Dans un grand soupir, Betty s'affala sur le canapé de son frère, qui l'examinait avec un air amusé.
- Bon sang, tu ne m'avais pas dit que ta connaissance était aussi mignonne.
- Je crois que tu as perdu le pourquoi du comment tu y es allée, la railla t il.
- Si, si, bien sûr. Les gens sont tous sympas, là bas.
- Tu te sens mieux ? Un peu ?
- C'est bizarre. J'ai l'impression d'y être, à nouveau, mais peut être que c'est pour le mieux. Je sais pas. On verra.Alex passa son bras autour de ses épaules, et frotta ses cheveux, en riant.
- Tant que tu vas mieux. C'est tout ce qui compte pour moi.
- Et que je peux encore faire ton linge, se moqua t elle.Il lui adressa un signe pour lui intimer le silence, puis il se leva, et posa sur ses épaules sa veste.
- Où vas-tu ? s'enquit elle
- Rendez vous, avec John.
- Encore ? Mais bon sang, vous ne vous arrêtez pas.
- Tu verras, quand tu ne seras plus seule comme tu l'es, répliqua Axel. Bon, à ce soir !
- Tu as pas intérêt à découcher. J'ai besoin de toi pour dormir ! cria t elle alors qu'il traversait la porte, la laissant seule.La maison vide, sans aucun bruit, une boule de nervosité s'agita dans son ventre, mais elle tenta de la faire taire, de la tuer, en posant sur ses oreilles son casque, où la musique au volume maximum la rassurait. Elle envoya valser dans un coin de la pièce son pantalon. D'un geste automatique, elle retourna dans son lit, en ignorant la porte de la chambre de sa meilleure amie, Inez, qui était restée fermée. Elle y entrerait un jour. Quand elle serait prête. Quand penser à son visage ne la tuait pas un peu plus.
Installée dans son lit, elle fut à nouveau tiraillée par cette impression d'être installée dans un nuage. Elle se tourna sur elle même, mettant en chaos ses draps, jetant ses couvertures, tant ses jambes dansaient sur place sans un seul arrêt.
Betty se releva assez rapidement, avec l'impression qu'elle devait bouger pour pouvoir être en paix : agacée, elle ôta son tee shirt, puis enfila sa brassière de sport, avant de mettre sur ses jambes nues un jogging sale, taché de sa nourriture. Elle saisit ses deux gants de boxe, les posa sur ses mains et se mit en position pour frapper le punching-ball qu'elle avait en face d'elle.
Lorsque la fatigue prit entièrement possession d'elle, elle s'assit par terre, et augmenta encore le volume de la musique, qui, au fil des heures, était devenue morose. Bien que ses pupilles fixaient le plafond, Betty ne pensait qu'à Inez. Ses grands yeux noisettes lui manquaient, et ses remarques exaspérantes sur le monde aussi. Qui d'autre aurait pu lui demander pourquoi donc tombait on amoureux ? Pourquoi les émotions existaient elles ? A chaque question posée par Inez, Betty se reculait et se tapait le front, exaspérée. Mais maintenant, elle se sentait triste de ne plus entendre d'interrogation qui n'avait aucune réponse.
Parfois, Betty se demandait sincèrement ce que faisait une fille comme Inez -aussi consciente que la vie n'avait aucune valeur- à l'armée. Mais ce jour là, alors que le sang chaud l'éclaboussait, elle avait su que c'était justement parce que la vie ne comptait pas qu'Inez s'était engagée.
* * *
La semaine passa à une vitesse folle, et bientôt, elle se retrouva à nouveau avec les autres, dans cette salle.
- Alors. Comment s'est passé cette dernière semaine ? demanda Sam, alors que tous étaient assis.
Ils se regardèrent, et finalement, la blonde prit la parole.
- Bien. J'ai mangé tous les jours.
- Super, intervint Betty en lui adressant un sourire ravi.
- Et toi ? demanda Jane.
- Je n'ai pas réussi à me doucher en une semaine. C'est la première fois que je m'habille et que je prends un vrai repas équilibré, répondit la brune, le regard lointain. Et vous, les mecs ?Chacun leur tour, tous donnèrent une réponse, négative ou positive, selon les personnes, et Sam les regardait d'un air encourageant :
- C'est vraiment super bien. Vous luttez comme vous le pouvez. Un jour, et ça arrivera, je vous le promets, vous ne lutterez plus. Vous serez bien.
Betty sourit légèrement, en entendant ces mots, comme si elle n'y croyait pas tellement.
- Je peux poser une question ? interrogea cette dernière, le regard posé sur Sam.
- Bien sûr.
- Pourquoi tu ne fais plus parti de l'armée ? Si ce n'est pas trop indiscret.Wilson ne laissa pas apparaître son trouble, et ne se départit pas de son air agréable, ce qu'elle trouva agréable.
- C'est mon camarade qui est mort, et j'ai jamais vu refaire une vraie mission. Alors j'ai décidé d'aider.
- Je vois. Merci, alors.Betty lui adressa un rictus compatissant, en se maudissant : elle n'était pas douée pour être en empathie avec les autres, et encore moins pour analyser les sentiments. Alors elle n'était pas capable de dire si son interlocuteur était bien, ou non.
- Mais on n'est pas là pour moi, poursuivit Sam. Betty, veux tu nous parler de ta meilleure amie ?
Sans savoir pourquoi, remarquer qu'il se souvenait de ce grand détail la troubla.
- Elle s'appelait Inez, elle avait deux ans de moins que moi.
- Et tu as quel âge ? Désolé, ça me parait important, je suis une quiche pour estimer les âges, sourit Tom.
- J'ai vingt trois ans, répondit elle avec un rictus rassurant. On s'est connu en dernière année de lycée, quand elle s'est assit à côté de moi en cours. On avait rien à voir une avec l'autre. Je pourrais, enfin je pouvais, passer des heures à faire des blagues, alors qu'elle préfère savoir les dates de naissance de nos présidents. J'avais l'impression qu'on est connectée.Betty eut un sourire qui s'effaça aussitôt.
- Ça va aller ? s'inquiéta Sam
Elle hocha la tête, mais leva la main pour signaler qu'elle devait s'arrêter.
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BRISE LE LIEN [Bucky Barnes]
FanfictionC'est en 2013 que Betty quitte l'armée, retrouvant alors les séances de confession des vétérans de l'armée américaine. C'est durant celles ci qu'elle fera la rencontre de Sam Wilson. BUCKY BARNES X OC (Betty) TW : maladie