12. UNE FIN DE SOIREE ROMANTIQUE

72 9 0
                                    

Je remonte et pars me laver les dents. Ma bouche est pâteuse par l'excès de cocktails que j'aie bu ce soir. Je repasse un coup de brosse dans mes cheveux avant que JD n'arrive.
Quelques minutes après, l'interphone sonne et je sursaute alors que j'attends à côté.
Il monte et m'embrasse fougueusement. Mon cœur s'emballe et mon esprit s'affole. Ce baiser est un pardon. Il s'excuse pour le préservatif laissé sur le sol de ma chambre. Il demande pardon pour sa fuite de l'autre soir. Il me prouve qu'il est peut-être bien celui qui va partager ma vie.
Ce n'est pas mon genre, vous le savez maintenant, mais ma vie prend un tournant plutôt plaisant, alors pourquoi pas. Un peu de laisser aller ne me ferait pas de mal.
Je prends les devants et glisse mes mains dans son jean. J'entends son souffle qui se fait plus fort. Il m'agrippe par les fesses et me porte pour me serrer contre lui. Je sens mon dos se plaquer contre le mur et sa bouche me dévore.
Je fais attention que mes lunettes ne glissent pas de mon nez et attrape ses cheveux pour coller sa tête encore plus contre la mienne.
Mon corps brûle. Mon sang bouillonne.
Il m'emmène dans la chambre. Il me laisse tomber sur le lit et je le sens qu'il me rejoint à quatre pattes au-dessus de moi. En moins de temps qu'il ne faut pour que je m'en rende compte, ma robe est relevée jusque sous mon menton et je sens la peau de ses cuisses chaudes enveloppées mes jambes tremblantes.
Je me laisse emporter par le rythme de sa respiration qui m'incite d'onduler plus vite. J'écoute attentivement son souffle, le moindre de ses soupirs. Mon corps frissonne à chacun de ses petits grognements. Ma tête s'engourdie. Ma vie est presque parfaite.
Après le petit bruit qui m'informe que tout s'est bien terminé, je le sens qui se laisse tomber à côté de moi. Je ne réfléchis pas et pose ma tête sur son torse. Aucun de nous ne parle. Il caresse mes cheveux et finit par s'endormir. Je me blottis un peu plus, satisfaite qu'il soit revenu me voir après la dernière fois.
Cette nuit, je vais encore le laisser dormir ici. Je vais partir avec Morphée, allongée près de lui, son bras musclé qui enveloppe mon cou.
Le lendemain matin, je me réveille et je sens toujours la chaleur de son corps sous ma tête. Il semblerait que ni lui, ni moi n'avons osé bouger pendant notre sommeil.
Je me relève et m'aperçois que mes lunettes sont toujours sur mon nez. J'ai dormi avec.
Je baisse ma robe comme il faut et la remets correctement et décide d'aller préparer le petit-déjeuner.
Quelques minutes plus tard, il me salue d'une voix enrouée.
Je lui souris et je sens qu'il sourit.
- Bien dormi ?
- Très bien, lui réponds-je.
Mais la discussion ne va pas plus loin.
Je lui amène son assiette et ma table basse agresse mon petit orteil.
Il reste assis et se contente de me demander si tout va bien.
Je tente une méditation expresse et silencieuse qui me permet de garder les larmes qui bordent mes yeux. Elle est vraiment forte cette table.
Je le rejoins et commence à manger.
Mais c'est toujours le silence le plus complet.
C'est tout nouveau. Et pour lui et pour moi. Finalement même si on se voit depuis un bon bout de temps maintenant, JD et moi nous ne connaissons pas. C'est la deuxième fois qu'il dort ici et la première fois j'ai simuler prendre une douche pour éviter le malaise du lendemain.
Il pose son assiette et s'excuse de ne pas terminer. Il se relève et je sens ses lèvres se poser timidement sur les miennes.
- A bientôt, me dit-il.
Je souris et ne réponds pas.
J'attends que la porte claque et crie un « Hé ho » pour m'assurer qu'il est bien parti.
« A bientôt » ?
Sans déconner. Ça se dit ça le matin ?
Je n'ai aucun code sur les relations humaines « normales » mais si mes souvenirs sont bons, dans chacune des séries Netflix que j'aie vu, dans chaque livre de Coleen Hoover que j'aie pu lire, une relation saine ne débouche pas sur un « A bientôt ».
Mais la journée n'est pas à la prise de tête. Tout va bien dans le meilleur des mondes. Je vais me la jouer à la Rhonda Byrne et remercier l'univers pour cette culbute mémorable et ma vie parfaite.
Tout cela est ironique, vous l'aurez compris.

« Vous avez un nouveau message »

Je souris en coin, persuadée que mon prince charmant m'envoie déjà un message pour me demander ce que je fais ce soir.

« Tu fais quoi Montagnié ? »

Arg ! Je m'affale sur le canapé, tellement déçue. Je porte le téléphone jusqu'à ma bouche et prends ma voix la plus soulée possible.

« Des mots croisés »

« Bien ! On fait un Pictionnary nous, tu veux venir ? »

Je pouffe comme une imbécile.

« Je suis trop over, je ne peux pas, désolée »

« Ah, c'est dommage parce qu'Albert voulait te montrer un endroit sympa »

« Me montrer ? »

Mon téléphone sonne aussitôt.

« - Oui ?
- Je ne voulais pas dire montrer, je voulais dire te faire découvrir un endroit sympa, me répond Pierrot, gêné. »

Ce qui est drôle avec Julien, c'est que c'est le premier à se moquer mais lorsqu'il ne le fait pas exprès j'ai cette impression qu'il ne sait plus où se mettre.

« -Un endroit sympa ?
- Oui, tu sais cet endroit rempli de rideaux sombres avec des portes un peu partout.
- Non je ne vois pas, éclaire-moi.
- Mais si, cet endroit où tu viens avec quelqu'un qui te permet d'aller dans une salle spéciale avec une autre. Comme une monnaie d'échange. »

Quel idiot !

Je souris, amusée par son rire communicatif.

« - Non plus sérieusement, faut vraiment que tu viennes avec nous. Qu'as-tu de mieux à faire, hein ? Il y a un podcast en direct cet aprèm ?
- Va te faire, Pierrot.
- On passe te chercher dans une heure, ok ?
- ça marche.
- Et ne viens pas en nuisette, hein, c'était pour rire le club échangiste. On va dans un endroit respectable. »

Je lui raccroche au nez en rigolant.
Je reste allongée quelques secondes et repense à JD.
J'aurais apprécié que ce soit lui qui me propose une petite sortie. Mais non, au lieu de ça je sors avec Pierre Niney, mon patron que je voie déjà cinq jours sur sept. 

DANS LE NOIROù les histoires vivent. Découvrez maintenant