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Durant les jours que le couple passa chez Sarah, Betty et cette dernière lièrent une amitié, ce qui réjouit Betty : depuis son retour après Inez, elle n'avait pas l'occasion de se faire de nouvelles amies. Parfois, elle recevait des messages de copines, qui s'inquiétaient simplement et la brune se contentait de répondre oui, tout va bien, je vais mieux, alors qu'elle allait tout sauf bien. Heureusement que Sam était là, pour penser à autre chose.

Betty et Wilson s'en allèrent après quatre jours passés chez Sarah, et elles échangèrent leur numéro avec une véritable promesse de continuer de parler.

Une fois en voiture, Sam s'installa, puis l'automobile démarra.

- Tu vois, c'était pas aussi terrible, la rassura t il.
- Elle est incroyable.
- J'aurais jamais dû vous présenter, maintenant j'ai peur que tu me quittes pour elle.

Betty écarquilla les yeux, pendant que Sam regrettait ce qu'il venait de dire : elle s'approcha de lui et l'embrassa langoureusement, tout en sentant ses mains la serrer doucement. Parfois, Betty n'était pas très bonne à décrire ce qu'elle ressentait, ou bien à rassurer, alors elle préférait laisser son corps parler. Quand elle s'éloigna, le regard de l'homme avait changé. Il déposa un baiser sur le coin de ses lèvres, alors qu'elle gardait sa main sur son épaule.

- On y va ? s'interrogea la jeune femme, avec un sourire
- Oui, j'ai très envie de rentrer.
- On se demande pourquoi, ironisa Betty.

Il ébouriffa ses cheveux, alors qu'elle le maudissait du regard.

* * *

Betty mélangeait la purée dans la casserole, en tapotant du pied en rythme avec la musique qu'elle écoutait dans son casque. Sam passa la porte d'entrée, et elle lui lança un regard, sans trop s'attendre, à quelconque nouveauté. Mais il tenait un bouquet de fleur, et elle ôta son casque, les sourcils en l'air.

- Serait-ce pour moi, Samuel Thomas Wilson ?

Il jeta un regard aux fleurs, comme surpris lui même de leur existence, et s'approcha, avant d'embrasser son front.

- Je pense, oui.

Elle leva les yeux au ciel, avant de lui faire remarquer qu'il aurait directement dû lui dire que c'était effectivement pour elle. La jeune femme le vit renverser de l'eau dans un pot, puis rajouter les fleurs, et soupira.

- Tu as passé une bonne journée ? s'enquit la brune, en arrêtant la musique.
- Tu devineras jamais qui j'ai vu aujourd'hui.
- Je sais pas. Ma grand mère ? bailla Betty
- Non, mais le même âge. Captain America.

La jeune femme ouvrit grand les yeux, puis se passa la main dans les cheveux.

- Pardon ?
- Oui, on a couru ensemble. J'peux te dire qu'il est endurant.
- Vous avez seulement couru ? se moqua Betty, un sourcil en l'air, le poing sur la taille
- Jalouse ? J'ai respiré le même air que lui, nanana.
- Tu as respiré son air, je respire ton air, donc d'une certaine manière, je respire son air aussi.
- Tout ça pour essayer d'arriver à ma hauteur.

La jeune femme entoura le cou de l'homme, avec ses bras, son visage habillé d'un sourire qui le défiait.

- Crois le si tu veux.

Sam enlaça sa taille, en soupirant.

- Tu m'épuises.
- Hm, hm. Alors comment tu as croisé le grand Captain ?
- Je courais, et il est arrivé. Il faisait que me dépasser, à croire que c'était un alien.
- Ou un super soldat, fit elle remarquer d'un air faussement naïf.
- Ça doit être ça, oui, rit il doucement.
- Et tu as réussi à tenir la longueur ?

Il éleva le regard, innocemment, alors qu'elle ricanait tout bas.

- Je m'attendais à mieux, Samuel. Pour la peine, tu dors tout seul.
- Quoi ? Sérieux, Betty ?
- Non, bien sûr que non.

Elle siffla, puis attrapa la casserole de purée, avant de se diriger vers la table, où demeuraient deux assiettes qu'elle affaira à remplir.

- Je t'ai connu meilleure cuisinière, déclara Sam en s'asseyant.
- Et toi meilleur coureur, répliqua la jeune femme en papillonnant des yeux.
- Je me bats contre un adversaire qui n'était pas à ma taille, je te signale.
- Tu as raison, je suis injuste, répondit la brune en fourrant dans sa bouche la fourchette.
- Et toi, ta journée ?

Elle se figea, et reposa sa fourchette, le regard lointain, sans prononcer un seul mot.

- Betty ? s'inquiéta t il, troublé.
- Ça fait un an qu'elle est morte. Pile aujourd'hui.

Sam l'observa longuement, avant de murmurer des excuses.

- Dis pas ça, répondit elle, les yeux baissés.
- J'aurais dû m'en rappeler.
- Hé. Je te l'ai jamais dit. Sois réaliste. Tu aurais pas pu savoir.

Il serra sa main, comme pour la réchauffer, mais elle ne parut même pas le voir.

- Tu voudras faire quelque chose ? Pour rattraper mon oubli ?
- J'aurais aimé aller sur sa tombe, si tu peux, bien sûr.
- Demain, affirma t il, sans fléchir.
- Sûr ?
- Je n'ai rien de prévu quand il s'agit de toi.

Elle cligna des yeux, abasourdie, et le remercia d'un geste de tête, avant de jeter un coup d'œil à son plat.

- J'ai plus faim, murmura t elle
- Essaye. Juste la moitié.
- La moitié de la moitié de la moitié ?
- Autant que tu peux.

Le "autant que tu peux" fut de trop, puisqu'elle fondit instantanément en larmes, et il lui sauta dessus pour l'enlacer de toutes ses forces. Parfois, Sam avait l'impression que l'aimer de tout son cœur n'était pas assez, et qu'il devrait donner plus. Mais il n'existait pas plus.

BRISE LE LIEN [Bucky Barnes] Où les histoires vivent. Découvrez maintenant