BRISE LE LIEN [Bucky Barnes]

13.

Son téléphone vibra pour la dixième fois alors qu'il était simplement neuf heures, et Bucky soupira. Il se doutait de qui il s'agissait, mais il préférait ne pas regarder, pour ne pas se souvenir que c'était de sa faute si elle lui parlait autant. Une nouvelle notification se fit entendre, et il leva le bras pour attraper l'objet de son malheur. Il constata que c'était encore pire que ce qu'il avait pu imaginer en voyant le contenu des messages.
Betty lui proposait tout un tas de sortie : aller au restaurant, regarder un film ensemble au cinéma, aller au sport ensemble, courir tous les deux. Il répondit seulement :

Bucky [09:12] : J'hésite entre te qualifier de folle furieuse et de folle tout court.
Betty [09:13] : Je suis pas en colère, et je suis pas courte, alors je sais pas quoi te répondre. Ça m'embête.
Bucky [09:13] : Moi aussi, ça m'embête.
Betty [09:14] : Alors, qu'en dis tu ? Et si on se voyait ? Les amis se voient tu sais.
Bucky [09:14] : J'ai plutôt l'impression d'être en couple.
Betty [09:14] : Tu sais que si je prends ton nom de famille, mes initiales seront "BB". Comme toi, d'ailleurs !
Bucky [09:15] : Et dans quel contexte veux tu prendre mon nom ?
Betty [09:15] : Répond-moi.
Bucky [09:16] : Oui, voyons nous. Contente ?
Betty [09:17] : Oh que oui !

Il leva les yeux au ciel, en essayant de ne pas sourire pour rester dans son rôle.

Betty [09:18] : Tu préfères un endroit en particulier ?
Bucky [09:19] : Non
Betty [09:19] : Y'a une pizzeria près de chez moi. Je t'envoie l'adresse. Et viens habillé détendu. Sors pas le costume pour ce soir.
Bucky [09:21] : Mais pourquoi je viendrais en costume pour te voir ?
Betty [09:22] Tiens, le nom du restaurant : Pizzayah. A ce soir, dix neuf heures. Je t'attendrais devant !

Exaspéré par tant de questions sans réponse, il chercha sur ce merveilleux outil qu'était internet où se trouvait la restaurant, et découvrit qu'il était à à peine quinze minutes de marche de chez lui. Jusque là, il restait toute la journée à tuer, et il décida d'aller dans la petite bibliothèque qu'il avait trouvé récemment. Il n'avait pas eu le temps d'y aller ces derniers temps, mais maintenant, il ne se voyait pas être le super héros pendant quelques temps.

Une fois dans l'endroit convoité, il chercha dans les rayons des livres dont les titres lui disaient quelque chose : soit parce qu'ils étaient sortis à son époque, soit parce que Steve avait noté dans le carnet qu'il avait rendu des titres. Il était perdu, par trop de mots, trop de choix. Bucky se sentait certes beaucoup mieux maintenant, mais redevenir maître de sa vie était ardu : devant l'étagère où s'étendaient plusieurs dizaines de livres, il ne savait pas par quoi commencer. Automatiquement, il attrapa son téléphone, puis écrivit à Betty :

Bucky [10:01] : Ça m'embête de le dire, mais j'ai besoin de ton aide. Je sais pas quoi lire comme livre.
Betty [10:03] : Doux Jesus.
Betty [10:03] : Est ce bien mon Bucky ? Le mec qui aurait pu se déguiser en glaçon qu'on aurait rien remarqué ?
Bucky [10:05] : Ne me fais pas retirer ce que j'ai dis. Alors ?
Betty [10:06] : J'en ai quelques uns à te conseiller, mais la plupart ont des meurtres dedans. Je suis pas sure que ce soit ce que tu veuilles.
Bucky [10:07] : Non, ça ira.
Betty [10:08] : Je t'en emmène ce soir. Ça te va ?
Bucky [10:08] : Merci.

Il rangea son téléphone, et continua de chercher dans les rayons, avec un petit sourire aux lèvres. Cette fille avait tout bonnement un problème. Mais il adorait ça.

Bientôt, il eut dépassé le rayon "roman", où il avait simplement prit un livre sans même avoir lu le résumé, et l'homme atteint un second rayon, qu'il ne connaissait pas. Ses doigts caressèrent la tranche des ouvrages devant lui, mais s'arrêtèrent sur le Hobbit. Son visage fut empreint d'une émotion, alors qu'il se souvenait de sa première lecture. A l'époque, âge de vingt ans, il l'avait trouvé dans une caisse, perdu, et n'avait pas su quoi en faire. Mais Bucky s'était permit de commencer à le lire, et il n'avait jamais regretté.

Parfois, lors de ses rares moments de conscience, la toute première fois qu'il avait capturé par HYDRA, quand il ne disait pas à voix basse le prénom de Steve, il pensait aux héros de ce livre, et essayait de trouver un courage nouveau en lui à chaque seconde.

Il déposa le livre, et choisit plutôt les romans qui étaient à côté, dont il avait souvent entendu parler : les Hunter Games, de Suzanne Collins. Il prit les trois tomes de la saga, puis se dirigea vers le bibliothécaire, qui lui adressa un sourire franc, auquel Bucky répondit par un rictus forcé. La gentillesse des gens était toujours quelque chose d'étrange à ses yeux.

- Vous allez adorer. A moins que vous ne l'ayez déjà lu ? demanda le bibliothécaire en montrant la saga littéraire
- Non, jamais.
- Même pas les films ?
- Non plus.
- Essayez.
- Merci, glissa Bucky en attrapant ses livres. Au revoir.
- Bonne journée.

Bucky reprit le chemin de sa maison, et, une fois à l'intérieur, commença la lecture. Il ne s'arrêta qu'en milieu d'après midi, quand il se rendit compte qu'il n'avait pas encore mangé, mais il n'avait pas faim. Son téléphone sonna, indiquant qu'il recevait un message :

Betty [15:32] : AVIS À MON AMI : fais toi un thé. C'est bon le thé.
Bucky [15:32] : Non, c'est pas bon.
Betty [15:34] : C'est seulement bon noyé de sucre.
Bucky [15:34] : Si tu le dis.
Betty [15:35] : Je te ferai goûter. 

L'homme continua sa lecture, ne prêtant pas attention aux diverses vibrations de son portable. Lorsqu'il eut fini le premier tome, il avait hâte d'achever le deuxième, à un point même qu'il faillit annuler son rendez vous avec Betty. Mais il savait que s'il faisait cela, elle allait le tuer, alors il se refusa à cette idée.