33. JE N'AI PAS BESOIN DE TOI

53 9 0
                                    

            Le lundi matin est un peu spécial, il faut l'avouer. L'ambiance entre Julien et moi est encore plus glaciale que les jours précédents. Je n'ai clairement pas apprécié le fait qu'il fouille dans mes affaires et il n'a pas du tout apprécié mon côté hystérique et sauvage.

Bien, au moins nous sommes sur la même longueur d'onde.

-ça commence à être horrible de travailler avec vous, lance Claquos tandis que nous « discutons » des thèmes de la journée.

-Tu n'as qu'à dire ça à Ratched, attaque Julien.

-Oh et pourquoi on ne s'adresserait pas à Mr Hyde, plutôt ? dis-je pour me défendre.

Un silence pesant nous assomme un instant avant qu'Artémis ne reprenne :

-Il s'est passé quelque chose qu'on devrait savoir ?

-Tu peux ravaler ton air narquois et satisfait, regarde-le ! Tu penses vraiment que je m'abaisserais à ça ?

-Comment tu peux être si sûre de ce que tu avances puisque tu ne voies rien ?

J'entends la stupeur que tente d'étouffer mes deux collègues face à l'attaque injuste de ce Pierre Niney de mes deux.

-Bravo « Don Juan » tu es un véritable Gentleman !

Alors qu'on se renvoie la balle, Claquos et Artémis gardent le silence un long moment avant de nous sommer de nous taire.

-Sérieusement ? C'est chiant, les gars ! intervient Claquos.

-Il s'est passé un truc, c'est sûr ! s'enjoue Artémis.

-Ferme-là, bordel, il ne s'est rien passé ! s'excède Julien.

-Oh que si. Et c'est ce qui expliquerait pourquoi Joyce t'a largué !

-Joyce ne m'a pas largué ! On fait un break.

-Un break ? T'as cru que vous étiez des kit-kat ? s'amuse Artémis en ronflant disgracieusement tant il rigole.

-Et pourquoi tu ne fermerais pas un peu ta gueule et on pourrait se concentrer sur les sujets de la journée, hein ?

Je lâche un soupir ahuri devant la méchanceté de Julien qui, je vois, est sans limite. Il tape un grand coup sur la table avant de me provoquer de nouveau.

-Tu as quelque chose à proposer Montagnié ? Tu voudrais qu'on parle de ta vie passée avec ce beau métis qui s'est rendu compte à quel point tu es ravagée et qui a pris la fuite ?

Il n'a pas osé ?

-La mégère pourrait expliquer à nos auditeurs, la vieille femme aigrie qui se cache sous cette plastique de rêve ! Tout le monde comprendrait alors pourquoi tu es seule dans ta merde.

-Julien ! coupe Claquos d'une voix sèche.

-Non, non. Ça peut faire un bon sujet, vous ne croyez pas ?

-Arrête, Julien, insiste Artémis plus doucement pendant que ma respiration se saccade et que mes mains griffent la table.

-Elle va nous expliquer pourquoi il a pris la fuite...On peut lancer le sujet. Les auditeurs nous suggèreront leurs hypothèses, après tout ils commencent à bien la connaitre.

-Julien, arrête ! s'énerve Claquos.

De mon côté, la colère m'a quitté. La rage la suivi. Seules les larmes et ma gorge nouée m'accompagnent. Je ne peux rien rétorquer. Je ne peux pas me défendre. Il n'a pas le droit de parler de lui. Il n'a pas le droit d'énoncer le sujet.

DANS LE NOIROù les histoires vivent. Découvrez maintenant