15.

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D'un geste rêveur, Betty posa dans la boîte le colis qui contenait les habits qu'elle avait volé à Sarah, avec deux billets, qui reprit son chemin. En ce beau matin, elle revenait d'une journée passée à voir Alex, et son copain, Timothee, et leur enfant, Jim. Elle appréciait ces moments avec eux, puisqu'ils étaient sa seule famille.

Une fois par an, elle recevait une invitation de ses parents à Noël, et, tous les ans, elle ne venait jamais, comme son frère. Ils avaient tous les deux arrêté de leur parler en deux mille dix, après une violente dispute. A l'époque, Alex vivait encore dans la maison familiale, et il devait cacher qui son cœur aimait. Leurs parents avaient beau clamer qu'ils n'étaient pas homophobes, lorsqu'ils l'avaient apprit, ils ne s'étaient pas retenus de questions plus stupides les unes que les autres. Cette simple discussion avait fini en tempête, et les éclairs avaient frappé Alex. En voyant son frère essuyer une larme de douleur, Betty avait pleuré aussi. L'orage n'avait pas seulement marquer physiquement Alex, cela avait aussi marqué un tournant dans la famille : les repas n'avaient plus été les mêmes, et dès qu'Alex avait pu s'enfuir, Betty l'avait suivi.

Depuis ce jour, aucun mot n'avait été prononcé entre eux.

Betty pensait parfois au fait que ses parents allaient mourir seuls, mais elle ne pouvait pardonner l'injure, la blessure.

Lorsqu'elle était plus jeune, Alex avait des discussions diplomates avec les personnes qui l'embêtaient, pour leur faire comprendre que c'était le comportement le plus méchant qu'un humain pouvait avoir, puis, allait les dénoncer à des plus grands, qui les punissaient. Puis, il prenait sa sœur dans ses bras, qui pleurait, et lui promettait que tout ce qu'ils disaient était faux. Qu'elle avait de la valeur. Que sa couleur de peau ne comptait pas dans l'équation.

Puis, en grandissant, au lieu de poursuivre ceux qui brisaient son cœur en amour, il lui changeait les idées, en lui faisant jurer de toujours choisir la personne qu'elle mériterait.

A cette pensée, elle attrapa son téléphone, et écrivit à Bucky :

Betty [10:21] : Il va être triste notre mariage. Y'aura Sam, et sa famille. C'est tout.
Bucky [10:23] : Pourquoi est ce qu'on se marierait ?

Elle secoua la tête, amusée, puis rangea son téléphone, en continuant de marcher.

Une fois chez elle, elle ôta ses bagues, en gardant celle d'Inez à son doigt, et l'embrassa légèrement. Parfois, elle lui manquait atrocement, et parfois, c'était simplement l'angoisse de ses balles tirées partout qui la hantait. Le restant du temps, elle avait apprit à poser un voile dessus, en sachant que ce n'était pas la meilleure solution.

Betty arrosa sa plante verte, et se félicita pour avoir réussi à la faire tenir plus de quatre mois. Elle observa l'heure sur son téléphone, puis décida d'aller prendre un bain, avec une vidéo en fond. Une fois dans l'eau, elle soupira longuement, en plongeant le bas de sa tête, et revit la soirée d'il y a quelques jours, avec Bucky. Elle avait eu un réel coup de cœur pour lui, littéralement, comme si sa poitrine allait se fissurer par la faute de battement accéléré. La jeune femme se savonna, en ayant la bizarre impression qu'elle n'avait jamais connu quelque chose comme cela, en tout cas pour un homme. La dernière fois, ç'avait été pour Inez, et Betty se rappelait comme cela avait fini, alors elle avait un mauvais pressentiment. En exprimant son exaspération par un râle, elle attrapa son téléphone, et envoya un message à Sarah.

Betty [10:53] : Je peux te poser une question débile que tu ne dois répéter à personne ?
Sarah [10:59] : Oui ?
Betty [11:00] : D'accord. Barnes, il te plaît ?
Sarah [11:03] : J'ai l'impression d'avoir quinze ans à nouveau
Sarah [11:03] : Il est cool, sans plus. J'aurais la bizarre impression d'être avec un grand père. Pourquoi ?
Betty [11:04] : J'ai vraiment besoin de le dire ?
Sarah [11:05] : Je note. Tiens moi au courant, Betty.
Betty [11:06] : Je suis tellement dans la merde.
Sarah [11:07] : Vu le spécimen, ouais. Je dis rien à mon abruti de frère.
Betty [11:09] : Ah, on est d'accord que c'est définitivement un abruti.
Sarah [11:11] : Eh oui.

BRISE LE LIEN [Bucky Barnes] Où les histoires vivent. Découvrez maintenant