Brand New Dawn - Louder

Chapitre 11

Deborah

Lorsque je passai la porte de la demeure familiale, je fus assaillie par une horde de harpies répondant toutes au nom de Astrée. Autrement dit : mes très chères sœurs, Eleanor en tête, suivie de près par Hannah et enfin les jumelles, Meredith et Virginia. Elles me sautèrent au cou toutes les quatre en même temps. J'aurais dû les voir venir, elles me réservaient le même accueil chaque fois que je rentrais à la maison.

– Salut les microbes, les saluai-je.

Elle se mirent toutes à parler en même temps, l'une me racontant ses progrès en gymnastique, l'autre la copine trop cool qu'elle s'était faite au collège, une véritable cacophonie rapidement interrompue par notre mère.

– Un peu de tenue mesdemoiselles ! Laissez votre sœur respirer un peu et écartez-vous de mon chemin ! les rabroua-t-elle.

Ma mère dut jouer des coudes pour m'atteindre mais arrivée à ma hauteur elle me serra contre elle à m'en étouffer.

– Maman je ne reviens pas de la guerre, et je te signale que je suis rentrée il y a à peine un mois pour Thanksgiving, articulai-je avec le peu de souffle qu'il me restait.

– Tu comprendras quand tu auras des enfants, ma fille.

Elle me relâcha et j'avalai l'air à grandes goulées. Parfois j'avais du mal à savoir si elle essayait de me témoigner son amour ou tout simplement de me tuer. Elle passa son bras autour de mes épaules et m'entraina vers le salon où mes sœurs nous suivirent.

– Alors raconte nous, comment se passent tes cours ? Les gens sont gentils ? Tu as des amis ?

– Mamaaaan, râlai-je. Tu me poses les trois mêmes questions à chaque fois que je rentre à la maison. Les cours se passent très bien, les gens sont très gentils et j'ai les mêmes amis depuis plus d'un an.

Chacune à leur tour, elles continuèrent de m'assaillirent de questions, comme à leur habitude. Meredith et Virginia étaient très curieuses à propos de la fac cette année étant donné que ce serait leur tour d'y entrer à la rentrée prochaine. Seule Eleanor semblait anormalement silencieuse. Lorsque ma mère se leva en réquisitionnant les jumelles pour l'aider à la cuisine et Hannah pour dresser le couvert, je me rapprochai de ma sœur.

– Tout va bien Ela ?

– Ouais ça va. C'est juste que ça me fait bizarre que tu sois ici.

Je me renfrognai, blessée par la remarque de ma cadette. Elle se redressa aussitôt en agitant ses mains comme si elle essayait d'effacer ses dernières paroles.

– Ce n'est pas ce que je voulais dire, je suis contente de te voir comme toujours... Mais la dernière fois que tu es venue il s'est passé... tu sais, et je n'arrête pas d'y repenser depuis.

Notre père. Evidemment, j'aurais dû me douter que la découverte de toutes les informations que je conservais à son sujet la perturberait.

– Tu veux en parler ?

– Je ne sais pas... Pas ici et pas maintenant en tout cas.

Je hochai doucement la tête. Eleanor et moi avions toujours été proches et je savais qu'elle pouvait être très pudique avec ses sentiments. J'attendrais que l'on soit vraiment seules pour aborder la question.

Les jumelles étaient à l'honneur pour le réveillon. Allez savoir comment, elles s'étaient débrouillées pour faire le mur la veille au soir pour se rendre à une fête organisée par Baylee Crance, la fille la plus populaire de leur lycée, mettant notre mère dans tous ses états.

Comme à son habitude, Hannah ne prêtait pas grande attention au débat qui faisait rage à la table du diner. La petite dernière de la famille venait d'entrer dans la phase où rien ne comptait plus au monde que son téléphone. Les yeux rivés au petit appareil, elle ignorait royalement la joute verbale qui se déroulait devant elle. Elle avait tout de même de la chance que notre mère ne l'ait pas repérée car l'usage de son téléphone à table lui aurait valu de sérieuses remontrances.