Chapitre 8

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Ethan

June et Chase m'avaient accompagné chez mes parents le mercredi soir et ils avaient été enchantés de rencontrer mon nouvel ami. June était comme leur propre fille et le fait qu'elle leur présente son petit ami avait été un grand événement. Ma mère n'avait eu de cesse de lui répéter qu'il était le bienvenu chez elle. Elle l'avait déjà vu une première fois à l'occasion de leur déménagement, mais le côté fête de famille rendait la chose plus officielle.

Le dîner avait été agréable, puis les deux amoureux étaient partis chez les parents de Chase. J'avais passé le reste de la soirée à écouter mes parents faire l'éloge de leur couple. Inutile de préciser que j'étais allé me coucher tôt.

Je n'avais envie de parler à personne. Le dîner m'avait changé les idées mais maintenant que je me retrouvais dans mon lit à fixer le plafond, tout me revenait en pleine face. Mon estomac se nouait chaque fois que l'image de Deborah se dessinait dans mon esprit, pourtant ce n'était pas une sensation désagréable. Ce qui l'était beaucoup plus, c'étaient les flots d'acide qui se déversaient dans mes veines chaque fois que je réalisais que je m'éloignais du droit chemin.

La discussion que nous avions eue sur le palier de l'appartement de Chase et June m'avait ouvert les yeux. J'allais reconquérir son affection et sa confiance, parce que c'était ce que j'avais perdu, et je redeviendrai son ami. Ensuite... je ne savais pas quoi faire ensuite.

J'observai la fissure qui lézardait mon plafond depuis des années. Elle était fine et causée par un léger tremblement de terre. Le ciel ne risquait pas de me tomber sur la tête mais elle me terrorisait quand j'étais plus jeune. Le soir, quand j'avais trop peur, je me glissais hors de mon lit et me cachais dans le placard creusé dans le mur. J'observais alors mon lit entre les lattes de la porte ajourée du réduit et j'attendais. Mon père devait avoir un genre d'instinct pour ces choses-là car, systématiquement, il venait me sortir de mon placard pour me remettre au lit. Je lui demandais de vérifier la solidité des murs et des meubles et il faisait le tour de ma chambre en tapotant du poing sur toutes les surfaces ; le montant de mon lit, la planche posée sur des tréteaux qui me servait de bureau, la porte du placard et les quatre murs de la pièce. Ça me rassurait et j'arrivais alors à m'endormir.

Bien que je me sois couché plus tôt que le soleil, la nuit fut courte. Je passai des heures à me tourner et me retourner encore et encore au fond de mon lit sans parvenir à trouver le sommeil. Au petit matin je décidai d'arrêter les frais et me levai. Je me retrouvai à tourner en rond dans ma chambre comme un lion en cage, alors pour ce qui devait être la première fois de ma vie, j'enfilai un jogging et décidai d'aller courir. En sortant de ma chambre je tombai nez à nez avec ma mère.

– Qu'est-ce que tu fabriques à une heure pareille ? m'interrogea-t-elle.

– Je vais vérifier que mon réseau de fabrication de cocaïne se porte bien, rétorquai-je.

Elle croisa les bras devant elle et tenta d'arborer une expression sévère mais la fossette qui creusait sa joue, et dont j'avais hérité, trahissait son amusement. Ma mère était beaucoup plus petite que moi alors elle devait lever la tête pour me regarder dans les yeux. C'était comme ça depuis mes quatorze ans et ça l'énervait beaucoup. Elle avait coupé ses longs cheveux blonds depuis la dernière fois que je l'avais vue et les portait désormais aux épaules. J'avais hérité de la couleur de ses cheveux, quant à mes yeux ils étaient aussi verts que ceux de mes deux parents.

– Ethan... gronda-t-elle sans se départir de son petit sourire.

– Je vais courir, maman.

Ses sourcils s'envolèrent dans la petite frange qui ornait son front et sa mâchoire se décrocha. Je secouai la tête en croisant les bras sur mon torse.

Brand New Dawn - LouderOù les histoires vivent. Découvrez maintenant