Epilogue

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Ethan

Ma mère ne cessait de sourire à Deborah comme si une sainte officiellement canonisée venait de se matérialiser devant elle. Mon père se la jouait un peu plus cool mais je savais qu'au fond de lui il bondissait comme un gamin le matin de Noël. Je levai les yeux au ciel en soupirant bruyamment.

– Vous avez fini de vous comporter comme des demeurés ? leur demandai-je.

– Je vous demande pardon Deborah, s'excusa ma mère. Je ne sais pas comment je m'y suis prise pour élever un malpoli comme lui.

Elle semblait tellement concernée que c'en était hilarant. Deb se mit d'ailleurs à rire et mes parents l'imitèrent.

– Allez-y, payez vous ma tête en prime, marmonnai-je en me rencognant dans le dossier de ma chaise.

J'avais choisi d'inviter mes parents dans l'un des restaurants qui entouraient le campus pour leur présenter Deborah de manière plus « officielle » et pour leur annoncer l'offre d'emploi que j'avais décidé d'accepter. Je n'avais pas encore abordé le sujet, laissant mes parents détailler la femme qui se tenait à côté de moi.

– Maman, arrête de la fixer comme ça, ça devient gênant, la suppliai-je.

Deb fit glisser sa petite main sur mon genou, comme pour me retenir, et tourna son visage souriant vers moi.

– Oh Ethan, elle est tellement belle, se réjouit ma mère et je levai les yeux au ciel à nouveau. Et bien élevée ! Et intelligente aussi, vous étudiez dans la même université que ce grand dadais mademoiselle ? s'enquit-elle.

– Oui madame, j'étudie la biologie marine, mais je vous en prie appelez moi Deborah, ou Deb si vous préférez.

– Alors j'insiste pour que vous m'appeliez Wendy ! répondit ma mère. La biologie marine... ça a l'air passionnant !

Elles se mirent à échanger sur le programme de cours de Deb et un sourire irrépressible étira mes lèvres en voyant ma mère et ma copine interagir aussi facilement. Je jetai un œil à mon père qui semblait partager mes pensées. Il m'adressa un clin d'œil que je lui rendis.

Le serveur intervint pour prendre nos commandes et lorsqu'il nous les apporta, je profitai du fait que tout le monde ait la bouche pleine pour parler.

– On m'a proposé d'enseigner la programmation pour les cours de première année, lâchai-je de but en blanc.

Mauvais calcul. Ma mère s'étouffa sur ses spaghettis aux fruits de mer et mon père cracha une partie du risotto qu'il avait dans la bouche. Deb semblait s'amuser comme une folle. Elle n'était pas surprise, évidemment puisqu'elle connaissait la nouvelle. Ma mère toussa encore quelques secondes tandis que mon père buvait de grandes gorgées d'eau.

– Toi ? Professeur ? s'étrangla-t-il.

– Merci pour la confiance papa, constatai-je. Pas professeur, chargé de cours. Après tout je suis tout juste diplômé mais c'est une bonne opportunité et je l'ai acceptée.

Ils m'observaient tous les deux comme s'il m'était poussé une paire de seins sur le front. Je haussai les sourcils, intrigué par leurs réactions. Je m'étais attendu à ce que mon père me félicite et à ce que ma mère me saute littéralement dans les bras. Leur mutisme commençait à m'inquiéter.

– Mon fils, professeur à l'université, souffla ma mère d'un air béat.

– Pas professeur, chargé de cours. Ce n'est pas la même chose, je serai en quelque sorte l'assistant de Monsieur Miller et j'assurerai les cours des premières années, voilà tout. Pas la peine de faire cette tête.

Brand New Dawn - LouderOù les histoires vivent. Découvrez maintenant