Slayers

Chapitre 14

Un coup, deux coup, trois coup. Elle ne cessait de frapper dans ce sac. Elle avait besoin d'évacuer sa frustration, sa colère, son désir inassouvi et tellement d'autres choses encore. Son père l'observait au loin les bras croisés. Il sentait qu'elle était perturbée mais ne disait rien, préférant la laisser se défouler un peu contre ce pauvre sac qui n'avait rien demandé. Le temps s'était bien vite écoulé jusqu'au week-end, entre ses cours, ses révisions et cet Alpha qui emplissait ses pensées. Leur dernière discussion n'avait jamais été vraiment clos, il s'était enfui pour une raison qui lui échappait, et depuis, elle ne l'avait pas croisé avant ce samedi matin.

***

Elle s'était levée tôt afin de préparer ses affaires étant donné qu'elle avait prévu de passer une partie du week-end chez ses parents. Cela lui changerait les idées et lui rappellerait sa vie d'humaine.

Son unique bagage avait été clos très rapidement et une fois prête elle comptait frapper à la porte d'à côté pour lui signaler qu'elle partait dans sa famille. Mais avant de quitter sa chambre elle eut une seconde d'hésitation. Comme une enfant elle craignait d'aller le voir. Mais, pourquoi ? Aussi intimidant pouvait-il être, jamais il ne lui avait fait comprendre qu'elle ne pouvait pas venir le voir. Silencieusement elle s'assit sur le rebord de son lit et ferma les yeux. Son ouïe capta des sons lointain puis elle se cabra sur la pièce d'à côté. Une respiration, un cœur. Elle parvint même à sentir le parfum d'Orion. Mais c'était extrêmement calme à côté, comme s'il était assis et qu'il réfléchissait, comme elle. Cela lui tira un léger sourire, peut-être faisait-il exactement la même chose. Après tout, ils avaient beau être différents, ils avaient des similitudes.

La blonde décida finalement qu'il était plus judicieux de communiquer par télépathie que d'aller le déranger directement. Oui, elle s'était dégonflée. Elle se focalisa sur l'entité du puma non loin de là et attendit patiemment que son esprit se faufile vers le sien. Après quelques secondes sans réaction, elle conclut qu'il l'ignorait ostensiblement. Mais à peine eut-elle pensé cela qu'une puissante vague de chaleur traversa son corps. Une immense bouffée de chaleur accompagnée d'une douce odeur de bois. Elle sentit enfin l'esprit d'Orion contre le sien. C'était si apaisant. Plus le temps passait, plus il était dur de supporter une quelconque distance. Une minute s'écoula où leurs esprits se mouvèrent l'un contre l'autre dans un silence étourdissant. Mais la blonde brisa cet instant :

_Orion, je vais passer le week-end chez mes parents pour passer un peu de temps avec eux, souffla-t-elle à haute voix en sachant qu'il entendrait parfaitement.

Le doux ballet interne s'arrêta instantanément avant qu'elle n'entende une réponse dans son crâne :

_Fait attention à toi.

Elle aurait aimé une autre réponse, mais au moins il avait répondu. Pour combattre la tristesse qui nappait un peu son cœur elle se leva enfin et sorti de sa chambre son bagage en main. Avant de descendre les escaliers elle se retourna car elle sentit un regard pesant sur elle. Orion était dans l'embrasure de sa porte, en costard, main dans les poches, appuyé nonchalamment sur l'encadrement. Son regard d'Alpha rivé sur le corps de la petite blonde qui quittait son domaine surprotégé. C'était à la fois réjouissant de voir qu'elle gardait contact avec sa famille mais terriblement angoissant pour lui de la savoir loin et hors de sa protection. Ayleen ne savait vraiment quelle attitude adoptée, mais elle laissa sa valise en plan quand elle le vit s'approcher doucement. C'était instinctif, ils s'étaient compris sans un mot. Avec une lenteur mesurée, Orion glissa ses bras autour d'elle pour la serrer contre lui et respirer son odeur.

_Je reviens demain, avoua-t-elle le visage enfoui contre lui.

Il était dur à croire qu'ils avaient passé un moment ensemble sous la douche il y a quelques jours alors qu'aujourd'hui c'était à peine s'ils osaient se serrer l'un contre l'autre. Leur histoire était très complexe et cela rendait folle Ayleen qui était du genre à foncer tête baissée en général. L'Alpha ne lui répondit même pas et posa son front contre le sien. Sa mâchoire était crispée, elle le sentait tendu et dans la retenu avec elle et cela la frustrait. Qu'avait-elle fait encore ?