dérangeante. Rien de ce qui sortait de sa bouche n'était vrai, c'était à se demander s'il avait connu Alyssa ou même June.

Chase faillit se lever quand il décrivit June comme une sale gosse ingrate mais Deborah le retint par l'épaule avant qu'il n'ait le temps de bouger. Comme nous tous, elle avait une conscience aigüe de la tension qui émanait de lui. Quant à Chase, il faisait ce qu'il pouvait pour résister à l'envie de faire éclater la tête de Stan à grands coups de crucifix mais il n'était pas un surhomme. Pour ma part je trouvais qu'il s'en sortait bien, je m'étais attendu à ce qu'il le fasse voler à l'autre bout de l'église à la seconde où Stan avait évoqué Alyssa comme une bonne mère.

June ne versa pas une larme lorsque le cercueil de sa mère fut conduit à l'extérieur. Elle ne pleura pas non plus lorsqu'on la mit en terre, ni quand les fossoyeurs recouvrirent la tombe d'un rouleau d'herbe fraîche, ni même quand la pierre tombale fut découverte et qu'on put y lire le nom d'Alyssa Pederson. Elle avait pleuré tout ce qu'elle avait pu quand elle avait appris le décès de sa mère, évacuant tout son chagrin et toute sa frustration dans le flot de ses larmes.

Nous nous apprêtions à partir quand Stan traversa les quelques mètres qui nous séparaient à grandes enjambées.

– Tu n'as pas pu t'en empêcher sale petite garce, cracha-t-il à l'adresse de June.

Chase fit un pas en avant, prêt à lui sauter à la gorge, mais je le retins du mieux que je pus. June ne cilla pas, les poings serrés le long de son corps.

Brand New Dawn - LouderOù les histoires vivent. Découvrez maintenant