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Les mois passèrent, et avec effort, Betty réapprit à marcher, mais une partie d'elle était restée à l'hôpital, avec la pensée qu'elle aurait pu tuer quelqu'un. Quand on lui avait retiré son permis, c'est sans regret qu'elle avait appréhendé cela.

La jeune femme avait toujours besoin d'un fauteuil roulant, ce qui continuait d'être douloureux, et profondément honteux. Elle portait avec elle, partout où elle allait, le prix de sa faute.

Betty avait le sentiment que quelque chose avait changé dans sa vie, et que parfois, elle n'avait pas sa place dans sa propre destinée.

Cette impression atteint son paroxysme le juillet, alors que le couple était sorti pour profiter du feu d'artifice, qui allait être proposé non loin de là. Comme à son habitude, Betty avait gardé dans ses mains son casque, tant les bruits lui paraissaient être ceux des balles. Alors que le spectacle commençait, Sam se pencha pour poser sur les oreilles de la jeune femme son casque, et l'aida à allumer sa musique, en s'approchant d'elle, de manière à ce que son dos soit posé contre son ventre. Il voulait la protéger contre tout, mais il n'avait pas le sentiment que cela marchait. Il embrassa le haut de son crâne, alors qu'elle gardait ses yeux rivés sur le ciel, les lèvres tremblantes d'une émotion qui la submergeait. Elle fondit en larmes, et tous les gens autour se tournèrent vers elle, alors que Sam descendait vers elle.

- Rentrons, annonça l'homme, le regard sans vie.

La tristesse continuelle de Betty était parfois contagieuse, à un point même que l'amour de Sam disparaissait de temps en temps, pour laisser place à une grande mélancolie.

Lorsqu'une heure après, ils se retrouvèrent couchés, dans ce même lit, mais séparés à des millions de kilomètres.

- Je ne comprends pas..., murmura Sam
- Je sais, que tu ne comprends pas. Que tu ne me comprends pas.

Elle lui lança un regard douloureux, et plaça sa main sous le côté de son visage.

- Je ne veux pas te perdre, avoua l'homme, et elle se remit à pleurer.
- Sois réaliste. Arrête de prétendre que je te rends heureux. On est tous les deux malheureux, Sam.
- Alors, faisons en sorte de ne plus l'être.

Betty continua de sangloter, et il s'approcha d'elle, pour l'enlacer, les mains sur ses épaules.

- Je suis tellement désolée, si tu savais, déclara t elle dans son cou.
- Ne le sois pas, ça arrive.
- Tu...je ne t'aime plus, lui chuchota t elle, la voix brisée.

L'étreinte de l'homme devint plus faible, et il fut soudainement persuadé que Betty avait dû entendre son cœur se fissurer. Il s'éloigna d'elle, et la regarda longuement.

- Discutons en demain. On sera plus réveillé.

Elle acquiesça, avant de se tourner. Il ne voyait plus que son dos, sa peau qu'il avait tant de fois embrassé, et qu'il ne désirait plus.

Ils furent tous les deux réveillés le lendemain par la sonnerie de Sam, tous les jours à six heures pour qu'il puisse aller courir. Betty se souvint aussitôt de la veille, et se tourna vers celui qu'elle avait aimé pendant tant d'années, qui la regardait déjà.

- Tu es réveillée ? demanda t il, et elle n'eut nullement la force d'ironiser.

Elle hocha la tête, et il l'aida à se mettre dans son fauteuil.

- Sam ? murmura t elle, alors qu'il prenait des habits pour aller dans la douche.
- Oui ?
- Je vais appeler mon frère, pour qu'il vienne me chercher.
- Pourquoi ? s'enquit il, avant de réaliser que sa question était tout bonnement stupide. Je vois. Tu as besoin d'aide pour tes affaires ?

La brune secoua négativement la tête, le brun de ses pupilles posés avec attention sur l'homme, alors que ses lèvres s'abaissaient. Il détourna le regard, ses vêtements en main, puis se dirigea vers la salle de bain, où il s'enferma, pour la toute première fois. Il savait qu'elle était aussi triste que lui l'était, mais il était trop tard pour reconstruire quoi que ce soit, maintenant que toutes les briques de leur maison s'étaient effondrées au sol, et brisées. Sam soupira, et alors que son souffle sortait de ses narines, il alluma l'eau. C'était la fin d'un temps, la fin d'un amour qu'il aurait aimé être éternel, mais le début d'un nouvel ère.

Quand il sortit de la douche, il trouva Betty en train de rassembler ses affaires dans un sac qui serait bien trop petit pour toutes ses possessions. Il lui fit remarquer et attrapa, dans son étagère, une valise, qu'il lui tendit.

- Tu es sûr ? demanda t elle, hésitante
- Oui. Tant que tu me la ramènes.
- D'accord.

La jeune femme lui adressa un sourire poli, avant de continuer d'emballer ses habits.

- Je serai là, si tu as besoin de quoi que ce soit, tu sais, ajouta Betty, sans lever les yeux vers Sam.
- Et inversement.

Ses paroles sonnaient comme un adieu, et Betty en avait bien conscience, mais elle ignora royalement le fait que son cœur se compresse.

Plus tard, dans la matinée, alors qu'Alex jetait ses affaires dans sa propre voiture, Betty jeta un dernier regard aux murs, se remémorant tous leurs souvenirs, et leva les yeux en l'air pour ne pas pleurer. Sur le pas de la porte, elle observa Sam, lui sourit puis fondit en larmes, et Sam, comme à son habitude, perdu dans les raisons de sa peine immense, l'enlaça.

- Je suis tellement désolée, lui murmura t elle, et il caressa non aucune ambiguïté son dos.
- Tout va bien. Tu m'as rendu heureux, et je pense que moi aussi. Parfois ça se finit, et ce n'est pas grave. Je suis là dans tous les cas.

Elle s'éloigna de son étreinte, puis lui adressa un rictus sans joie, avant de monter avec l'aide d'Alex dans la voiture. Puis, cette dernière s'éloigna, et Sam resta longtemps sur ce palier, essayant de comprendre les sentiments complexes et diverses qui l'étreignaient.

BRISE LE LIEN [Bucky Barnes] Où les histoires vivent. Découvrez maintenant